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 paint in blood (emery)

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Malachai Azadeh

Malachai Azadeh


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Occupation : les doigts qui glissent sur les feuilles trop verte, bouquets, arrangements, gosse qui parle la langue des fleurs.
Adresse : au-dessus d'la boutique, appart' aux odeurs d'encens. / chez emery.
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MessageSujet: paint in blood (emery)   paint in blood (emery) EmptyVen 1 Mai - 22:13


« When it's my time, and the reaper calls my name, there will be no stink of fear on me, and my only wish will be to die with grace, covered in the blood of my enemies. »
Brisures d'être, morceaux fissurés qui s'écoulent sur le sol dans un murmure crasse. « Je t'aime. » Encore. Envie d'entendre, de savoir, de connaître. Amour. Toujours. Pétales qu'on t'arrache comme si c'était tes plumes, tu finiras bientôt nu, affaiblis, baignant dans ton sang qu'tu considères maudit. « Je t'aime. » Litanie malsaine dans l'creux de l'oreille. « Je t'aime, Kai. » Surnom couperet qui promet d'la douleur et d'la peur, encore. Maudit, être qui se repend dans une douleur qu'il croit factice, qu'il croit mérité, après tout, il y a un prix à l'immortalité. « Mon amour. » Venin insidieux qui brise les os et ralentit l'cœur, confiance aveugle que fait l'cœur, fatale hurle l'esprit. Couleuvre autour du cou, constrictor autour du palpitant sanglant. « Tu m'aimes non ? » Claque dans la gueule qui vrille les sens, éclate les veines. « Moi j't'aime. » Perce l'artère. Tu pensais, peut-être, que c'était fini, disparu, brûler avec toi dans les flammes d'un corps que t'aimerais pendu. « T'entends ?! » Arrache les dents, défonce la mâchoire. « Putain mais répond ! » Haine. Ivresse colérique qui emplit les sens. 

Souvenirs, douloureux, percent quand tu vois la gueule, quand elle s'approche, quand la main écrase la trachée. « Mon amour. » Bile au fond d'la gorge qui remonte, t'aimerais lui éclater à la gueule, l'faire imploser. « Tu m'as manqué. » Vice au fond des yeux, couteau coincé entre les dents, blesse rien qu'en parlant. Sourire, quand l'autre choppe le gosse, le tire vers une ruelle, pas loin d'un bar où ça gueule, ils diront rien, trop défoncés, trop allumés par l'alcool brûlant dans l'creux d'leur ventre assoiffé d'une beuverie apaisante. « Putain mais parle. » Presse, tête qui bouffe la peau, lâche un croc sur l'épiderme effrayé, bégayant, l'enfant qu'à plus de force, tétanie qui explose les muscles, inutile gosse à la chaire explosée par des batailles violentes. « Tu joues à ça avec moi mon amour ? » Brisures de souvenirs qui éclatent dans ton crâne, plus la force, de rien, tu t'attends à une cicatrice, encore, trop dangereux. « Pourquoi t'es pas crever chéri ? » Question conne, il avait pas frappé assez fort. « Parce que tu vises mal. » Balancé, provocation putride qui fait germer les graines de la haine dans sa voix, dans son regard, dans l'tien aussi, peur qui broie l'estomac. « Ta gueule. » Coup, l'ventre, précis, douloureux, air qui quitte tes poumons d'un coup. Goût ferreux du sang qui baise la gorge avec une violence lente et douloureuse. « T'es à moi hein ? » Merde. Putain de merde. Et re-merde. Et t'as l'genou qui éclate l'entre-jambe, et y a la main qui s'écrase contre ton visage, éclate la pommette d'un revers froid et colérique. Le froid qui rencontre le chaud, fer qui rencontre la chaire, facilement, l'enfoiré qui perce l'épiderme d'un coup sec, tranchant, expose à l'air c'qui doit pas y être et pousse le gosse contre l'mur glacial avant d'se tiré. 
Fils de pute. Qu't'aimerais lâché, mais tu peux pas, parce que t'as l'corps qui lâche, parce que t'as tes mains qui endiguent l'hémorragie du mieux qu'tu peux. « Putain de merde de sa mère. » Sang, glisse, trop chaud, s'échappe, glisse entre les doigts et sur les mains, l'corps fragile contre l'même mur. Encore une, encore une fois, cicatrice qui s'retrouvera certainement près d'l'autre. Grognement, profond, explosif, parce que t'appuies, gorge qui se serre, ça fait toujours aussi peur, toujours aussi mal et y a des pas que t'entends. « Y a rien à voir. » Qu'tu gueules, soupçon de douleur quand tu forces, quand tu bouges. « Sauf si tu kiff l'sang là ok. » Rire, débile, gamin provocant, t'façon quitte à mourir, qu'est ce que tu perds à faire un trait d'humour ? Crétin. 
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Emery Delaunay

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MessageSujet: Re: paint in blood (emery)   paint in blood (emery) EmptyVen 1 Mai - 23:29


« When it's my time, and the reaper calls my name, there will be no stink of fear on me, and my only wish will be to die with grace, covered in the blood of my enemies. »
Y a le sol sous ses pieds, le vent dans son dos. Y a les bruits de la rue, y a la folie d’un instant. Y a son cœur qui bat fort. Y a un sentiment fugace, comme une rancœur passé, comme un souvenir déjà oublié. Y a ses sourcils qui se froncent et il se demande où il est. Y a son esprit qui ne sait plus trop où il en est.
Perdu, probablement bourré, les contours de sa vision sont flous, évaporés. Comme s’il regardait la vie à travers des jumelles embuées. Il souffle, cherche du regard un banc où se poser, où oublier. D’assis il passe à allongé, somnole à moitié contre le bois froid dans son dos. Se demande ce qu’il fout là, comment il est arrivé là. Il se souvient de mains dans ses cheveux, de griffes dans son dos. Moment chaud, rapide, insipide. Besoin physique, aucune saveur, aucun goût. Il ne se souvient même plus de qui. Homme, femme, humain. Peu importe le reste. Corps chaud pour lui faire oublier quelques secondes – déjà passé à autre chose, il ne se souvient d’aucun détail et peu lui importe.
« Allez. T’es un con mais un con vivant. Fais semblant. » Il grimace au son de sa propre voix, trop fort, trop rauque. Se force à rouvrir ses paupières, à se redresser. Les coudes sur ses genoux, les poings qui frottent ses yeux défoncés. Lampadaire qui clignote et il frémit à l’obscurité qui menace. Putain, ce qu’il déteste ça. Ambiance écrasante d’une nuit de film d’horreur.
Du sang.
Du sang sur ses mains.

Il baisse le regard. Ses mains sont blanches. Pourtant il voit le sang. Il entend, murmures éprouvés, amour malsain. Il grogne. Pas encore.
T’es à moi, hein ?
Il redresse la tête. Pas encore. Bientôt. Futur proche. Il ne sait pas. Ne bouge pas.
Du sang, il en peut plus du sang. Il ne veut plus en voir, plus le toucher, plus le sentir.
Pourtant son corps s’étire, se lève, marche. Silhouette évaporée, floue, dans la nuit, qui tourne une rue. Il fronce les sourcils, s’arrête. Le sang. Odeur cuivrée, sale, détestée. Dans l’air, sur sa peau, nausée. Il grimace et s’enfonce dans la noirceur de la rue, regrette déjà les lumières, la ville. Sang, voix qui jure. Grognement, douleur. Il le sent, le ressent. Saloperie.
Silhouette, masculine, plus jeune – mourante. Il le sent comme il sent son propre cœur qui bat. Ses pouvoirs qui vrombissent – le soigner. C’est inscrit en lui. Débecte l’être dégouté. Appelle à l’aide d’une créature mise à mort. « C’est une façon de parler, ça ? » Il secoue la tête, se demande quel gamin sain d’esprit insulte quelqu’un alors qu’il est entrain de crever – au lieu de demander de l’aide.
Mais peut-être que c’est ça.
Il est juste pas sain d’esprit.
Ses pas se portent près du corps, il tombe à genou, croise des pupilles dilatées, de la douleur. Et du sang. Du sang partout. Flashback, douleur dans son cœur, dans son âme. Il souffle, lève la main et prend le poignet doucement, libère la blessure. Aussitôt, ça coule et il soupire. « Sois mignon et tais-toi. » Il lève la main, pose la paume contre l’ouverture, grimace alors que déjà, tout rougit. Couleur de mort, couleur écarlate. Putain, ce qu’il déteste cette teinte en particulier.
Lumière dorée, concentré, phalanges qui doucement réchauffent, la peau, le sang qui s’arrêtent, blessure qui se referme, disparue. Ligne fine, peau pâle sous ses doigts qu’il libère avec un soupire. Il sent le maux de tête qui pointe le bout de son nez. Dépité de voir ses pouvoirs lui échapper, dépité d’être devenu si faible, bon à rien.
Il libère le ventre, lève ses yeux couleur d’océan, de ciel d’été, des saphirs qu’ils ont jadis été. Il observe le visage meurtri, tend la main, s’arrête avant de le toucher. A soigner le plus grave, à soigner le pire. « Je peux ? » Il fait un signe de tête vers la joue, demande la permission. Ironie alors qu’il n’a même pas demandé la seconde d’avant. Mais le visage. Mais ces yeux qui le regardent. Mais cette douleur qui y brillait, les démons qu’il y a vu courir. Alors il n’approche pas le visage, s’arrête juste à côté. Lui a sauvé la vie, demande s’il peut continuer. Encore un peu, juste un peu. Parce que sous le sang, sous les coups, sous les zébrures du passé, l’animal est hypnotique. « Sauf si tu kiff la douleur, là ok. » Il sourit en coin, reprend les mots qui lui ont été balancé au visage quand il est apparu. Ne sait pas pourquoi. Ne comprend pas pourquoi.
Sans doute sans raison.
Ou parce qu’il est con.
Ou parce que le gamin n’est pas le seul à ne pas être sain d’esprit.
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Malachai Azadeh

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MessageSujet: Re: paint in blood (emery)   paint in blood (emery) EmptySam 2 Mai - 19:47


« When it's my time, and the reaper calls my name, there will be no stink of fear on me, and my only wish will be to die with grace, covered in the blood of my enemies. »
Perle d'étoile ayant perdu de son éclat. Ravageur ravagé par les années, les larmes, les coups, la crasse. Perle d'étoile éclaté contre le macadam brûlant à l'odeur ferreuse d'un sang fraîchement coulé. Perle d'étoile née dans l'explosion d'un espoir, âme que t'aimerais cacher, foutre au fond d'un tiroir. Perle d'étoile tachetée de rouge quand la lame tranche et perce l'épiderme, taillade la chaire, liquide poisseux qui imbibe le tissu des vêtements plus vite que ne l'aurait fait de l'eau. Tu penses, trop, arrête, recommence. Tu penses, qu'tu vas crever, te murmures que peut-être qu'au fond c'est bien fait, que t'aurais dû te débattre, courir, que c'était d'la faute de ton inconscient foireux, trop belliqueux. Paroles malsaines qui crèves ton abdomen, des « je t'aime » que tu veux plus entendre, où tu t'es noyé, avalé jusqu'à la dernière goutte. « Je t'aime » les mots maudits qui glissent sur les langues pour s'enfoncer dans tes chaires. Venin, coule dans tes veines, brûles les artères et passe dans l'sang, poison qui tétanise, réchauffe, brûle presque les entrailles pour te fondre jusqu'à la moelle, te vide jusqu'au dernier soupir. Extase maudite qui crame le corps et l'cerveau et qui corromps tout l'reste. Alors tu gueules, parce que le sang coule sur tes mains, caresse ta peau, ventre, pommette, tout l'être sur le point d'imploser, d'y rester, d'en crever. Tu gueules, que y a rien à voir, parce que t'es qu'un gamin, que t'as pas besoin de plus, pas besoin de voir quelqu'un qui aimerais en profiter, te baiser, exploser ta garde encore un peu plus l'temps que tu gardes symboliquement les yeux ouverts, pour encore une seconde, une minute, si t'as d'la chance tu souffriras une heure. 

