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 cosmic nighttale ft. Namaël

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Kaël

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MessageSujet: Re: cosmic nighttale ft. Namaël   cosmic nighttale ft. Namaël - Page 2 EmptyMer 15 Avr - 17:00



Faisant non du crâne, Kaël savais que c'était un pari risqué. Tenebris renfermait en elle encore de nombreux secrets sur son passé anarchique, lorsque Namaël le découvrirais, ce regard, que parfois, il posait sur lui de temps à autres, la marque estivale de ces prunelles azuréennes ne serait plus que de violentes vagues dévastées, un raz-de-marée de colère et sûrement, de dégoût.

Et si l'Ange était bien celui qu'il pensais être, il devrait, alors, tôt ou tard faire face à ces ombres venimeuses qu'il avait laissé dans son sillage. Désolation. Mort. Guerre. Anarchie. Il avait empoisonné autant d'esprits que de coupes toxiques versées entre les lèvres de souverains occultés. Tout comme ces légions, que l'Ange avait affronté au côté de ses camarades Ailés, n'étaient pas nées du néant et de ses entrailles algides.

« Non. Il y a quelqu'un, ici. Quelqu'un que je sais encore vivant et qui pourra sûrement nous apporter des réponses. Encore faut-il que je me souvienne de l'endroit exact où il se trouve. Dans les vieilles galeries, sûrement. »

C'était de vieilles fondations, que l'Empire Tenebrisien avait construit au fil des années. Des temples souterrains que les chevaliers noirs avaient fondés, où ils y avaient voués un véritable culte aux ténèbres et à la nuit, pratiquant leurs rites lucifériens, les entraînements barbares, éprouvants, jusqu'à ce qu'ils ne finissent par jouer avec des forces dépassant leurs maîtrises. Il y avait mis fin. Faisant alors de ces souterrains, leurs propres tombeaux.

Au yeux de l'Entité, ils avaient été des enfants insouciants, stupides et lui, ce mentor, qui leur avait donner les clefs de leurs propres expériences. Le pouvoir les avaient rendus fous, irraisonnés, avides et féroces. Le prix à payer alors qu'on offre des dons redoutables à des ignares.

En sentant sa main posée sur son épaule, Kaël n'osa relever son regard jusqu'au sien, croiser à nouveau ces océans vertueux, alors qu'il faisait taire ces terribles secrets à la lisière de ses lippes, n'aurait fait que le rendre davantage encore plus coupable qu'il ne l'étais. L'Ange avait été honnête avec lui. En un certain, sens, lui aussi. Jusqu'ici, il ne lui avait pas mentis. Il l'avait seulement écarté de son passé ultra-violent.

Et pourtant, il y avait cette pointe, là, quelque part, sous sa cage thoracique. Cette sensation ténue, légère, s'alourdissant un peu plus à chaque fois que le déchu faisait preuve de bons sentiments.

Lorsqu'il s'éloigna, il se leva à son tour, lui faisant dos tout en le laissant s'affairer à sa tâche. Levant sa paume au ciel, une énergie noirâtre, crépitante, se forma au dessus de celle-ci, dansant d'elle-même tel des rubans de fumée.

« J'ai voulu défendre les miens. Et j'en ai payé le prix. »

La phrase était presque crachée comme du venin, sur ses ennemis d'antan. Encore une fois, il lui faisais don de la vérité, mais le jour où celui-ci l'apprendrait sous toutes ses formes serait-il seulement capable de saisir que le Mundis avait été créer par les siens ? Si les années avait fait de son existence un silence, alors qu'en était-il pour ses autres frères et sœurs ? Étaient-ils même encore vivants ? Où bien avaient-ils tous péris, comme Svetlaël ?

Cette idée lui arracha le palpitant.

« C'est ce qui arrive, parfois. Si bien que le bien se fait mal et inversement. Il n'y a pas de règles manichéennes dans le Mundis, seulement des hommes, des femmes, qui se pensent salvateurs. »

Le peuple de Namaël en était, en partie concerné. Eux, qui s'étaient donnés pour but de lutter contre le mal et ce sous toutes ses formes, défendant les leurs, leurs valeurs et leurs morales au péril de leurs vies. N'était-ce pas là une forme de manichéisme ?

Il reporta son attention sur sa forme sombre, cette énergie ombrageuse, de laquelle vint à jaillir un corbeau noir. Sur son crâne, s'éveillant doucement, deux paires de minuscules œils sanguins. Satisfait, Kaël se mit à lui sourire, cajolant ses ailes d'une caresse, lui transmettant des informations muettes, jusqu'à ce qu'il finisse par s'envoler de son propre joug.

« Avec un peu de chance, il trouvera ce que je cherche. Et demain nous aurons notre chemin tout tracé. »

Un sourire espiègle bercé au bord des lippes, son profil se posa à nouveau sur Namaël, à qui il offrit toute son attention.

« Je dois t'avouer que tu m'intrigue, déchu. Je pense avoir une petite idée sur ce lien qui s'est créer, lorsque tu as touché l'épée... Enfin, logiquement, ce qu'il restait de moi. »

Il s'approcha de quelques pas, démarche féline loin d'être menaçante. Bientôt face à face, il ne pouvait s'empêcher de le détailler. Comme la profondeur de ses orbes, les reflets de cuivres et d'ors dansant dans ses mèches éparses, le relief de ses lippes. Cette attraction immuable et sibylline.

« J'attend de voir ce que les prochains jours nous réservent pour confirmer cette théorie. Mais... »

Il fit glisser ses doigts habiles aux pourtours de sa mâchoire pour venir déposer un baiser près de la commissures de ses lèvres.

« ...je tenais à te remercier pour ce festin. »

S'écartant, lui laissant de nouveau son espace vital sur lequel il venait d'empiéter. Il alla de nouveau près du feu tout en détachant sa cape de ses épaules afin de s'asseoir sur celle-ci.

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MessageSujet: Re: cosmic nighttale ft. Namaël   cosmic nighttale ft. Namaël - Page 2 EmptyMer 15 Avr - 23:27




Quelqu'un qui vivait encore depuis tout ce temps ? Namaël fronça les sourcils. Il laissait dire, et demain il laisserait faire, mais c'était sans doute à son démon familier que le roi sorcier comptait s'adresser. Ces choses-là ne disparaissaient pas et étaient liées au lieu ; il n'aurait pas été surpris. La rencontre aboutirait peut-être à un duel. Il espérait sincèrement que son nouveau protégé – en tant qu'escorte armée, il le considérait ainsi – ne lui tiendrait pas trop rigueur de l'attitude qu'il adopterait.

Il avait vu un film en noir et blanc, dans un cinéma alternatif en pleine campagne, un écran en plein air et un parking de spectateurs assis dans leurs voitures, - une projection particulièrement snob, un film d'art et d'essai français des années soixante – et il se rappelait tout à coup d'une réplique. Une question d'aimer une personne davantage que sa vertu. La personne en question était un petit garçon homosexuel qu'un enseignant religieux, jaloux de sa première amourette, avait poussé au suicide. Il ne savait pas pourquoi cette pensée lui revenait tout à coup ; il aurait préféré oublier ce film, qui l'avait rendu profondément triste.

"Nous descendrons donc sous terre. Nous poserons tes questions. Et nous remonterons vers la lumière."

La question de leur lien, il n'avait pas envie de la poser pour l'heure. Le baiser qu'il avait reçu lui avait inspiré une sainte terreur, qu'il avait cachée autant que possible. Tout son corps avait réclamé la légère inclination de son visage qui aurait placé leurs bouches l'une contre l'autre. Il pouvait maintenant déterminer que le démon fréquenté par ce sorcier était clairement un démon de luxure. Ils étaient les plus difficiles à résister : leur art ressemblait tellement à l'amour ! Mais il était entraîné à en percevoir la tromperie. Le sexe devait être accordé sur l'intercession du coeur, se répéta-t-il, et non l'inverse.

Si son nouveau compagnon de route ne réalisait pas cela, il faudrait le lui enseigner. Apparemment, ils avaient tout le temps pour ça.

Au lieu de s'allonger, il s'assit en tailleur à côté de la cape étendue au sol. Ses mains reposées sur ses genoux, il se plaça en posture de méditation, et ses yeux se fermèrent. Il y avait quelque chose d'austère chez lui, presque sévère, qu'il avait mobilisé contre cet élan désireux qui l'avait envahi. Une barrière solidement mise en place.

"Repose-toi. Je n'ai pas besoin de dormir. Et puis, j'ai peur de rêver."

Avec un petit sourire, il inclina la tête sur la droite puis sur la gauche, faisant craquer sa nuque.
Le combat ne l'avait pas fatigué ; il l'avait délassé.

"J'ai toujours rêvé de notre rencontre. Maintenant qu'elle a eu lieu, j'ai peur de découvrir que mes rêves se sont éteints, comme la scène au théâtre, lorsque les acteurs sont partis et que le rideau est retombé."

L'alternative était un nouveau rêve. Pour être tout à fait honnête, il en avait encore plus peur. Pas question qu'il se laisse gagner par les contaminations involontaires de cet émotif camarade. Que ce soit par la tristesse, par la luxure, par toute autre fantaisie qui entraînait l'âme en direction de la chute. Il resterait solide comme une colonne dressée vers le ciel, comme l'aiguille dorée d'une boussole, pour eux deux. Pour leur salut commun.

C'était devenu une évidence : il n'y aurait de salut que commun. Au fond, il commençait à se dire que secourir cet homme étrange était l'épreuve qui validerait son retour à l'état d'ange, et la restitution de son statut. Il ne l'en ferait pas moins gratuitement ; mais il aurait adoré cette explication.

"Après avoir découvert ta vérité, suis-moi. Ce sera ton tour. La terre est un endroit magnifique. Ses paysages sont toujours changeants. Une agate à veines de dragon que l'on incline devant la flamme d'une bougie."
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MessageSujet: Re: cosmic nighttale ft. Namaël   cosmic nighttale ft. Namaël - Page 2 EmptyJeu 16 Avr - 2:28




Lorsque l'ange vint à le rejoindre près du feu, Kaël s'était surpris de retenir un rire nerveux face à ce changement soudain d'expression. Namaël avait ce don. De passer du tout au tout. Il ne l'avait pas encore aperçu au cœur d'une bataille - du moins, seulement en fragments - mais il parvenait à s'en faire une image, l'arc de ses sourcils froncés, les reflets d'ors du soleil dans ses mèches éparses, le regard menaçant, sûrement sur un griffon ou un lion majestueux comme monture, épée de feu dans la main, prêt à bénir ses ennemis de sa lumière dévastatrice.

Une image fabuleuse qui le laissa un instant rêveur. Il avait vu des légions d'anges déferler contre leurs opposants naturels, pourfendant l'empyrée de leurs ailes tout en piquant sur leurs ennemis. En ne laissant que derrière eux le tableau d'un ciel dévasté de nuages orangés, gonflés par les flammes de leurs feux sacrés.

Les Ailés, du moins, ce qu'ils étaient devenus, à travers les âges, leurs étaient-ils semblables ? Lui, n'avait connu que leurs versions antérieures, les prémices d'un peule céleste et éthéré. Peut-être qu'un jour, il le lui conterais, où qu'ils iraient d'eux-mêmes.

Est-ce qu'il venait tout juste d'envisager de continuer une partie du chemin de cette nouvelle vie à ses côtés ? Roulant des yeux, il fini par basculer en arrière, à demi-allongé, en appuie sur l'un de ses coudes.

« Tu ne m'en voudras pas, si je te dit que j'ai trop longtemps dormis pour pouvoir fermer l’œil. »

Il avait eu tout son temps pour se reposer, éveillé entre cauchemars et rêves intérieurs. Et puis, sa nature véritable, se passait volontiers de sommeil. Surtout lorsque son intérêt venait à être piqué de manière aussi intense, il n'avait pas les idées claires pour se laisser succomber dans les bras de Morphée, toute tournées vers son compagnon nocturne.