Silhouette presque éthérée, que tu croirais rêver, hallucination qu'tu mets sur l'compte d'la perte de sang. T'as l'rire, qui s'bloque dans ta gorge, part en étouffement fugace, qui passe avec une respiration douloureuse, tu parles mal, tu l'sais, pas envie d'être un énième spectacle sanglant dans les rues d'la douce Nouvelle-Orléans. Il pourrait tout être, tueur, violeur, profiteur, déglingué assoiffé de sang, envie d'observer la mort venir t'arracher. Tout, pourtant, y a juste un truc, qui te dit que ça ira, un sentiment doux, chaud, apaisant, cache la frayeur dans un coin d'ton crâne. Corps qui tombe, s'agenouille, près de toi être vilain et pathétique qui se complaît aisément dans sa peur. Y a la main, qui dégage la tienne, l'sang qui coule, flot pourpre et t'en as presque la gerbe. « Sois mignon et tais-toi. » Rire, qui sort, acerbe, presque coupant, il exige, t'obéis, ferme ta jolie gueule quand il pose la main sur la blessure, quand t'as l'regard qui inspecte les recoins de son visage, insidieusement et sans vraiment te cacher. 

Sanglot, presque, quand y a la lumière qui perce d'ses mains, referme la blessure et la respiration qui se fait plus aisée, facile, l'air qui remplis les poumons et le rire nerveux qui explose d'entre tes lèvres trop mutines, t'en rirais si tu flippais pas, si d'un côté, t'étais pas heureux de trouver quelqu'un comme toi. Chaleur, odeur d'alcool, de sexe, odeur que tu connais, visage qui te dis quelque chose aussi, comme une part de toi trop enfouie, qui s'cache dans ton âme, qui ne veut pas ressortir, pas d'indices, comme si tu l'méritais pas, ou pas encore. « Alors, j'ai été mignon ? » Plus peur de rien après avoir failli crever. Main, qui s'approche, trop vite, les yeux qui s'ferment dans un mouvement réflexe que tu ne contrôles qu'à peine. 
« Je peux ? » Yeux qu't'ouvres, whisky profond, pépites d'or et étincelles qui brillent dans l'regard, peur, profonde, puissante, angoisse au fond d'la gorge quand y a les mots qui sortent, quand la main tire le t-shirt pour montrer la morsure dégueulasse qui te suivra. « Sauf si tu kiff la douleur, là ok. » Main, que tu prends, que tu guides, approches de la pommette éclatée, déplace sur la morsure sanglante et dégoulinante. Connard que t'aimerais flinguer, tuer, deux fois, trois fois, le faire revivre, l'enterrer encore et encore, qui te laissait des traces et des traumas par dizaine. « Qui sait ? Dans d'autres circonstances. » Sourire, rire, pétille presque trop, l'étoile qui brille de nouveau dans les yeux, éclairerait la galaxie si on lui demandait avec une voix trop douce. « Merci. » La main qui quitte la sienne, caresse les phalanges, mélancolie douteuse quand le contacte se romps, pourtant pas abruptement. « T'es quoi ? Un sorcier ? Un ange ? Un dieu ? » Demande, confus, l'enfant perdu dans ses pensées. Un ange, les yeux couleur ciel, magique, éclatant, tu vois un éclat terne pourtant, comme une tristesse, comme un être instable que t'aimerais aimer, longtemps, et tu sais pas si ça te plaît ou ça t'effraie. 

Corps pathétique qui prend appuie, s'aide de l'autre corps et du mur pour prendre une position stable, tête qui tourne, gosse fracassé par la vie qui rit quand la carcasse trébuche et se raccroche à l'homme, trop grand, plus grand, qu'tu qualifierais comme imposant. « J'peux rester chez vous ? » Provocant, gamin qui s'perd dans son audace. « L'autre, il connaît mon adresse.» Ta langue, qui s'embrouille, t'aimerais juste ne pas te détacher de la chaleur apaisante, du visage que tu sembles connaître et qui titille l'reste de tes neurones. Quelle idée conne, vouloir rester chez un inconnu, peut-être que t'as vraiment envie d'crever au fond. « J'sais, c'est débile. » Lèvres qui se mordent, mélancolie fugace sur la face. « T'façon t'es pas un meurtrier, tu m'aurais pas soigné sinon. Peut-être un pervers ? C'pas l'pire. » Parce que tu sens ton cerveau commencer à foutre la merde, que t'es à deux doigts de t'explosé toi-même contre les murs de ta chambre, que t'as pas la force d'être seul, pas tout de suite, pas maintenant, peut-être plus jamais.  
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Emery Delaunay

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MessageSujet: Re: paint in blood (emery)   paint in blood (emery) EmptyDim 3 Mai - 12:58


« When it's my time, and the reaper calls my name, there will be no stink of fear on me, and my only wish will be to die with grace, covered in the blood of my enemies. »
Être qui meurt, qui s’abandonne. Qui n’a pas l’air de regarder en arrière – qui pourtant a peur. Parce que la mort, c’est froid. Il est mort, plusieurs fois. Il est mort sans un regard en arrière, il a vu mourir, a perdu tant de gens, dans ses bras – par sa faute. Des flashbacks, des souvenirs, de vies qu’il a vécu en vrac, des visions du futur, de sang et de catastrophes. Il était beaucoup de choses, la mort toujours sur ses talons. Il comprend la peur, il comprend l’inévitable. Ignore que le gamin se contenterait de revenir plus tard.
Rire qui lui répond mais le gosse se tait, accepte de se laisser faire. Emery qui sent le regard sur lui mais ne répond à aucune des questions silencieuses qu’il pourrait se poser. Il n’est pas là pour ça – il ne sait même pas ce qu’il fout là vraiment. Il soigne.
Parce que c’est tout ce qu’il a toujours été bon à faire – sauf dans les moments vraiment importants. Il grimace et chasse les pensées, chasse les souvenirs, chasse tout. Se concentre sur le ventre pâle, sur la peau couverte de sang, du sang foncé dans l’obscurité qui couvre déjà ses phalanges, ses poignets, les manches de son pull. Saloperie. Halo doré, la blessure qui s’estompe, se referme, les tissus qui se reforment, les organes qui se reconstruisent. Comme neuf ou presque. Il inspire doucement, se retient de se masser les tempes en y sentant battre son cœur. Mal de tête caractéristique. N’arrive pas à regretter pourtant, ne peut pas.
Question qui le fait sourire malgré lui, un peu moqueur. Le chat a rentré les griffes mais garde son sarcasme. Il ne saurait pas dire pourquoi il trouve ça attrayant mais cette petite remarque lui fait secouer la tête. « Très. Tu veux un bonbon ? » Parce qu’il est mignon, ce con. Le serait encore plus sans les coups, sans le sang, sans la douleur qui brille dans les prunelles.
Sans le mouvement de peur panique quand il lève la main vers sa joue. Réflexe qu’il n’a de toute évidence pas contrôlé, qui fait s’arrêter aussitôt le médecin. Coup visiblement attendu par l’être face à lui. Ça l’écœure, profondément. Quelle vie a eu ce gosse ? Qui l’a fait souffrir comme ça ? Il est certain que ce n’est pas la première fois – loin de là. Alors cette fois, il s’arrête, demande d’une voix un peu radoucie, comme il parlerait à un animal blessé. Apprivoise le petit être qui rouvre ses paupières pour laisser passer la lumière de l’ambre, pour la confronter au bleu du ciel et que les deux se mêlent une seconde. Petite blague ratée que le médecin sort mais ça a l’effet escompté. Lui-même ne sait pas pourquoi il prend autant de gant avec lui. Il pourrait juste le soigner puis se barrer. Pas comme si qui que ce soit allait l’en empêcher.
Mais il fait attention.
Ça le rend fou.
Mais il fait attention.
Sa main amenée sur la joue et il hoche la tête, approbation silencieuse alors qu’il soigne cette fois le visage, referme la pommette, se fait conduire dans le cou. Il fronce les sourcils, ne l’avait pas vu immédiatement. Sale, morsure évidente, traces de dents. Le connard l’a bien saccagé. Il revoit la silhouette qui s’enfuyait dans la nuit. Envie de tuer soudaine qui monte de ses entrailles. Il l’étouffe, comme le reste. Pas maintenant. Au lieu de ça, il soigne la nuque. « Ah ouais ? » Il sourit en coin. Sous-entendu plus qu’évident d’un enfant qui fait le brave, qui lui répond, bravache, montre que ça va, qu’il n’est pas mort, qu’il est plus fort qu’il y paraît. C’est amusant et Emery secoue la tête doucement alors que leurs mains se séparent. Remerciement qu’il accepte d’un mouvement de menton, aucun besoin réellement. Il baisse les yeux sur sa propre main, la voit un peu floue. Mal de crâne qui fait trembler ses prunelles – sentiment de froid maintenant qu’il ne touche plus la peau pourtant encore bien proche. Mélange d’émotions qui lui donne envie de gerber. Il inspire et lève son autre main à ses tempes, massant une seconde avant de relever des yeux amusés sous la rafale de questions. « Moi ? Je ne suis personne. » Il secoue la tête. Il n’est plus personne. Plus depuis longtemps. « Un médecin. Ou quelque chose du genre. » Il hausse les épaules, n’a ni envie de s’attarder ni de répondre à ce genre de questions.

Il essaie de se relever et Emery se laisse faire, sert d’appui au gamin qui ne va pas bien loin, retombe en s’accrochant à lui. Avec un soupire, il passe un bras autour de sa taille et se relève, l’attirant avec lui, le soutenant une seconde avant de relâcher son étreinte. Pas vraiment de quoi le faire tomber – un peu. Enfant maltraité, il aimerait éviter de le voir plus traumatisé encore. Question qui claque dans le vent, il lève des yeux surpris. Alors là. « On t’a jamais dit de pas suivre un inconnu ? Et je t’ai proposé un bonbon en plus. Franchement, c’est la survie 101, tu restes loin des gens comme moi. » Pourtant, il est là, avec ses grands yeux dorés, accroché à son t-shirt – et puis il se mord la lèvre et le regard bleu y descend presque aussitôt, attiré comme un aimant.
Mélancolie sur son visage, confiance qu’il donne à peu près, et cette lèvre qui se fait mordiller et fait danser des pensées dans l’esprit probablement trop mal tourné d’un être qui ne lui résistera pas bien longtemps. Le gamin est en sang, clairement traumatisé et il pense à toutes les façons dont il aimerait mordre cette lèvre aussi défoncée que le reste.
Putain.
Il inspire, sait qu’il ne pourra pas lui dire non. Il ne sait pas pourquoi ni comment, mais au fond de lui, c’est clair comme de l’eau de roche. Il sera incapable de dire non.
« Tu peux marcher ou faut que je te porte ? » Il resserre un peu son emprise autour de la taille sans lui faire mal et se met en route, soutenant presque tout le poids contre lui. Couverts de sang tous les deux, ils doivent offrir un bien beau spectacle. Son appartement n’est pas réellement loin et il ne parle pas du trajet, se contentant de l’aider à marcher et le redresser quand il faut. Il ouvre la porte de chez lui, la ferme derrière eux d’un coup de talon.
Appartement modeste, plus ou moins vide, aucun intérêt pour la décoration quand il l’utilise principalement pour dormir et baiser – dehors la plupart du temps. Tout ce qu’il faut mais rien vraiment de superflu. Il s’approche du canapé et y dépose le corps contre lui, se laissant tomber assis sur la table basse en face de lui. Ses jambes de chaque côté de celles du gamin et il hausse un sourcil. « Tu as faim ? Soif ? J’ai pas grand-chose. » Parce qu’il n’est jamais vraiment là. Lui-même a besoin d’une douche, de virer tout le temps accroché à sa peau et à ses vêtements. Puis les faire brûler.
Et s’il peut mettre la main sur de l’alcool, ce sera le bonus.
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Malachai Azadeh

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MessageSujet: Re: paint in blood (emery)   paint in blood (emery) EmptyDim 3 Mai - 17:30


« When it's my time, and the reaper calls my name, there will be no stink of fear on me, and my only wish will be to die with grace, covered in the blood of my enemies. »
Créature née de l'explosion d'une galaxie, amant des rois, des guerriers, des âmes perdues et délaissées. Phénix renaissant de ses cendres, créature impossible a tuée, créature se complaisant dans la chaleur des autres et dans la sienne, naissant du feu et de la cendre et y mourant dans des effluves d'agrumes et d'épices. Phénix, feu dans les veines, or dans la peau, yeux aux éclats de pépites et sourire brasier. Phénix, oiseau de feu scintillant dans la nuit, guidant les êtres vers une destinée propre, oiseau se baignant dans des bassins de rubis et colorant le monde de ses plumes écarlate. Phénix sous forme humaine hurlant à la mort dans une rue à la lumière vacillante comme son esprit. T'aimerais, dire que c'est commun à tous d'avoir les doigts jouant dans le feu, chimère brûlante disparaissant dans le feu pour en ressortir avec un sourire comblé. Salamandre des temps anciens, créature des temps modernes. Mort, toujours aussi douloureuse, rire dément quand tu sens la fin arrivée, souvent, avant que la peur ne bouffe le corps et que la respiration s'éteigne. 

T'avais ri, de ta stupidité, quand tu t'étais noyé, quand tu t'étais réveillé avec les poumons vide d'eau, quand le lac avait été asséché par la puissance de ton être. T'avais ri, créature infâme, possède la discorde dans les veines, la peur dans l'sang. T'avais ri, parce que t'avais rêvé, souvent, d'amour, d'amitiés, t'avais rêvé d'être un jour normal, t'avais jamais réussi, jamais vraiment voulu, t'étais jamais accroché, peur de blessé alors que y avait que toi que t'accrochais dans un espoir vain d'exister un jour aux yeux des autres. T'y crois pas vraiment, cette fois, qu'un inconnu s'agenouille, qu'un inconnu prenne connaissance de ton existence, parce que toi, t'as l'habitude qu'on ne te demande pas pourquoi t'as la chaire couleur du ciel, parce que t'as l'habitude qu'on regarde d'un coin de l’œil pour ensuite hausser les épaules. Tant de fois, les blessures sur le visage, le corps, ils voyaient, savaient, « j'me suis pris une porte » comme mensonge qui effaçait doucement la réalité. « J'ai juste loupé une marche. » Quand on demande, alors, plus tard, on ne demande plus et toi, tu crèves dans un dernier souffle avec des mains qui enserrent la gorge. « Tout va bien. » Quand le sourire fait perler le sang des lèvres déchiquetées. « J'ai pas mal. » Quand la pommette saigne, quand le bleu s'étend jusqu'à la mâchoire. « Aide-moi. » Qui se confond avec les « aimes-moi », qui s'enfuient une fois que la porte se referme, que plus personne ne voit. Alors, maintenant, tu ne dis plus rien, n'attend que de crever, bouche ouverte, sang qui couvre les mains, parce que tu reviendras, que y a pas à avoir peur, que tout l'monde s'en fout, qu'on te murmure que tu le mérites, vu que tu peux pas mourir, que souffrir doit faire partie de ta vie, que ton travail c'est de guidé les âmes errantes vers le droit chemin, alors que t'empruntes toi-même le chemin des ombres et qu'elles te consomment jusqu'à l'intérieur, que les voix, les mouvements, les sourires, les rires, te tétanisent.

 Alors tu te perds, dans les orbes trop bleus, parce qu'on te voit, parce que t'es qu'un corps mourant qu'il faut soigner peut-être, mais t'es un corps qu'on aide, qu'on a jamais aidé, et t'aurais presque les larmes qui coulent, parce qu'encore là tu sais pas à quel jeu perfide le destin joue avec toi. « Seulement si l'bonbon est goût caramel. » Balance le gosse dans un rire perçant, dans un sourire qui montre les dents alors qu'il pose sa tête contre la froideur rafraîchissante du mur crasseux derrière lui. Parce que tu réponds, quand tout est soigné, quand t'as l'corps qui vacille un peu trop, corps branlant comme une table mal construite. Parce que t'as bien vu qu'il a remarqué, que t'as eut peur, d'un coup, d'un geste, d'un coup, parce que putain, t'avais l'habitude, que ça restait, que tu devais te protéger même si c'était juste un réflexe, même si on avait ri, si on t'avais balancé des « j'vais pas te frapper, faut pas qu't'ai peur. » Que c'était toujours des putains de mensonges, que t'arrivais pas à te casser avant, qu'on t'a déjà dit que « t'aimes ça si tu restes non ? » et ça fait bouillir l'sang, retourne l'estomac et que ça te donne l'envie incroyable de gerber ta rancœur sur tout ce qui t'entoures. « Ah ouais ? » Et l'sourire en coin, et tu peux pas t'empêcher d'sourire plus fort, plus grand. « Ouais. Si y a consentement. » Parce que trop de fois, y avait pas eut et que tu l'sous-entendu un peu trop fort, quand les dents bouffent la lèvre et qu'les sourcils se froncent. Gosse curieux qui demande ce qu'est son sauveur, trop curieux, veut en savoir plus, mais il est personne, et au fond, toi non plus, juste un médecin et un fleuriste, duo incongru qui te ferait te marrer, parce que ça sonne pas comme un conte de fée. 

L'corps qui se relève avec une difficulté trop connue, faut toujours un peu d'temps avant que ça passe, que t'ai plus la tête qui tourne, avant de reprendre réellement de tes esprits, avant de flipper pour de bon, et t'as un rire, bras autour de la taille alors que tu demandes abruptement si tu peux squatter, gosse profiteur, tu pourrais très bien dépouiller ton sauveur. « Les inconnus me sauvent pas la vie en général. » Balance avec un sourcil levé et un sourire en coin. « Et ils me proposent pas des bonbons non plus, j'suis trop vieux à c'qui paraît. » Provocation en sa direction, parce que t'as pas les yeux qui fixent la route, parce qu'ils fixent son visage, parce que ça te réchauffe trop, que son contact te rassure, que ça t'énerve, que tu comprends pas. Tu vois, gosse innocent, les yeux qui glissent sur tes lèvres, ça t'arracherai presque un sourire, de savoir que dans cet état tu peux lui plaire, alors que t'aurais peur normalement, que tu te serais enfuie, que t'aurais arrêté d'parlé. Marché, porté, tu saurais pas faire de choix, mais c'pas ta jambe qui a été coupée cette fois, alors t'hausses les sourcils. « T'as retrouvé ma pantoufle de verre ou quoi ? » Rire, brisé, sourire trop grand, qui bouffe la moitié d'ton visage. « J'marche, m'sieur "personne le médecin". » Parce que tu mets pas de prénom, de nom, rien sur son visage, juste une sensation. Ton poids, qui repose, et tu te demandes si c'est pas trop lourd pour lui, si ça le gêne pas, vos dégaines explosées de sang et d'odeurs d'alcool, vapeurs inhabituelles pour toi, mais faut croire que les rues ont l'habitudes des énergumènes dans votre genre. Murmure d'un chant qui passe entre tes lèvres, parce que l'autre se tait, que t'as la mélodie dans la tête. 