« Et puis... Je préfère t'écouter. »

Il aimait le son de sa voix. Claire et haute, confiante, elle avait quelque chose de rassurant. Celle qui lui disait qu'il pouvait s'endormir sans craintes, fermer les yeux, tout en sachant qu'il pouvait chasser ses mauvais rêves d'un geste de la main. Elle avait ce timbre rauque, quoi qu'un peu sèche, comme s'il avait été habitué à donner des ordres.

« J'ai aperçu la terre, il y a bien longtemps. Lorsqu'elle n'était qu'à peine un embryon sortis de l’œuf. Je serais curieux de voir ce qu'elle est devenue. »

Au Déclin Primitif. Tout n'était que ravage, désolation et bains de sangs. Il avait eu l'occasion de se perdre en des endroits paradisiaques, tout comme les archipels grecques et les corps de ses apollons luisants en été, se perdre dans les forêts de l'Empire du soleil levant pour trinquer auprès de yokaï.

Mais en 2019. Tout devait être si différent, aujourd'hui. Comme si le monde n'avait cessé de battre en son départ. Cette idée l'enrageait. Le Mundis avait oublié ses créateurs, ses fondateurs. Et dans un coin de sa tête, il imaginait que tout ceci n'était qu'un énième cauchemar, un énième rêve que sa folie s'amusait à faire danser sous ses orbes. Et que son âme, était encore ici, enfermé dans cette maudite épée.

« Tu n'as qu'à me raconter. Je pourrais le voir, à travers tes yeux. »

Et puis, il y avait eu Namaël. Son toucher, pour le rendre vivant. Ça avait été réel, ça. Lui, qui lui parlait déjà de ses futurs projets, ses envies, alors qu'ils venaient tout juste de pouvoir enfin se découvrir, face à face. Il n'était pas le seul alors, à se faire des plans sur la comète ? Cette pensée lui tira un sourire.

« Je veux aussi savoir ces rêves dont tu me parle tant. Sont-ils si atroces pour que tu ne veuilles plus dormir ? »


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MessageSujet: Re: cosmic nighttale ft. Namaël   cosmic nighttale ft. Namaël - Page 2 EmptyJeu 16 Avr - 13:36




Plutôt que de parler de ses rêves, Namaël préféra conter l'Histoire de la Terre. Il y avait tant à raconter... Même sans faire intervenir la politique des anges et des démons, qui risquait de causer entre eux des débats désagréables, il eut bien des légendes et des cataclysmes, des empires et des massacres, des découvertes et des oeuvres d'art, à peindre par ses mots et ses gestes dans l'espace.

Le feu rougeoyant se reflétait sur sa physionomie animée, et il était aisé de lire sur ses traits tout l'amour qu'il portait à ses protégés humains. S'il n'avait pas été ange par naissance, et par devoir, il l'aurait été par vocation.

Les Ailés avaient parfois des attitudes d'oiseaux. De cela, il aurait aimé lui parler, afin qu'ils se comprennent mieux. C'était une base importante pour toute expédition.

Quatre voies s'ouvraient au jeune guerrier qui faisait ses armes : le taureau nourricier, terrible dans sa fureur, magnanime au quotidien. L'aigle aux ailes d'or, symbole de foudre qui s'abat ou éclaire. Le lion noir, regard acéré et gueule sans pitié. Et le copiste. Ceux-là étaient les intellectuels de la troupe. Ils étaient nécessaires à la marche d'une armée, mais les autres les considéraient avec un petit sourire indulgent.

Sa voie à lui avait été celle de l'aigle. Elle s'était décidée d'elle-même, au cours de son entraînement, à sa façon de combattre, de s'exprimer, de réagir aux tests de ses instructeurs.

Il était un éclaireur solitaire. Ni un transporteur de reliques sacrées, ni un exterminateur exalté. Il ne martelait pas, il ne rédigeait pas, il ne condamnait pas volontiers. Il observait et portait de petites frappes chirurgicales, c'était ainsi qu'il se concevait. C'est ainsi qu'il était venu sur terre seul. C'est ainsi qu'il avait chuté, du haut des cieux.

Et encore aujourd'hui, il gardait ces attitudes. Les voies n'étaient pas fermées ; il avait appris tous les arts de combat, les textes saints, les principes architecturaux des bâtisseurs, les noms des plantes qui apaisent l'âme... son inclination naturelle ne le portait pas vers ces domaines, mais il les respectait et y puisait dans les limites de sa culture, en toute modestie.

Il demeurait plus aigle que lion. La vivacité de son esprit à bondir sur un sujet de conversation, et sa propension à s'envoler dans des rêveries lointaines, en étaient l'indice. C'était ce qui faisait de lui un combattant foudroyant. Et c'était ce qui faisait de lui un convive flamboyant, un oiseau de feu, lorsque l'humeur lui en prenait.

Il y avait un long moment à présent que cette humeur n'était pas née de son coeur meurtri. Mais en jouant avec les braises de leur feu, en se demandant si l'aube prochaine serait plus claire, si le soleil se lèverait sur cet horizon dévasté, et le parerait de ses pourpres, il se souvenait que l'oiseau de feu était aussi associé au phénix.

Se relèverait-il transformé de cette nuit et de ce feu de camp ? Il n'allait pas mourir ce soir en tout cas, comme il l'avait redouté. L'épée noire n'était pas celle qui trancherait le fil de ses jours.

Cette conviction lui était un baume magique ; les expressions mobiles de Kaël, ses postures alanguies ou concentrées, ses sourires et ses exclamations, lui transmettaient une vie intense et électrique, qui semblait circuler entre eux comme un courant rapide.

La conversation avançant, Namaël finit par se dire qu'il pouvait aborder le sujet de ses rêves. Il n'y avait pas à être timide. Cette réticence qu'il ressentait, c'était simplement le poids d'une vie passée à les cacher et à n'en parler à personne. Il trouverait des mots pour le dire.