« I've never fallen from quite this high
Falling into your ocean eyes.
 »

Mélodie, typique d'ta génération explosée jusqu'à la moelle et toi ça te fait vibrer d'l'intérieur. Avant que t'ai pu souffler, y a un appartement, un canapé, une proposition, boire, manger, et tu ris, rien, une douche, peut-être après. « J'veux m'débarrasser du sang. » Tu dis, rapidement, avant d'te retrouver sur le même canapé, propre, les vêtements trop grands dans lesquels tu flottes et qui t'appartiennent clairement pas, la main qui glisse sur ton ventre, légère cicatrice qui reste, caresse l'cou et la joue, t'attends, qu'il revienne d'sa propre douche, parce que t'étais rien d'autre qu'un squatteur qui voulait juste pas être seul, télévision comme bruit de fond alors que tu regardes le plafond, allongé sur l'dos, ventoline près de toi qui t'aides à respirer quand l'angoisse reprend ses droits. « C'est vide. » Qu'tu balances quand l'autre revient. « T'aimes pas c't'endroit ? » Parce que c'était impersonnel, que t'avais l'impression que personne y mettait les pieds, appartement témoin. Gorgée d'eau, goutte qui glisse sur l'coin des lèvres que tu fais disparaître d'un mouvement de main quand tu te redresses, laisse la place à l'autre. « T'as pas d'prénom ? » Tu dis, mais toi non plus, t'en as pas. Gosse en tailleur, oreiller contre le torse, moue et lèvres qui se serrent, dents qui mordent aussi parfois. « Malachai. C'est l'mien. Tu t'doutes.» Laisse un espace entre vous deux alors que y a pas si longtemps l'homme avait les mains couvertes d'ton sang. Regard qui glisse sur la peau blanche, observe les yeux trop bleus, caresse par réflexe la joue, sous l'œil, avant d'reprendre sa main, de rire. « Pardon, j'ai jamais vu quelqu'un avec des yeux si bleus. » Parce que tout était terreux et au goût d'cendres autour de toi, parce qu'il détonnait trop de ton quotidien. « J'me sens pas en danger, ici, avec toi. » Tête qui s'pose sur le dos du fauteuil, rit, parce que tu balances ça à un inconnu, parce que t'as l'odeur de son gel douche et que tu portes ses vêtements, que t'étais la seule personne capable de te foutre dans une telle situation. 
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Emery Delaunay

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MessageSujet: Re: paint in blood (emery)   paint in blood (emery) EmptyLun 4 Mai - 21:11


« When it's my time, and the reaper calls my name, there will be no stink of fear on me, and my only wish will be to die with grace, covered in the blood of my enemies. »
Plus petit que lui, fragile. Et pourtant pas tant que ça. Il le voit dans ses yeux, dans les prunelles ambrées qui le regarde, dans l’or qui s’agite, dans les démons qui y dansent. Le gamin, il a vu des choses, il a vécu des choses. Il a dû subir plus qu’on n’aimerait l’avouer. Aucune idée de qui il est, d’où il vient, ignore jusqu’à son nom. Ne connaît que l’odeur de son sang, la moiteur contre ses doigts, le son rauque de sa voix à l’agonie, de sa souffrance. Ne connait que la douleur d’un enfant qui n’avait probablement rien demandé de tout ça. Ils ne le font jamais. Mener sa vie, espérer, croire en quelque chose de mieux – pour se faire écraser, insecte insignifiant sur le chemin de la vie. Devant ses yeux, souvenirs qui se battent, défilent. Le passé et le présent. Il en a oublié beaucoup, ne se souvient pas de tout. Réincarnation chaotique qui l’empêche de tout savoir, de connaître chaque recoin de son âme. Sa propre âme. Verrouillée, invisible. Si proche et si loin. Mais il se souvient d’assez de choses, assez de visages, assez de souffrance. Pour une vie, pour cent. Il était Apollon, dieu des jeunes, dieu de la guérison. Horrifié quand les deux étaient obligés de se mêler.
Ses mains sur le corps plus frêle, sur la peau du battant qui n’a probablement jamais renoncé alors qu’on l’a poussé au bord du précipice plus qu’il ne l’admettra. Il croise de nouveau ses yeux pailletés, brillant dans l’obscurité comme des joyaux, des secrets. Créature d’un autre temps. Il ne s’y attarde pas, sourit en coin à la remarque. « Caramel. Je retiens. » Pas que ça ait une quelconque importance. Il ne le reverra probablement jamais, ce gosse. Il le soigne, se casse. Oublie tout, fait une croix sur tout. Ça n’a pas grande importance, ce qu’il aime ou pas. Ça n’a pas grande importance, et pourtant. Pourtant, il le grave dans sa mémoire comme si c’était vital. Son propre esprit qui le trahit, s’attache déjà aux traits cassés, aux courbes tâchées d’écarlate. Amour horripilant dont il refuse de reconnaître l’existence.
La main dans la sienne, les doigts, la peur. Une question de douleur, un nouveau sourire un peu moqueur. Comment un gamin comme ça, marqué par la vie pourrait aimer la douleur ? Si y a consentement. Il plonge dans ses yeux et se demande. S’il sait vraiment ce que c’est, le consentement. Il se souvient des je t’aime, des conneries qu’il a eues en vision avant de venir, il se souvient des mots qu’on lui a murmurés alors qu’on le tabassait dans une allée sombre. Est-ce qu’on lui a déjà demandé ? Est-ce qu’il sait ce que c’est, d’avoir ce qu’on veut et rien d’autre ? Est-ce qu’il sait ce que ça fait de pouvoir dire non et de voir l’autre reculer aussitôt ? Ça lui donne la nausée.
Train de pensées maudit, il le chasse et se force à se redresser, sert d’appui au corps hésitant qui s’accroche contre le sien. Question choquante, étonnante, il ne peut s’empêcher de réellement s’interroger sur la santé mentale du gamin. Venir chez un inconnu, sans autre forme de procès ? Il écoute son explication, somme toute vaseuse à l’extrême. Et encore un peu plus inquiétante à la référence à peine voilée de pédophilie qui fait remonter la nausée en flèche. Putain. Ce gamin aura sa peau.
Et il ne le connaît que depuis cinq minutes.

Bras autour de lui, incapable de refuser. Il sait qu’il ne le fera pas – le gosse devait le savoir inconsciemment. Il ne cherche pas, ne réfléchit pas. Il en marre de réfléchir, ses pensées prennent toujours des détours bien trop dangereux. Il a vu plus bizarre que ça dans sa vie. Alors tant pis. Il propose son aide et hausse les épaules. « Tu as perdu beaucoup de sang. Je t’ai réparé mais c’est pas comme si tu pouvais courir un marathon non plus. » Parce qu’il ne peut pas encore tout faire et que même sans être abimé aux jambes, il a pris de sacré coup. Emery qui préfère le soutenir que de devoir le ramasser à mi-chemin, étalé dans la boue.
Personne le médecin.
Ça le fait sourire en coin. Pourquoi pas, après tout. C’est clairement pas le pire des surnoms qu’il a eu.
Silhouettes voutées, qui tanguent et s’avancent jusqu’à l’appartement. Il le soutient sans effort, se dit que ça aurait été plus simple de carrément le porter mais ne fait aucun commentaire. Patience nouvelle, l’alcool dans ses veines aidant à relativiser le tout. Assez bourré pour tenir ses pensées éloignées, pour se retenir de flancher. Futur et passé de côté, il peut se concentrer sur le présent. Sur des yeux dorés et un corps contre le sien – son présent. S’il l’ignore encore, son futur. Dans le silence de la nuit, dans le bruit des voitures et des paroles évaporées, il chante l’enfant. Comme un oiseau, voix douce qui fait courir un frisson dans tout le corps du dieu qui ne sait certes pas pourquoi ça lui fait autant d’effet. Il a vu défiler les chanteurs, étaient lui-même dieu de la musique, pourtant. Cette voix rauque, murmure donné à la nuit sans raison apparente, le fait trembler comme s’il était soudain touché par la foudre.
Une grimace alors qu’il lève les yeux vers le ciel, s’attendant presque à croiser le regard furieux de son paternel – mais rien d’autre que la pollution et les étoiles. Il soupire lourdement, non pas pour le chant, mais bien pour les souvenirs qui menacent à la surface. Ne se justifie pas pourtant, soulève le gamin jusqu’à son appartement où il le libère sur le canapé. Assis sur la table basse, il propose ce qu’ils proposent tous, hospitalité désœuvrée quand il ne reçoit réellement jamais. Un rire, une réponse logique. Hochement de tête et il lui montre la douche, lui jette des vêtements à lui parce que c’est tout ce qu’il a. Récupère les vêtements sales et se demande s’il y tient. S’il ne vaut pas mieux tout brûler avec les siens. Avec un nouveau soupire, il vire le tout dans un panier et se dit que ça attendra plus tard.
Ou jamais.
Une fois le gamin propre, il y passe à son tour. Frotte le sang, frotte la souffrance, frotte les souvenirs et la mélancolie. Efface tout avec force, fait rougir sa peau. Ne se sent pas plus propre qu’avant. Il n’y arrive jamais. Plus depuis …
Grognement sourd et il coupe l’eau, sort de la douche et s’essuie. Jogging qu’il enfile, t-shirt, le premier qui vient et il s’essuie encore les cheveux alors qu’il rentre dans le séjour, haussant un sourcil au commentaire qu’on lui lance. « J’m’en fous. » Pas qu’il l’aime ou pas. Il s’en fiche. « J’y suis pas plus que ça. J’ai pas besoin que ce soit rempli. » Il hausse les épaules, vire la serviette dans un coin et va dans la cuisine, attrape à boire et une boîte de cookies à moitié terminée, les pose sur la table. Son prénom. Personne le médecin, ça lui plaisait bien pourtant. Il se pose dans le fauteuil une place, perpendiculaire au canapé, regardant d’un regard amusé le gamin occupé à câliner un oreiller. Il fait tellement jeune. Il doit être jeune.
« Malachai, hein. » Il sourit en coin. Un nom étrange, original. Un peu comme lui. « Emery. Mon prénom. » Il hausse les épaules, s’en fiche un peu, boit une gorgée de sa bouteille d’eau, se laisse soumettre à l’examen. Il n’a jamais été timide, n’a jamais été du genre à s’esquiver. Narcissisme sous-jacent, beauté d’Apollon qui colle à toutes ses vies. Jusqu’à ce que leurs regards se croisent encore et un nouveau sourire amusé se dessine. Jamais vu des yeux aussi bleus. « Venant de quelqu’un avec des yeux dorés. Bleu, ça sonne plutôt banal. » Il dit ça comme si c’était normal. Il sait que le gosse n’est pas humain – aucun humain n’aurait réagi comme lui en voyant un parfait inconnu utilisé une quelconque magie pour le soigner. Il ne sait pas ce qu’il est – étonnant. Il en a vu beaucoup, des bestioles en tout genre. Mais ce Malachai avec ses yeux plein d’histoires et ses cicatrices, reste un mystère.
Ce qui ne lui déplait pas vraiment.
Il aime ne pas savoir les choses – pour une fois.
« Ah ouais ? Peut-être que tu devrais. » Bouteille qui se pose sur la table et il se laisse tomber en arrière, contre le dossier du fauteuil. Il l’observe, n’arrive pas à détacher son regard de la forme. Chez lui, dans son appartement. Les traits durs, pourtant si doux. Les yeux qu’ils ne voient plus, le menton, la gorge dévoilée, la souffrance qu’il sent toujours, au fond. La peau halée qui lui donne envie d’en embrasser chaque recoin. Chair si douce qui l’appelle, lui donne envie de mordre, de savoir quel goût il peut bien avoir, gémissant sous sa langue. Pensées qu’il ne devrait pas avoir – qu’il n’a jamais contrôlée et encore moins maintenant. Regard un peu plus chaud qu’il se force à détacher alors qu’il se voit descendre malgré lui. Il secoue la tête, souffle et se passe la main dans les cheveux. L’excitation n’est certainement pas ce qu’il devrait ressentir maintenant. Pas avec lui, pas comme ça. Alors il souffle. « Tu devrais être plus méfiant. » Il soupire et attrape la télécommande, change de chaîne parce qu’il ne regarde pas vraiment mais que la voix lui tapait sur le système. Il met un truc au hasard, plus doux à l’oreille, repose l’objet et se lève. Se dirige vers la cuisine, cherche quelque chose à manger – n’importe quoi pour le distraire des picotements dans ses doigts, de la vision des boucles encore humides dans lesquels il veut se perdre, des lèvres charnues qu’il a envie de mordre et de sentir partout sur lui.
Putain.
Il souffle. Il n’a vraiment rien dans cet appart.
« T’aimes la pizza ? Question con. J’vais commander des pizzas. » Se distraire, prendre le téléphone, passer la commande. N’importe quoi.
Ou il va vraiment devenir dangereux – plus pour lui-même que pour le gamin aux yeux dorés qui fait battre son cœur un peu plus vite.
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Malachai Azadeh

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MessageSujet: Re: paint in blood (emery)   paint in blood (emery) EmptyMar 5 Mai - 19:54


« When it's my time, and the reaper calls my name, there will be no stink of fear on me, and my only wish will be to die with grace, covered in the blood of my enemies. »
Gosse qui perd son regard dans les détails d'un plafond trop blanc. C'était bien loin de la saleté des squattes, de la moisissure qui commençait à faire son chemin dans le salon de ton appartement, c'était propre, grand, luxueux, c'était étrange aussi, impersonnel, trop parfait, trop blanc, pas une tache de sombre, c'était de ces appartements que tu voyais dans les magazines en te disant que peut-être ça devait être agréable, mais là, c'était simplement froid. Froid, ça te faisait peur, froid, comme de l'eau glaciale qui coulerait dans les veines, froid, comme la noyade, comme le corps perdu au milieu d'une étendue asséchée, froid.
T'en tremblerais presque, de ce froid, de cette blancheur d'hôpital, blancheur immaculée, pas comme toi, pas comme ton âme, pas comme c'que tu cachais, peut-être que ça correspondait à l'homme, après tout, bien loin de la sensation de chaleur que t'avais ressenti en touchant sa peau, bien loin du sourire en coin, bien loin des yeux chauds dans lesquels, cette fois, t'avais bien l'envie d'te noyer, d'te laisser couler. Il s'en fout, et ça claque dans l'air, et ça te fait te resserrer encore plus dans l'coin du canapé, ça te fait tenir l'oreiller contre toi juste un peu plus fort, ça te fait baisser la tête pour te cacher, disparaître. Tu parles, trop, essaie de faire disparaître la sensation désagréable qui commence à bercer ton ventre et à enserrer ta gorge, peur, froid, douleur, merde.

Emery, ça sonne bien, pourtant si mal, comme si c'était pas vraiment ça, comme si tu le connaissais sous un autre nom sans pourtant le connaître, sans le reconnaître. Emery, ça glisse sur la langue, sucrerie qui écorche la chaire. Emery, maison, roi puissant, parce que tu regardes sur ton téléphone avant de regarder ce putain de visage, parce que ça te donnait envie de t'arracher les cordes vocales, ce prénom avait du sens, trop de sens. Tu touches, sans vraiment y penser, corps qui s'est approché, gosse ayant jamais vu des yeux si bleus, qui observe, bête curieuse entre ses doigts. Et le gosse lâche, retourne à sa place, parce que l'autre à vu les paillettes d'or, à vu ce que personne ne voit, que ça donne envie de crever, de pleurer, l'impression d'être vu qui te fait respirer profondément, trop profondément, et ça te fait mal aussi, qu'un inconnu le voit, que personne d'autre ne le remarque, personne que t'as aimé, que t'as essayé de rendre heureux, parce que t'es juste un truc jetable qui se perd dans les flammes, parce que y a la cicatrice qui barre le visage, qui dégomme le sourcil, passe sous l’œil, parce que ça te donne envie de gerber, de pleurer encore un peu.
Tu dis rien, sur ça, parce que tu veux pas attirer la conversation sur toi, surtout pas, parce que tu pourrais de te briser d'un souffle, parce que t'es fatigué, que t'as la tête qui tournerait presque. Tu dis, avoue, que t'as pas peur, et il te le dit, que tu devrais, gosse qui ferme les yeux, disparaît en étant toujours là, étouffe la panique, étouffe les sanglots, étouffe les sentiments, d'un coup, d'un seul, pour repartir encore, pour sourire, parce que t'as peur maintenant, parce que tu te sens pas en sécurité, que tu te tiens trop loin, que tes mains se posent sur ton ventre, sentir ta respiration, éviter une énième crise de panique, t'aurais peut-être dû fermer ta gueule, rien dire, disparaître, le laisser partir sans toi, ça aurait peut-être plus intelligent, mais t'es pas intelligent, t'es qu'un gamin débile qui se perd dans des rêves tout aussi débiles que toi.

Gosse aux allures de Vénus Anadyomène, gouttes qui glissent le long du cou, se perdent sous le tissu trop grand d'un haut n'ayant même pas ton odeur. La voix qui claque dans l'air, encore, alors que tu te tais, bien sagement, tu devrais être méfiant, t'as l'ventre qui se retourne, les yeux effrayés qui glisse sur l'homme, parce que tu ne te sens plus en confiance, parce que ça enfonce le couteau encore plus loin que celui de l'autre, que tu te sens con, débile, parce que t'as envie de partir en courant, de t'excuser, de dire que t'es inutile, qu'il aurait dû te laisser crever. « Désolé. » Excuse qui part des lèvres, dans un souffle, désolé d'être là, d'exister, de l'embêter, de l'irriter. Chaîne qui change, voix qui change, gosse qui s'perd contre l'oreiller, encore une fois, serre peut-être un peu trop fort, dernier effort.
Y a l'homme qui bouge, d'un coup, s'enfuit, part, autre pièce et t'as une respiration lourde, te fait tout petit, passe au-dessus, tu te dis que peut-être rien t’arrivera si tu fais comme si t'existais pas. Tu te dis, ensuite, que peut-être y a un truc qui va pas, que t'a dit quelque chose, que t'as provoqué, que c'est de ta faute, gosse qui pense que l'malheur du monde tiens sur ses épaules, effet papillon enfoncé dans la tête à coup de poing. Pizza, t'as même pas besoin de répondre, l'corps qui se bouge, déplace l'oreiller, se lève pour attraper le téléphone, application qu'tu malmènes pour choisir c'que tu veux, ce dont t'as envie, avant d'pousser l'homme dans son canapé, pas facilement, assez pour que tu réussisses, juste par la chance d'la surprise. Gamin qui se place sur les genoux du dieu, téléphone qu'il rend, tête qu'il penche sur le côté, attrape le regard avec un sourire timide, fragile, les larmes qui ont glissés trop rapidement quand il est parti, peau encore humide, respiration trop facile, qu'il pourrait briser s'il en avait envie.

Tu sais pas quoi dire, y a la main qui attrape la sienne, déplace pour la mettre dans ton dos, juste comme ça, pour pas tomber. Autre main qui parcours, touche le visage. « T'es énervé ? » Exaspéré, tu sais pas, comprends pas vraiment, demande comme si c'était quelqu'un pour toi, ami, amant. Glisse la main, pommette, menton, lèvres, sous l’œil, gosse qui inspecte tout le visage, essaie de trouver ses marques, parce que tu le connais probablement, déjà vu, dans tes rêves, d'avenir, de présent. « Emery. » Que tu dis, rappel à l'ordre presque, la voix qui glisse, trop douce, les sourcils que tu fronces, toi t'as peur, qu'il observe ton visage, parce que t'es trop près, que ton doigt glisse encore une fois sur la lèvre, repasse sur la joue, dans une caresse que tu ne contrôles même pas. « Tu regrettes ? » Vague, de t'avoir sauvé, de t'avoir ramené, de te laisser dormir sur son canapé pour une nuit, ça pourrait être tellement de choses qu'il regrette, toi, tu regrettes de pas être mort pour de bon.
« De m'avoir soigné ? » Lèvres qui tremblent, les yeux qui se baissent, main qui quitte le visage, parce que tout le monde finirait pas regretter, parce que même toi, tu ne peux que regretter à sa place, boulet qu'il était pas obligé de se trimbaler. Gosse qui laisse couler les larmes. « J'vais partir. Laisse tomber. J'aurais pas dû m'imposer. » Respiration chaotique, tête qui tourne que tu poses sur son épaule, t'accroches à lui comme s'il était un gilet de sécurité, que t'étais en pleine mer. « Juste, une minute. » Parce que t'as mal, encore, que t'as l'sang qui manque, que tu vois encore couler sur tes mains. Parce que y a les sanglots ensuite, qui sortent, litanie désespérée d'un gamin trop brisé. « Désolé. » Encore et encore, et encore. Tu prononces, répètes, peut-être une dixième de fois, entrecouper par des sanglots, répètes, parce que c'est de ta faute, encore, parce que t'as regardé, parce que t'as espéré, parce que tu te pensais en sécurité, parce que t'arrives pas à le lâcher alors qu'il t'a prévenu, parce que t'es désolé, d'être qu'un joué, d'être quelqu'un dont on peut se débarrasser, désolé pour lui, pour toi, pour vous, parce que t'aurais aimé, toi, qu'il te sauve pas, qu'il te laisse te vider de ton sang, parce que ça gueule dans ton crâne que tu mérites que ça.
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MessageSujet: Re: paint in blood (emery)   paint in blood (emery) EmptyMar 5 Mai - 20:57