Après tout, Kaël avait sans doute rêvé lui aussi de sa personne ; le contraire aurait été étonnant. Il lui peignit le cycle incessant du miroir trouble, du visage à la fois semblable et différent qui s'y dessinait, de la main tendue et du basculement de tout son univers, et finalement cette surface de glace qui se brisait, délivrant le prisonnier.

Il se tut soudain. La glace, dans l'ésotérisme des Copistes, était un des symboles de l'acier et de l'épée. Certaines lames créées dans un cristal particulièrement résistant, et investies de ses pouvoirs telluriques, étaient désignées sous le nom de "lames de glace". Son rêve l'avait appelé à se saisir de l'épée, bien avant qu'il ne comprenne. Mais il l'avait fait dans un langage codé que l'ange n'avait pas su déchiffrer.

"Ces rêves, me les envoyais-tu volontairement ? Ou était-ce la façon dont mon esprit traduisait ton appel, dont il ne percevait qu'un écho informulé ?... Tu n'avais jamais réalisé que j'existais vraiment, n'est-ce pas ? Pourtant tu me percevais toi aussi, d'une certaine façon..."

A son tour de se montrer curieux. Il avait fini par s'allonger aux côtés de son camarade, et, les bras croisés sur la poitrine, il plongeait son regard perplexe dans les profondeurs d'un ciel sans étoiles.

Tout cela lui rappelait les premières expéditions menées à la sortie de l'archipel, juste quelques futurs soldats aux visages encore enfantins et leur instructeur. Ils dormaient ainsi à la belle étoile. Jusqu'à ce jour, il n'avait jamais réalisé à quel point ce temps lui avait manqué. Cette complicité, qu'il avait cru vivre avec ses semblables, et qui s'était soldée par l'amertume d'un abandon, à l'amiable, de part et d'autre.
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MessageSujet: Re: cosmic nighttale ft. Namaël   cosmic nighttale ft. Namaël - Page 2 EmptyMer 22 Avr - 15:57




La Terre. Gaïa. Sa fille. À la chair d'humus, au cœur couvert de feuillages et aux entrailles de pierres. C'était avec nostalgie, qu'il accueillait les récits de ce nouveau monde au travers des prunelles de l'Ange. Les empires et leurs chutes. Comme ceux du monde Grec. Il y avait laissé là une fratrie, qui encore aujourd'hui, faisait résonner l'écho de leurs noms à travers la nouvelle terre. Le Déclin n'avait peut-être point eut raison d'eux, enfin de compte. Il en savais certains morts, sûrement réincarnés, mais aujourd'hui, se terraient-ils toujours dans leurs archipels solaires ?

Peut-être qu'un jour, en partant à la conquête de ce nouveau monde, en acceptant l'invitation de Namaël, il irait. En attendant, c'était à travers les océans de ces orbes, qu'il se contenterais de ses récits. Tout ne paraissait qu'être songe, depuis qu'on l'avait de nouveau offert à cette nouvelle réalité. Les rêves, les histoires, celles que l'on garde, celles que l'on oublie. Il en devenait impatient. Impatient de retrouver ce Mundis, sans frontières, sans barrières, dont il avait si longuement rêvé, sans pouvoir l'atteindre.

Il lui conta le meilleur, comme le pire. Une chose qu'il appréciait chez le déchu, sa franchise. Son honnêteté. Lui traçant un reflet où le monde, tel qu'il l'avait connu, n'était ni noir, ni blanc. Gris. Et puis, il avait confiance en ses mots, en son porteur, qu'il devinait aisément mauvais menteur.

Finalement, Namaël fini par céder et à se confier sur ses rêves, ceux qui parlaient d'eux, de leurs reflets, de ce lien, inaltérable, immuable, comme... destiné. Au fur et à mesure qu'il lui dessinait les paysages de ce songe, les doutes de Kaël se renforçait quand à sa propre théorie.

Impossible. Faël, de son sourire empli de vices et de son horripilante confiance lui avait assuré avoir fait le nécessaire quand à cette âme jumelle. Elle n'existait pas. Encore moins après des millénaires de sommeil.

« Je ne pouvais rien faire, de là où j'étais. Piégé. Dans un silence froid, algide. »

C'était la vérité. Il avait tenté de briser ces chaînes invisibles, d'arracher son âme du néant auquel on l'avait confiné, de trouver une issue, une sortie, mais il s'était heurté à un mur de frayeurs, de cauchemars et d'horreurs.

« C'est quand tu a pris l'épée que les rêves sont venus. Au début, c'était des visages dans les flots. Des cris, des voix lointaines. »

Le signe dans l'obscurité. Cette chaleur soudaine, comme un manteau bienveillant posé sur ses épaules devant l'âtre d'un feu. Une main, sur son épaule, ce signe de réconfort qu'avais fait l'ange, quelques minutes plus tôt, l'air de lui dire, je suis là, à tes côtés.

Et sans le vouloir, sans vraiment en être conscient, il l'avait accepté en lui, l'avait accueillis dans le gouffre de son âme pécheresse. Ce n'était qu'une myriade de sensations, mais elles avaient été réelles.

« Quand j'ai commencé à reprendre le dessus, petit à petit, dans cette prison. J'ai dès lors compris. Les voix étaient plus claires. Et les visions contait des morceaux d'une vie. La tienne. »

Comment aurait-il deviné son nom, autrement ? Il aurait pu. En faisant usage de sa force, physique ou mentale, mais cette idée le dérangeait. Il avait vu sa chute, sa femme, ses batailles. Un puzzle qu'il avait réussi à reconstituer en parti, d'autres, restaient encore bien sombres et mystérieuses. Des zones d'ombres nébuleuses.

« J'ai le pouvoir de m'infiltrer dans les rêves, de dissuader les cauchemars ou au contraire, de les attiser. »

Combien de fois l'avait-il fait ? C'était facile, avant. Si facile. De semer les graines du chaos et de laisser la discorde prendre son ampleur d'elle-même, dans un véritable feu de sangs et d'épées. Lorsque les royaumes tombaient comme de la pluie, que les vérités éclataient comme des obus.

Un sourire malicieux se fraya un chemin sur ses lippes à cette pensée.