« When it's my time, and the reaper calls my name, there will be no stink of fear on me, and my only wish will be to die with grace, covered in the blood of my enemies. »
Présence chez lui. Est-ce vraiment chez lui ? Plus ou moins. Des années qu’il y fait défiler les amants, qu’il s’y perd, qu’il y bouffe, qu’il y boit. Les murs qui l’ont vu au plus bas, les murs qui ont subis ses colères et ses crises. Pas de chaleur, froideur de l’absence d’âme ; lieu qui au final, ne reflète que le combat interne de son propriétaire. Il répond un peu sèchement, le sait, ne s’en excuse pas. Ne remarque pas, ne fait pas attention. Dans ses pensées, crispées. Lion en cage qui ne sait plus trop où donner de la tête. Il y a le corps sur son canapé, il y a l’attirance qui l’empêche de partir bien loin, il y a la folie qui a chaque instant menace de venir.
Il y a l’alcool dont il manque cruellement dans ce taudis.
Il se passe la main dans les cheveux, se relève pour fuir, une seconde, deux, peut-être trois. Chercher quelque chose, n’importe quoi. Un truc à manger pour oublier l’odeur de son propre shampoing, de son propre savon, ses vêtements trop grands qui cachent le corps encore bien trop jeune pour se perdre dans ce genre d’aventures. Ses pensées sans aucun sens qui pourtant tournent toutes autour de la passion que lui inspire la peau humide, la chaleur qui se dégage du pouls qui bat et s’agite. Il réagit froidement. Traumatisme dans les yeux d’enfants – qu’il ne fait qu’amplifier. Enfermé dans ses pensées, il saute sur une solution simple, attrape son téléphone, invention révolutionnaire. Une pizza pour tout résoudre, une pizza pour tout faire passer.
Mais il est là. Plus petit, si fragile près de lui. Il prend le téléphone, commande et Emery qui ne peut rien faire d’autre que le regarder. Surpris. Ses yeux bleus qui cherchent une logique dans un comportement qui, pour lui, n’en a pas sur l’instant. Des paumes contre lui, une force qui ne l’aurait pas fait bouger – pourtant il se laisse entraîner, il atterrit dans son canapé, se demande encore ce qu’il se passe, pourquoi, comment.
Sur ses genoux, corps qui se blottit, regard dans le sien. Ses doigts autour du téléphone qu’il dépose à côté sans un coup d’œil de plus.
Et c’est là qu’il voit, vraiment.
Qu’il voit les yeux rougit, les démons. Les peurs, les tremblements contre lui.
Enfant qui est presque mort ce soir. Qui s’est vu murmuré des paroles d’amour alors qu’on lui coupait la peau, qu’on l’écartelait, qu’on le battait.
Le monde s’écroule, son monde s’écroule. Il plonge dans un océan d’ambre, or léger qui fait tout exploser. Sonné, immobile, il reste hypnotisé, souris face au serpent qui ne sait pas s’il doit l’embrasser ou l’éloigner. Perdu entre les deux, il tétanise. Main qu’on lui prend, étreinte initiée, il se laisse faire, amorphe. Question posée. Enervé ? Est-ce qu’il est énervé ? Frustré, horny, cassé, bourré, fatigué, traumatisé. Enervé ?
Son prénom comme un rappel à l’ordre, ses yeux qui se recentre, la voix douce qui parle. Il se demande pourquoi il a l’impression que c’est Malachai qui cherche à le rassurer de quelque chose. Il fronce les sourcils alors qu’un doigt curieux refait ses traits. Peintre improvisé qui revisite une toile déjà faite des milliers de fois.
Des regrets, il en a beaucoup. Des centaines de milliers.
« Non. Je ne regrette pas. » Pas ça. Il ne l’aurait pas laissé là, jamais. Parce qu’il est cassé, bourré, fatigué, traumatisé – mais il n’a jamais été un monstre. Pas convaincant, pas assez. Les larmes qui sortent, qui fusent, choc plus grand encore. Sans queue ni tête, petite créature qui perd son masque, qui s’effondre – s’effondre sur lui, contre lui. Sans qu’il ne puisse rien faire, le visage dans son coup, les larmes contre sa peau, humidité malsaine, pleine de tristesse et de malheur. Et les excuses. Comme une litanie dont il n’aurait pas lui-même conscience. Il tremble, il pleure, il s’excuse.
Quelque chose se brise, éclate. Morceaux de verre, d’âme. Souffrance qui perce, écartèle, dévore. Un pieu dans le cœur, tout son être étiré encore, détruit encore.
Sans réfléchir plus, il se redresse contre le canapé, referme ses deux bras autour de lui, le serre, le presse contre son torse, niche le visage dans ses cheveux, l’enveloppe sans hésiter, sans plus penser. « Arrête, ἀγάπη. Arrête. » Aucun besoin de s’excuser, pour rien. Caresse dans son dos, baisers qu’il dépose sous son oreille, dans son cou, légers, aucune avance. Le rassurer, l’apaiser, tout son cœur qui se gonfle, qui crie à l’agonie. « Respire, calme-toi. Tout va bien. » Chaque sanglot comme une sentence de plus, comme une aiguille de plus dans son être, dans son palpitant qui s’y perd.
« Je ne suis pas fâché, Malachai, vraiment pas. Et je ne regrette pas de t’avoir sauvé, pas une seconde. Pardonne-moi si tu as eu l’impression que c’était le cas. » Baiser plus doux sur sa tempe alors qu’il fait reculer doucement le corps contre le sien, alors qu’il essaie de capter son regard, de se perdre dans les joyaux ambrés qui lui font perdre tous ses moyens. « Ne pleure plus, pas avec moi, tout va bien. » Main qui se lève, pouce qui efface les larmes, caresse la joue, tendresse difficile, peu rouillée, oubliée. « Reste aussi longtemps que tu veux. Tu es en sécurité ici, rien ne t’arrivera près de moi. » Il souffle doucement et laisse trainer sa main sur la joue, sous son oreille, sur sa peau. « Tu es plus dangereux pour moi que je ne le suis pour toi, ἀγάπη. » Surnom auquel il ne pense pas – refuse de penser. C’est le premier qui vient, suite naturel, nom naturel. Comme si tout avait un sens, comme si tout était fait pour s’achever ainsi.
Il sourit et souffle, posant son front contre le sien, les boucles humides contre les siennes, la chaleur contre la sienne. « Je suis pas mal cassé. Et j’ai du mal avec le côté … social des choses. Je ne sais pas parler, je ne sais plus. Mais je ne voulais ni te faire peur ni te faire du mal. » Il inspire son odeur doucement, essaie de calmer son cœur. « Arrête de pleurer, s’il te plait. Je préfère quand tu souris. Insulte-moi, frappe-moi, mais arrête de pleurer. Je te protège, tout va bien, tu n’as plus aucune raison de pleurer. » Comme un flot discontinu, des promesses qu’il sait qu’il tiendra, qu’il aimerait ne pas tenir. Un passé avec lequel il se voit renouer et ça lui arrache les entrailles. Mais il est là. Il en est là. Et ce petit être contre lui, ce corps dans ses bras, il est incapable de le renier, de lui dire non. Incapable de le regarder pleurer encore. Il fera tout pour empêcher les larmes de salir ces joues encore.
Avec un nouveau soupir, il se redresse un peu. « Plus de pleurs, d’accord ? On va manger de la pizza, regarder la télévision, discuter si vraiment tu y tiens, tu vas reprendre des forces. » Il secoue la tête, le garde contre lui, serré dans ses bras. Sans y penser. Parce que là, tout de suite, il est incapable de le lâcher. Ni une seconde, ni deux, ni trois. Il reste là où il est. Encore un peu.
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Malachai Azadeh

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MessageSujet: Re: paint in blood (emery)   paint in blood (emery) EmptyMar 5 Mai - 22:15


« When it's my time, and the reaper calls my name, there will be no stink of fear on me, and my only wish will be to die with grace, covered in the blood of my enemies. »
Tu te perds, gosse au cœur noyé. Tu te perds, dans l'odeur, dans les yeux, dans la voix. Inondé de sentiments, de peur, d'angoisse. Gamin cassé, brisé, des morceaux qu'tu laisses derrière toi à chaque fois que tu t'attaches. Tu laisses des plumes, des morceaux de cœur, d'âme, d'être, tu laisses ton cœur être brisé, tout le temps, dans l'espoir infime d'être aimé, au moins une fois. Au moins une fois t'aimerais te perdre dans des bras qui t'aimeraient sans te blesser, t'aimerais te perdre dans un regard aimant sans flamme. T'en avais vu, des regards, des sourires, t'avais reçu des baisers, t'avais essayé d'aider des gars brisés, des âmes flottantes, t'avais voulu aider, t'avais voulu qu'on t'aimes, qu'on ait une raison de t'aimer. Mais toi, on t'aimes pas Kai, toi on te jette, te brise, toi on te touche sans demander, te baise sans respecter, toi t'es juste un gamin qu'on veut briser, parce que y a ce sourire parfois, ce sourire qui provoque, ce sourire qui fait que tu reçois les coups, que t'as l'corps qui saigne. T'étais mort, par amour, parce qu'il avait serré trop fort, frapper trop fort, parce que t'avais les os brisés, le cœur explosé, gamin bombe qui se brise quand on le touche. T'avais voulu, y croire, aimer, t'avais sursauté pourtant quand le verrou de la porte avait fait le bruit caractéristique d'un enfermement. T'avais reçu, les coups, t'avais rien dit, t'étais excusé quand il t'avait dit d'arrêter de chialer, t'étais qu'un gosse, gosse au sourire faux imprimer sur l'coin d'la gueule. Tu pensais, cette fois, que t'étais en sécurité, que t'allais respirer, une soirée, pour rire, sourire, tu pensais que tu l'méritais, peut-être pour une fois, un moment de calme, un moment loin de la destruction, t'avais tout perdu, du sang, toi-même, l'esprit peut-être. Tu pensais, grand débile, que les yeux trop bleus aideraient, ne profiterais pas de la faiblesse pour briser, encore et encore. Tu pensais que t'avais une valeur, que ta vie valait plus qu'un sourire, qu'un baiser, que ta vie valait plus qu'un billet imprimé, que pour une fois, on te voyait comme un humain, comme quelqu'un qui ressentait.
 Punching ball sous forme humaine qui se perd dans les rues. Tu pensais, cette fois, que la chaleur resterait, que ça te ferait pas aussi mal, mais t'as tout gâché, encore, t'as trop parlé. 

Tu parles, parles, parles, encore, encore et encore, tu questionnes alors que tu devrais pas, tu demandes alors que tu devrais fermer ta gueule. C'est ça, trop gentil, il était trop gentil, aurait pu te laisser dehors, et toi, t'étais trop con. Parce que t'as envie d'lui dire, que c'est pas grave, qu'il peut te toucher, qu'ils le font tous, qu'il peut te frapper, qu'ils le font tous, qu'il peut t'achever, qu'ils le font tous. Tu reviens, de toute façon, t'aimerais gueuler, tu reviens, ça fait pas mal, tu vas bien, que tu reviendras, qu'il peut se vider, hurler, détruire, qu'il peut baiser, défoncé, brisé, que ça sera qu'une énième fois, que ça ira. T'as mal, tout le temps, toujours, quand tu te regardes dans le miroir, quand t'as les doigts qui caressent les blessures, quand tu hurles que t'es désolé que tu peux plus respirer, quand tu te perds contre son corps, que tu lui donnes le temps, de détruire, de s'énerver, parce que t'es dégoûtant, parce que t'es pathétique, parce que tu dois te casser, parce que tu mérites pas, parce que personne veut de quelqu'un comme toi. T'as les sanglots qui percent l'air, les larmes et les tremblements qui font vrombir le corps, parce que t'as peur, mal, parce que tu peux plus respirer, parce qu'encore une fois, t'as amené quelqu'un à te détesté, que t'étais doué à ce jeu. 

« Désolé. » Murmure, encore, une fois, deux fois, continues sans cesse, se perd dans tes excuses, excuse d'exister, d'énervé, d'embêter, excuse d'être là, de l'avoir forcé a utilisé ses pouvoirs. Forcé, parce que t'aurais pu crever plus vite, te cacher comme un clebs qui va bientôt crever. Parce que t'étais là, pathétique, parce que t'avais parlé, que t'aurais pu éviter ça, parce que t'aurais pu éviter l'énervement que tu ressentais, parce que t'étais qu'un gosse débile qui méritait ça, tout, tout le temps. T'aimerais lui dire, que t'as déjà essayé, essayé d'épargner tout le monde, de te tuer, que ça marchait pas, que t'avais mal, que t'avais peur, que chaque moment te brisait encore un peu plus, quand tu voyais le sang, le regard de tes parents, quand tu le regardais lui, quand t'avais entendu la voix sèche, quand ton monde s'était retourné, d'un coup, encore une fois, parce que tu pensais Kai, mais faut pas que tu penses, t'es pas bon à ça, on te l'a déjà dit, « soit mignon et tais-toi » qui tourne encore et encore sans cesse dans la tête, t'es pas mignon, tu sais pas te taire, tu voulais juste lui plaire, même ça, t'en étais pas capable. Il regrette pas, qu'il dit et tu sais, qu'il ment, que c'est pour te faire plaisir, te faire rester, mais tu l'sais, qui voudrait te sauver, qui le regretterais pas, toi-même tu regrettais qu'il l'ait fait, parce qu'il méritait pas de dépenser son énergie pour ça, pour toi. 

Les bras, autour de toi, qui serrent, il te prend, l'homme, contre lui, et t'as mal, ça te brûle à l'intérieur, brûle de peur, d'amour, de haine, brûle parce que tu te dis que tu devrais t'enfuir, partir, pourrir loin d'ici, que ta présence gâchait sûrement tout le reste. Gosse qui s'étouffe au surnom, qui essaie d'arrêter, de s'excuser, de pleurer, mais y a que le mot qui ressort « Désolé. » Encore, toujours, litanie douloureuse qui serre la gorge et le cœur. Caresse dans ton dos, respiration qui reprend, gosse et sanglots qui ne font qu'un, t'essaies, pourtant arrêter de respirer, le faire plus doucement, mais ça tord les poumons et l'estomac, et y a les larmes qui coulent, encore, encore, encore. T'attends, toi, t'attends la violence, le coup, t'attends la douleur en fermant les yeux trop fort, t'attends la douleur et les os se brisant, t'attends mais rien ne vient et ça te fait encore plus mal. 

Tout va bien, et tu sais pas pourquoi, mais tu le crois, tu devrais pas le croire, rien ne va, parce que t'es pas chez toi, parce que t'es qu'un gamin qui prend une place trop grande dans son appartement trop petit. Les lèvres qui glissent, doucement, essaie de te rassurer, essaie de te bercer, et tu te calmes, doucement, t'essaies, pour lui. Parce qu'il est pas fâché, Emery, parce que tu comprends pas, parce qu'il aurait toutes les raisons, parce que c'est toujours de ta faute et que t'as arrêté de le questionner. Baiser doux, sur la tempe, ton corps qu'il recule, doucement et t'as un hoquet, douloureux pour les poumons, douloureux pour le gosse trop brisé. T'as les yeux qui s'enfuient, parce que tu veux pas voir, parce que t'as honte, de toi, de ce que t'es, honte de la blessure qui barre ton corps, honte des cicatrices qui baignent ton épiderme. « Ne pleure plus, pas avec moi, tout va bien. » T'as la gorge serrée, les bras qui passent autour du cou de l'autre, te retiens, peur de tomber, peur de t'écrouler. Caresse, douce, efface les traces de douleur, t'aimerais qu'il efface les cicatrices, soigne la peur qui te ronge de l'intérieur. Tu pourrais rester, tant que tu veux, t'as l'estomac qui se serre, les yeux qui plongent dans les siens, gosse qui force un sourire, pas convaincant, pas convaincu lui même, tu l'sais, ça ne berne personne, t'as peur de déranger, encore, tout le temps. 

Surnom qui glisse sur la langue, amour, divin, inconditionnel, l'amour et t'as un rire, parce que ça te rassure, un peu, que ça va trop vite, que tu te perds dans ces idée absurde d'amour, parce qu'il ne peut pas tenir à toi, pas maintenant, parce que t'as trop mal, que tu te sais pas assez bien. « Dangereux ? » Demande le gamin, perdu, parce que même si tu le voulais tu serais incapable de lui faire du mal, parce que tu ne voudrais pas, ne pourrais pas, jamais, que tu le sais, que tu le sens. Larmes qui glissent, toujours, respiration plus calme pourtant. Main que tu glisses dans les cheveux corbeaux, trop sombre, le contraire de ce qu'il dégageait, parce qu'Emery dégageait de la chaleur, de l'amour, de la douceur, qu'il dégageait tout sauf de la peur, de la froideur, de l'ombre. « Non. Jamais. » Inconcevable, presque, de vouloir le frapper, le blesser, le faire souffrir, parce que c'était impossible, que tu ne pouvais même pas le concevoir. « Emery. Non. » Rire, la main qui caresse le visage, gosse qui essuie ses larmes. « Ça va. J'pleure pas. J'pleure plus. » Sanglot encore tremblant dans la gorge. « Tu me protèges ? » Rire, encore, baiser que tu déposes sur la joue, sur le front, doucement, comme si ça pouvait déclencher un ouragan. Les excuses, t'as entendu, la peur qui s'envole, reste un peu dans l'cœur, parce que ça partira, un jour. « Emery. » Prononce, encore, toujours, parce que ça sonne bien et pourtant tellement mal. « J'suis désolé. » Tu dis, encore, tu voulais pas exploser, tu voulais pas exploser contre lui, tu voulais pas pleurer, pas te briser, il devrait pas être celui qui ramasse les morceaux alors qu'il ne te connaît pas. « J'voulais pas. » Tu voulais pas tellement de choses et tu sais pas quoi dire. Soupir, t'as le visage qui se ferme, un peu, les lèvres que tu bouffes, arrache la peau, fait couler le sang des lèvres rosées, rougies, déjà détruites. « Plus de pleurs. » Affirmatif, sur le point de t'excuser encore, tu t'en empêches. « D'accord. » Rire, sourire, perce le visage, détruit les traces des larmes, garde le sanglot bien enfoui.

Caresse le visage, encore un peu, parce que tu ne veux pas le voir se tordre d’inquiétude, parce qu'il est trop beau pour ça. « T'es beau. » Rire, clair, brisé, que tu le dis, l'affirme, parce qu'il est beau et que t'es de passage, que t'es rien, que t'as un soupir, pose ta tête contre son épaule. « J'suis désolé, d'être ici, de tout, tu devrais pas être obligé de faire ça. » Pathétique, cache son visage, encore. « J'suis désolé, pour tout ça. » Toi, lui, le sang, la peur, la mort. Gosse qui se blottit, plus fort, encore respire l'odeur de soleil, de douceur, presque sucré, tentant. Tu pourrais crever là, d'adoration. « J'y tiens. J'veux te connaître. » Rire, sourire, baiser dans le cou que tu glisses, doucement, amoureusement. « J'veux juste rester ici. Quand j'suis contre toi, c'est comme si j'étais au soleil. » Rire. Ouais, le soleil, la douceur, la sécurité. « Comme si rien allait arriver. Et j'veux pas, jamais, te blesser, t'énerver, te saouler. J'veux pas. » C'est ce que tu ressens, au plus profond d'toi. « J'ai rêvé, de toi, j'supposes, d'une voix, d'un visage, des morceaux d'un avenir, d'un passé. J'ai rêvé d'une odeur, d'une sensation, d'une voix. » Pathétique gosse, avoue tout, attend juste la sentence. « C'est débile. Pardon. » Lèvres qui se mordent, déchirent, goût de fer, t'irais aux enfers pour un sourire de sa part, pour un mot, encore. 
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Emery Delaunay

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MessageSujet: Re: paint in blood (emery)   paint in blood (emery) EmptyVen 8 Mai - 19:55