« Mais depuis que je t'ai rencontré, c'est différent. Les rêves vont et viennent, tout seuls. Pour une fois, je ne suis pas responsable de ce tourment. »

Pas cette fois, non. Ces songes, qu'ils se partageaient, étaient différents. Il se doutait bien que Namaël n'avait pu uniquement voir un reflet au travers d'une épaisse couche de glace, miroir qu'il avait fini par briser. Dans ce cas là, pourquoi posait-il sur lui un regard neutre ? Ou bien, peut-être qu'il ne l'avait pas vu. Pas encore. Ces horreurs que le chaos avait pour don d'engrener.

« Je te l'ai dit. Tu m'intrigue. »

Un voile passa devant ses prunelles verdâtres. Un écho lointain. Un soir autour du feu. Une silhouette dans le loin, que lui seul pouvait apercevoir. Et la voix d'Astraël, l'extirpant à sa torpeur.

Il posa ses orbes sur l'Ange.

« Je pense que notre inconscient réagis de manière différente. Toi, tu y as aperçu un monde inversé, un reflet à travers un miroir de glace et moi, des empreintes de ce que tu as pu vivre. »

Il fini par basculer en arrière, comme épuisé par toutes ces possibilités face à laquelle sa psyché faisait face. C'était contraignant, de réfléchir. Il l'avait presque oublié, ça, là bas, dans le froid et dans le silence. Passant un bras sous lui, tout en soutenant le poids de son crâne, il se tourna vers Namaël.

« Peut-être qu'en dormant, l'un d'entre nous en apprendra plus sur l'autre... Seulement si le lien est toujours là, maintenant que je ne suis plus une épée. »

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MessageSujet: Re: cosmic nighttale ft. Namaël   cosmic nighttale ft. Namaël - Page 2 EmptyJeu 23 Avr - 9:52





Namaël avait soif. Non pas cette impression parcheminée qui fige la langue lorsque le corps se déshydrate ; il n'y était pas sensible, la source de sa foi n'était pas éteinte dans son âme et continuait à l'alimenter. Mais quelque chose le tourmentait, un manque, une avidité qui l'empêchait d'avoir seulement envie de s'étendre et fermer l'oeil. Une agitation.

Ce sorcier qui le contemplait en buvant ses mots, qui plongeait son regard dans le sien comme s'il était sa clé... Ce n'était pas naturel. Pas vraiment désagréable, mais ça faisait errer un courant sous sa peau, dont il n'était pas maître.  

Oh, il ne songeait pas fuir, pas une seconde. Quel que soit ce courant, il lui appartenait. Il continuerait à l'alimenter. Il était responsable, il l'avait éveillé, à présent les actes de ce sorcier étaient une continuation des siens. Sa vie de songes l'y avait préparé ; il se demandait par moments s'il avait trouvé la vocation de toute son existence, le combat dans lequel son destin éclaterait comme une évidence.

Puis la sensation devenait bien plus simple. Cette boule dans son ventre, ces éclairs au long de son dos, cette pression dans sa gorge. S'il avait eu à boire, il se serait perdu dans son gobelet. Peut-être pleuvrait-il... ces nuages au-dessus de leurs têtes contenaient-ils de l'eau ou de l'acide ? Une pluie de feu ne l'aurait pas étonné, dans cet environnement.

"Je suis vraiment désolé pour cette captivité dont tu as fait l'objet."

Il pouvait le dire avec sincérité. C'était honnête, il en aurait dit autant à toute autre personne qu'il aurait lui-même précipité dans les profondeurs de l'enfer. Il était toujours désolé pour les humains. Tous étaient les frères de cette femme qu'il avait aimée, après tout ; et même auparavant, il ressentait envers eux une empathie profonde.

Comme le chanteur qu'il écoutait volontiers au fond des bars perdus, il portait du noir, après tout, pour les pauvres, les épuisés, ceux qui vivent du côté désespéré et affamé de la ville, pour les prisonniers, pour ceux qui ne lisent jamais.

Ce qu'avait vécu Kaël était au-delà des mots. Mais il était heureux d'avoir été celui qui avait mis fin au châtiment. C'est ce qu'était le sorcier à ses yeux : un prisonnier qui avait fait son temps et payé sa dette. Lorsque la pluie viendrait, il l'aurait mérité. Un soulagement tombé du ciel qui balaierait tout sur son passage et ramènerait le printemps. Si Namaël pouvait être là le jour où ce pardon se produirait, il en serait heureux, peu importe que le pardon vienne du sorcier lui-même ou de ceux qui l'avaient condamné. Dans tous les cas, il n'était pas un juge.

"Tu n'as pas aperçu ma femme volontairement, et je ne t'en veux pas. Mais ne parlons plus d'elle, tu veux bien ? Elle est partie. Elle ne reviendra plus, ni en rêve, ni autrement. Je l'ai libérée de nos liens pour qu'elle puisse s'envoler."

Un sourire tendre passa sur ses lèvres, empreint de mélancolie. Ce n'était qu'une petite tragédie humaine ; en regard de ce qu'avait vécu le sorcier, ce n'était rien. Et pourtant... il n'aurait pas supporté de prononcer le nom de son ancienne compagne, ou de se figurer les traits de son visage trop précisément.

Il aurait aimé avoir encore ses ailes. Il s'étendit auprès de son nouvel ami et déposa un baiser sur son front. Le contact ranima la soif. Avoir soif d'un être... ce n'était pas naturel. Il se sentit soudain comme un vampire qui contemple une source de sang. C'était très embarrassant mais puisque Kaël n'était pas télépathe, il ne risquait pas d'être démasqué.

Il était sûr que cela passerait très vite ; s'il ne paniquait pas, ce serait comme ces autres pulsions qu'il avait connues lors de sa jeunesse, et qu'il avait endurées sans jamais les exprimer. Elles ne dérangeraient personne. Le plus difficile avait été les missions à deux ; comme il s'était tourmenté, au début, de trouver sublimes ses camarades adolescents, et de lire dans leurs regards la même admiration passionnelle, presque chaste mais... Et puis, l'instructeur lui avait assuré que c'était normal. Il suffisait de garder ses penchants pour soi et d'attendre. C'était bien plus facile à maîtriser qu'une pulsion de meurtre, par exemple.