« When it's my time, and the reaper calls my name, there will be no stink of fear on me, and my only wish will be to die with grace, covered in the blood of my enemies. »
Gamin qui s’effondre, masque qui se fissure, vole en éclats. Y a que de la douleur, y a que de la peur, y a que de la souffrance. A l’état brut, sauvage, incongru. Qui sort de nulle part – et en même temps non. Tous les signes étaient là, tous les présages. Il était juste trop con, il était trop enfermé, il était trop le nez dans son propre esprit. Egocentrisme retrouvé, les habitudes ont la vie dure. Il l’a vu, pourtant, le gamin à moitié mort. Il a vu les cicatrices, il a vu les démons dans ses yeux, il a vu le mouvement de peur à l’approche de sa main, il a vu l’attente des coups, comme une évidence. Parce qu’il l’a vu, que c’était un enfant brisé, un être cassé, qui a dût subir bien plus qu’il ne pouvait encaisser. Il a vu tout ça, il le savait.
Pourtant, il l’a désiré. Il l’a désiré si fort, son corps en quête du contact, de l’abandon, de la chaleur du petit corps contre le sien – perte de contrôle si proche. C’est lui qui a eu peur. Qui a brisé encore une fois le cœur d’un être innocent qui n’a probablement rien demander de tout ça. Haine de soi, encore un peu, regret, un de plus. Douleur dans son âme, dans son essence même. Connard qui ne fait que des erreurs, ne sait plus où commence sa vie et où se termine le goût amer des conneries qu’il enchaîne.
Contre lui, sur ses genoux, fragile, tremblant. Rien qu’un enfant, un enfant un peu trop grand, un peu trop brisé, la vie comme bourreau. Depuis combien de temps ? Peut-être depuis toujours. Des questions qu’il ne pose pas, ne posera pas. Des choses qu’il faut être prêt à sortir et ni l’un ni l’autre n’en est là. Larmes dans son cou, mouille son t-shirt, mouille sa peau, fait frissonner, courant d’air glacé purement imaginaire qui pourtant le refroidit complètement. Plus efficace que quoique ce soit, la douleur à vif, la douleur profonde, perdu. Ce n’est qu’un enfant. Un enfant abîmé.
Si beau pourtant. Il irradie, il brille. Dans les yeux bleus, il n’y a que lui, il y a une chaleur, plus ardente que tout ce qu’il a connu jusque-là. Dieu-soleil qui découvre ce que lumière veut dire alors que ses bras se referment autour de la silhouette tremblante contre son torse. Dieu-soleil qui comprend seulement maintenant ce que ressentent ces gens qui voient se lever le jour après la nuit. Une évidence qu’il n’est mentalement pas prêt à accepter – qui résonne pourtant lourdement dans la pièce, dans le présent, dans le temps lui-même. Rencontre des astres, explosion.
Rassurant, il essaie de l’être, de caresser le dos, d’embrasser la peau fragile, de parler doucement, de le ramener à la réalité. D’effacer ses désolé, désespéré de les voir disparaître, chaque mot sangloté ramenant une aiguille à vif dans le palpitant qu’il pensait mort il n’y a pas encore si longtemps. Il sanglote, pleure encore. Protecteur, serre contre lui, apaise, parle pour ne rien dire, promet la lune et les étoiles, promet le meilleur. Rassure, apaise l’animal blessé contre lui – blessé de ses propres mains. Comme d’habitude, comme toujours. Détruit ceux qu’il aime, pousse à la mort ceux qu’il aime. Détruit tout ce à quoi il tient, maladroit et incapable. Sang qui danse devant ses yeux – vire les souvenirs encore. Ce gamin fait remonter ses démons à la surface, plus fort que jamais.
Incapable pourtant de le repousser.
Au contraire, il le serre encore plus, les bras autour de son cou, comme pour se raccrocher, comme pour revenir sur terre. Se lier au présent, à la vie. Il a jamais été ça, Emery. Il a jamais été l’ancre de qui que ce soit. Mais avec ses bras autour de lui, Malachai, il a l’air de le chercher, de se tenir comme il peut, l’utiliser dans la tempête. Ça le fait frémir, ça le fait vriller. Besoin de le protéger, de prendre soin de lui, d’effacer les douleurs qu’il lit dans les yeux rougis, dans les traits déformés, dans les joues humides. Viscéral, violent. Plus jamais. Leurs regards s’accrochent, l’entend qui revient sur terre. Perdu au milieu du méli-mélo de paroles et de pensées du dieu. Qui ne comprend pas en quoi il pourrait être dangereux, qui ne comprend pas en quoi il pourrait causer sa perte. Pas près de lui expliquer, pas maintenant, pas comme ça. Les doigts dans les mèches corbeau, il essaie de le rassurer lui. Ironie, changement de situation. Emery qui secoue la tête mais n’épilogue pas, caresse le dos encore, apaise les tremblements, réchauffe le corps frigorifié. Dans ses fringues. Flotte, beaucoup trop grand. Air encore plus adorable et lui si faible.
Rire, léger. Mais rire. Mieux que les larmes, mieux que les sanglots. Satisfait, qui hoche la tête lentement. « Ouais, je te protège. A partir de maintenant, je te protège. » Sourire, baiser sur sa joue. L’enfant qui retrouve un peu de sa flamme, brasier qui se réchauffe.
C’est tout l’être d’Emery qui pousse un soupir de soulagement.
Il n’est pas guéri, il ne va pas mieux. Mais pour l’instant, le gamin se relève. Une fois de plus, encore un peu plus. Ça lui va. Il s’en contentera. Pour l’instant, il s’en contentera.
Son prénom, dit avec cette voix, qui lui tire un sourire en coin et il hausse les épaules aux excuses. « Ne t’excuse pas pour ça. Tu as tous les droits de ressentir des choses et de les exprimer. Jamais je ne t’en voudrais pour ça. » Traumatisé par les larmes, par la douleur que ça lui a causé de voir s’effondrer l’être encore fragile. Mais jamais il ne lui reprochera de ressentir. Il veut simplement pouvoir être là pour effacer chacune de ses larmes, apaiser chacune de ses craintes, soigner chacune de ses blessures. Comme une évidence.
Les lèvres qui se font mordre, le sang qui les couvre et sans réfléchir, il lève la main, pose le pouce sur le rouge, frotte doucement, léger, ne fait pas mal mais il libère la lèvre meurtrie. Soigne la blessure d’une petite pression, chaleur légère. Ne commente pas, efface le sang. Rouge carmin qu’il a en horreur, refuse de réveiller les vieux souvenirs.

Le rire dans ses oreilles, bien plus agréables que les gémissements du passé. Il se raccroche à ça, reste dans le présent. Compliment qui le fait sourire malgré lui, n’en refusant jamais un. Il le sait, qu’il est beau. Il a été créé ainsi, pour plaire à tous. Mais venant de ce petit être contre lui, ça lui fait plaisir. Vraiment plaisir. « Merci. Je te trouve plutôt beau aussi. » Il taquine doucement, ton un peu joueur, essayant de tirer un sourire aux traits encore marqué par la crise de larmes. Excuses encore et il secoue la tête. Tête contre son épaule, sa main se lève pour passer dans les boucles, joue doucement avec les mèches, sans même y penser, sans même s’y arrêter. Comme un réflexe, un vieux réflexe. « J’ai dit stop les excuses. Je suis un grand garçon, ἀγάπη, si je n’étais pas content, je trouverai une solution. Tu n’as rien fait qui mérite de t’excuser autant. » Les doigts dans ses cheveux, l’autre bras toujours autour de lui, le corps blottit sur ses genoux, tout contre lui. Parfaitement à sa place, pièce de puzzle qui se met naturellement. Plus naturellement que quoique ce soit d’autres. C’est là qu’est sa place – contre lui, son souffle dans son cou, ses bras autour de lui.
Rire, envie de le connaître, quelle idée. Ouvre la bouche pour le souligner mais le baiser léger dans son cou le fait taire. Comment il est sensé résister à ce petit bout de soleil qui obtient déjà tout ce qu’il veut de lui ? Les phrases qui s’enchaînent, la voix retrouvée, calmé. Cette fois, Emery écoute, sourit un peu. S’il était au soleil – s’il savait à quel point c’est vrai. Sa petite voix qui le fait frissonner, gonfler son cœur d’une lumière nouvelle. Il pourrait s’habituer à ça.
Une histoire de rêve et il fronce un peu les sourcils. Rêvé de lui ? Gamin qui s’excuse aussitôt mais Emery le rassure d’une caresse dans ses cheveux. « J’ai dit, arrête de t’excuser. » Il sourit un peu, embrasse la tempe près de lui et se met bien dans le canapé, glissant un peu mais le garde tout contre lui, allongé sur lui. « Ce n’est pas débile. Les rêves nous en disent beaucoup, sur le passé, le présent ou le futur. Il ne faut pas en sous-estimer l’importance. » Il est bien placé pour le savoir. Dieu-oracle défaillant qui pourtant s’y connaît bien. Les rêves sont un moyen bien trop utilisé pour faire savoir les choses qui échappent aux mortels. Glisser des indices du futur entre deux rêves, c’est commun. Est-ce que le destin avait déjà décidé tout ça ? Il y réfléchit. « Ce soir. Je l’ai senti, ce qu’il t’arrivait. Je n’étais pas dans la ruelle par hasard. J’étais là pour toi. J’avais besoin de te trouver. » Il sait ce que ça pourrait signifier. N’est pas prêt à mettre des mots dessus. « On est liés, toi et moi. Je ne sais pas ce que ça donnera ou ce que ça veut dire maintenant mais c’est comme ça. Tu le sens aussi, non ? » Il sourit en coin. Peut en assumer une partie. Pas tout, pas maintenant. Mais un peu.
Ses phalanges dans les mèches sombres, il ferme les yeux, savoure l’instant. La chaleur d’un corps contre le sien. Les évènements qui l’ont fait décuvé bien trop vite. Mais pour l’instant, ça va. Malachai qui chasse les pensées parasites. Il se concentre sur sa présence, sa présence seulement et le reste s’éloigne, un peu. Juste assez pour qu’il puisse les ignorer.

« Et si on jouait aux vingt questions ? » Il sourit légèrement. « Je t’en pose une, tu m’en poses une. On doit répondre honnêtement. » Rouvre les yeux, bleus qui se perd sur l’appartement vide. C’est vrai que c’est vachement vide. Et triste. Il aura fallu la présence stellaire d’une petite boule blottie contre lui pour que ça lui apparaisse, plus clairement que jamais. Il secoue un peu la tête pour lui-même, se repositionne correctement dans le canapé, sans jamais le lâcher et réfléchir. « Je commence. » Il réfléchit. Qu’est-ce qu’il pourrait lui demander ? Le cerveau vide et il sourit malgré lui. « C’est quoi ton parfum de glace préféré ? » Question sans intérêt – ou si ? Peu importe. Le but c’est de détendre l’atmosphère – et de sincèrement, satisfaire la curiosité de Malachai plus que la sienne propre. Emery qui préfère découvrir les gens au fur et à mesure. Mais qui sait déjà que le brun contre lui va en avoir des questions. Prêt à y répondre dans une certaine mesure, le jeu lui donne juste une bonne raison d’en poser à son tour et de se laisser le temps de voir venir.
Tire doucement sur les mèches pour capter son attention et murmure, sincère. « Et rien ne t’oblige de répondre à aucune question que je pose, d’accord ? Seulement si t’en as envie. » Parce qu’il ne sait pas ce qu’il pourra demander au fur et à mesure du jeu – mais qu’il est encore de question qu’il abuse, qu’il pousse le bouchon alors que lui-même ne sait pas à quel point il sera à l’aise pour répondre au flot d’interrogations qui va lui tomber dessus.
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