Etait-ce la même chose qu'il ressentait envers Kaël ? Il en aurait été surpris. Les humains, d'ordinaire, lui inspiraient un instinct de protection asexué. Il était trop conscient de leurs faiblesses pour être animé par autre chose que par l'envie de les aider ; et ce genre d'activités ne les auraient pas aidés du tout, elles n'auraient fait qu'ajouter à leur confusion. Mais il n'était plus sûr d'avoir affaire à un humain.

"Le lien est toujours là, plus que jamais. Dors, mon frère. Je veille. Après tout," sourit-il malicieusement, un nouvel éclat dans son regard, "je ne voudrais pas t'exposer à la tentation de t'infiltrer dans mes rêves."

Dans un mouvement qui lui parut naturel, il attira Kaël contre lui pour offrir l'appui de son épaule à sa tête ; c'était l'un des intérêts d'avoir de tels muscles, en un temps où la guerre sainte n'était plus à l'ordre du jour. Combien de fois avait-on pleuré et trouvé le repos contre son épaule, sur un banc de parc, au coin d'une galerie de musée, devant un cinéma ou un bar. Généralement debout ou assis, mais il avait laissé quelques personnes s'endormir dans ses bras. Habituellement des enfants ou des personnes de sa famille. En quelque sorte, Kaël était désormais de sa famille.

Leurs cheveux se mêlèrent, et il se sentit chavirer. Quelque chose, en ce moment, était parfait. C'était le geste qu'il avait envie d'accomplir depuis qu'ils s'étaient rejoints. Ils avaient déjà échangé quelques contacts, et à chaque fois il avait eu le sentiment d'ajouter une pièce à une précieuse collection.
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MessageSujet: Re: cosmic nighttale ft. Namaël   cosmic nighttale ft. Namaël - Page 2 EmptyJeu 23 Avr - 19:35



Il n'avait jamais inspiré la pitié ou la peine, mais d'entendre des excuses de la bouche d'un homme qui n'était pas lié à cette histoire, lui fit l'effet d'un électrochoc. Sa grandeur d'antan s'était effritée dans un souvenir loin, vague, incertain. Et ce qu'il aurait voulu entendre d'entre les lippes d'un autre lui été accordé par Namaël. De son ego impérieux, il aurait pu s'en offusquer, se braquer et lui tourner le dos, mais il avait cette sensation que l'Ange ne le dévisageait pas avec pitié, mais avec empathie.

Rare était ceux à avoir pu braquer leurs prunelles ainsi sur lui. Autrefois, c'était avec admiration, devant son éloquence, sa grandeur primordiale, son pouvoir, ses richesses, qu'on venait à l'observer. Toujours dans de quelconques intérêts futiles. Et aujourd'hui, démunis de tout ce qu'il avait pu avoir sous sa poigne de fer, de ce contrôle constant, lui échappant aux devant de ses orbes azuréennes. C'était comme une bouffée d'air frais. Un mal pour un bien. Et peut-être dans ce fléau vide et froid, cette prison de silence et d'absence, il n'en serait pas là.

Couché, sous la vaste toile d'un ciel maculé d'étoiles lointaines, dégénérescentes. Ils avaient tout perdus. À tout jamais des mémoires englouties, dévorées par le fléau de la mort. Tout maudits qu'ils avaient été, n'était-ce pas là une preuve que le destin, leur accordait un pardon muet ?

Il ne savais comment traduire ce qui s'animait dans le fleuve de ses veines noircies à ce sourire mélancolique, tendre. Une envie de lui extirper ses maux, lui arracher ces souvenirs battant sous sa carne afin de les détruire. Mais qu'aurait été Namaël sans eux ? Certainement pas l'homme qui se trouvait face à lui, aujourd'hui. Une moitié de cet homme dont il buvait les paroles, comme insatiable. Ce n'était pas une moitié d'un tout, qu'il voulait.

Certaines paroles n'avaient besoin d'être émises tout haut et c'était ce qui dans l'instant venait à se produire. Ce baiser sur son front lui fit l'effet d'une marque brûlante, incandescente. Un jet de flammes exaltée s'imbriquant aux vastes cryptes froides de sa psyché. L'impression que chaque toucher se faisait lave, l'attraction de ce lien invisible, au moment où sa tête s'échoua contre son épaule.

Le lien est toujours là. Il peinait à y croire. Pressant son nez jusque dans son cou, comme pour se persuader que chaque toucher était bien réel. Qu'il n'y étais pas encore. Là bas, dans cette prison à l'étreinte froide et vide. Mue par cette force du néant, une main alla se perdre sur sa nuque, grimpant jusque dans cette chevelure parsemée de blés cuivrés. Imprimant l'odeur de l'ange contre ses papilles d'un coup de langue échoué sur sa peau pâle. Là, à la lisière de son oreille, ce lobe qu'il finit par faire glisser entre ses crocs taquins.

Une vague de chaleur vibrait sous sa cage thoracique, jusque dans la pointe de ses doigts s'amusant à mettre le désordre dans ces mèches éparses. Et d'un écho bas, presque grondant, sa voix rauque s'échappa.

« Je dois avouer... Qu'en cet instant, ce n'est pas dans tes rêves que j'aimerais m'infiltrer. »

Il sentais que ces orbes le brûlait, deux faisceaux ayant laissé place au rouge sanguin. Preuve visible de son excitation effervescente. Se redressant afin de pouvoir attraper son visage en coupe, son souffle chaud s'évada contre le relief de ses lippes. Puis un éclair le traversa, cette foudre qui bientôt vint de nouveau à le faire basculer sur le côté, un bras barrant son regard, alors qu'un rire nerveux remontait le long de sa gorge.

« Je ne sais pas ce que tu me fait, mais je n'ai pas les idées claires. »

Presque honteux. Et si Namaël découvrais ce rouge sanguin dans son regard à la place de cet habituel vert verdoyant, le prendrait-il toujours pour un simple sorcier ? Ce n'était pas cet élan de désir fougueux qui l'avait aussitôt stoppé net. Non, il n'était pas pudique. Il ne l'avait jamais été. Mais ces images qui hantait sa psyché, la première fois qu'ils s'étaient touchés, ce simple contact de sa main effleurant la peau de son visage. Ça avait été bien plus dévastateur qu'il ne l'aurait cru. Son ego était étouffé par un raz-de-marée de sensations qu'il n'avait jamais connu et cet inconnu lui faisait horriblement peur.

La peur. Il en était le maître, pas le pion.

En appuie sur le sol, il se releva tout en lui tournant le dos. C'était impossible, qu'il pensait, afin de se rassurer. Il y avait bien une explication plausible. Cela faisait des millénaires qu'on ne l'avait pas touché de la sorte et certains désirs, si longuement enfouis et étouffé se pressait à surgir de nouveau.

« Si tu veux bien m'excuser, je reviens, je vais marcher un peu. »

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MessageSujet: Re: cosmic nighttale ft. Namaël   cosmic nighttale ft. Namaël - Page 2 EmptySam 25 Avr - 14:10




Non !

"Je t'attends ici. Ne t'éloigne pas trop..."

J'ai besoin de toi.

Ce mot de "frère" dont Namaël le décorait depuis leur rencontre, c'était un rempart entre leurs corps. Mais entre leurs âmes, rien ne s'interposait. Rien ne brisait leur enlacement, plus intense à chaque minute, au point que ce retrait de Kaël semblait tout à coup déchirant. Une angoisse sourde serrait la gorge de l'ange déchu, qui se remit à jouer avec les restes du feu pour se distraire. Chaque seconde d'attente lui paraissait une éternité. Mais il n'allait certainement pas le montrer ! Il serait ridicule, d'ailleurs. La tête lui tournait un peu et il se sentait démuni. Quel protecteur était-il, s'il mettait si mal à l'aise l'homme qu'il escortait ? Kaël n'avait-il pas envie de reposer entre ses bras, en attendant l'aube ? Qu'est-ce qui le dérangeait chez lui ? L'odeur du sang de la bête, sans doute ?

Tout à coup honteux, Namaël se releva et perça du regard la voûte orageuse. Le ciel était bas, menaçant, et l'ombre craqua tout à coup. Une pluie chaude aux lourdes gouttes fiévreuses se mit à marteler la terre. Il espérait que le sorcier saurait se garantir de la foudre ; après tout, il l'avait déjà vu faire une vilaine chute. Quant à lui... le pantalon glissa au long de ses jambes, et son corps retrouva sa nudité, sous l'averse agressive qui frappait sa peau comme un tambour. Il laissa le feu s'éteindre, les yeux fermés, les bras levés vers le ciel. Ses ailes étaient bel et bien disparues. Quelque chose lui disait que Kaël aurait pu lui en offrir d'autres, mais cela ne lui paraissait pas souhaitable. Le manque était sa drogue et son alcool, la sensation forte dont il s'étourdissait depuis des siècles.

Le ruissellement cristallin au long de son torse, de son ventre, de ce sexe humain dont il ne savait que faire dans sa solitude, émaillait son épiderme de mille petites sollicitations nerveuses, mille caresses d'une nature joueuse et en éveil, qui le perturbaient davantage qu'elles ne le soulageaient. Il tenta de se rappeler une prière mais sa résolution s'était envolée avec le sorcier. Le cordon qui retenait son pendentif autour de son cou avait l'air brûlant. Pendant un instant, il eut envie de l'arracher.

La foudre tomba, dans un rugissement qui lui rappelait la charge des cavaliers célestes. Il sursauta et chercha des yeux autour de lui, où avait pu se produire l'impact. Il ne devait pas bouger de son poste, pour que Kaël sache où le retrouver... mais s'il était blessé ? Si ce vacarme masquait l'assaut d'un fauve, et ses cris de détresse ? Non, songea soudain Namaël, il saura se défendre seul. C'est un guerrier d'une certaine prestance - c'est une épée faite homme, après tout. Mais il gardait les poings serrés, et devait se surveiller pour ne pas appeler. Enfin ! au moins il avait maintenant la possibilité de se nettoyer. Le sol pierreux ne formait pas de boue, et il pourrait aussi remplir la gourde vide qu'il transportait.

Après l'avoir placée ouverte sous la pluie battante, il entreprit de remettre de l'ordre dans son apparence, avec l'une de ces petites capsules de gel douche et de shampoing qu'il prenait dans les hôtels où il faisait halte. Après avoir ordonné ses cheveux, il commença à étaler la mousse au long de son corps. A nouveau, les sursauts de l'attraction charnelle lui imposèrent une réaction qui dépassait ses attentes. Il était à fleur de peau. Le moindre frôlement l'électrisait. Et ce n'était pas agréable, comme aux premiers temps de sa relation avec sa femme. C'était intolérable. Il se sentait devenir fou. Un grand brûlé, un écorché vif. Il ne supportait plus rien.

"Kaël..."

Alors que sa main se refermait sur son sexe tendu pour une caresse rapide, il le sentit se déployer entre ses doigts. La honte le mordait au coeur. Enfin, au moins son compagnon de route ne le voyait pas faire. Autant se soulager rapidement et ne plus y songer. Il aurait l'esprit plus libre ensuite. Il se sentait de plus en plus mal à l'aise au fur et à mesure que les caresses couraient sur sa chair. Une sorte de vertige insidieux lui faisait perdre pied. Il s'adossa à un rocher, les doigts de sa main libre crispés sur un relief solide au-dessus de sa tête, le corps parcouru d'ondulations frémissantes qu'il ne maîtrisait pas.

Le nom du roi sorcier se faisait de plus en plus pressant, de plus en plus suppliant sur ses lèvres. Des images infernales dansaient sous ses paupières fermées. Son corps nu pressé sur le gisant d'une sainte, son membre coulissant dans les replis de sa robe de marbre, ses lèvres happant les lèvres froides qui ressemblaient à celles de sa femme ; et un prêtre en tenue noire, qui ressemblait à Kaël, arrivant tout à coup dans la crypte pour le surprendre... et ce qui se passait entre eux ensuite, sur les dalles de l'église... Cela ne lui ressemblait pas, mais à cette seconde, il avait besoin de tels fantasmes pervers, pour se distraire de la solitude criante qui menaçait sa raison.

Enfin, la pluie balaya les traces coupables de sa jouissance, sa main retomba tremblante contre la pierre, et il reprit son souffle, haletant comme un chien, épuisé comme un athlète qui vient d'accomplir un exploit ; mais le manque était toujours aussi ardent, un brasier qui dévorait sa poitrine. Il avait satisfait sa chair... son coeur, lui, criait toujours.

La pluie cessa à son tour. Dans quelle mesure cet orage était le symptôme de leur propre état d'esprit, il n'en savait rien. Il alla suspendre son pantalon trempé aux branches pour qu'il sèche, ouvrit les fontes de sa moto et en tira une autre tenue. Il n'en possédait pas beaucoup. Toutes noires, toutes semblables, de toile rêche et solide. Il sentait l'organe affolé cogner dans sa poitrine comme pour s'échapper. Malgré ses gestes lents et mesurés, il n'avait plus rien de paisible. C'était la vérité de sa nature qui remontait à la surface. Il y avait plus de deux siècles que la paix n'existait plus dans son âme.
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MessageSujet: Re: cosmic nighttale ft. Namaël   cosmic nighttale ft. Namaël - Page 2 EmptySam 25 Avr - 16:05



Aux abords d'une falaise où découlait le torrent fougueux d'une cascade, une silhouette drapée de noir se tenait là, aux abords du précipice. Regard pourpre, sanguin, perché comme un fleuve de lave sous les éclats blafards de ces lunes crayeuses. En proie au duel infâme que sa psyché s'efforçait de faire danser sous ses prunelles, jusque dans son corps, comme un milliers de morsures infâmes, décadentes.

La foudre et la pluie se mêlèrent à ses oreilles comme une mélopée furieuse, comme si les aléas de ce monde, le sien, se mêlaient aux tourments affligeant son âme, y répondant, comme une sorte d'écho, d'ivresse dont Tenebris se gorgeait à la renaissance de son maître. Ces gouttes était alors la manifestation de cette mélancolie sourde, battant sur son crâne, jusqu'à venir imbiber le cuir noir de son armure et la foudre. Cette colère. Cette rancune. Cette amertume, de n'avoir pu être là pour eux, d'avoir laissé Namaël, là bas, sans réponses, sans explications, sans un mot.

Cette sensation aigre, amère, de se mentir à soi-même, alors que la réalité était bel et bien là. La sensation froide de la pluie coulant dans sa chevelure de jais, sur son visage, le goût de cette peau pâle roulant encore contre sa langue, de sa carne chaude contre la sienne. Il avait envie de rire, d'hurler, de saccager la moindre trace de ces battements que son palpitant venait à subir.

« C'est impossible... »

Qu'il laissa filtrer, dans un souffle grave.

Et si... Si.

Si Namaël était son âme-soeur ?

Et si Faël lui avait mentis ?

Un éclair tonna, non loin, dans un grondement qui peina à l'arracher à sa torpeur. Il l'avait cherché, durant des millions et des millions d'années. Dans les cieux, jusque dans ces infâmes bas-monde, aux travers des mers et des océans, dans les longs corridors vides de ces palais froids, jusque sur les grèves immaculées de terres lointaines, dans ces monts venteux habités par des tribus barbares, sous la chaleur ardente de déserts dévastés. Il n'y avait trouvé que le chaos, cette anarchie par laquelle, depuis toujours, sa vie avait été régis.

Il l'avait vu. Partout. Partout où il avait pu poser ses pas. Mais en vain. Ce n'était que chimère, fantaisie, qu'il avait fini par oublier entre les bras d'amants et d'amantes de passages. C'était facile, avec eux. Il n'était pas question de sentiments, juste de réconfort. Mais maintenant qu'il l'avait rencontré, tout était remis en question. Comme si tout ce qu'il avait connu jusqu'ici n'était que frivolités et légèreté.

Était-ce ça, que Vayron avait ressentis, à chaque fois qu'il avait porté son regard sur Svetlaël ?

Son myocarde s'accrochait à cette idée, comme s'il venait de trouver ces mêmes battements jumeaux, gémellaires, cette fusion parfaite, légendaire, mythique. Mais son esprit, lui, se sentais comme pris au piège dans une gueule enténébrée, vaste et inconnue. L'idée d'être lié et ce pour l'éternité à un autre faisait naître des abîmes froides en lui.

Maintenant qu'il considérait la chose, il devait en avoir le cœur net. Mais pas maintenant, pas ce soir, ni demain, car demain, d'autres desseins les attendaient.

Ses prunelles sanguines, fiévreuses s'allongeaient plus bas, à la fin de cette interminable chute. Un peu d'eau froide, peut-être que ce plongeon reviendrais à mettre de l'ordre dans le flot infernal de ses pensées.

~~

N'avait-ce pas été la plus longue nuit de sa vie ? La psyché dévorée par des images étouffantes, au point que son souffle s'en coupe en un rythme haché, anarchique. Combien de fois avait-il été tenté de rejoindre le camp pour fondre sur les lèvres du déchu, le défaire de ces maudits vêtements bien trop étroits afin de se repaître de sa peau et de boire ses soupirs ?

Ce ne fut qu'au petit matin qu'il revint, l'orage calmé, la terre gorgée de l'eau de pluie. Si Namaël avait été dans le même état que lui, il avait l'intuition que l'ange était encore debout. Mettant un peu d'ordre dans ses mèches humides, collant à ses tempes comme une nuée d'anguilles abyssales, barrant parfois son regard verdâtre, il se téléporta de nouveau jusqu'au camp.

Une fois sur place, sa première pensée et comme toute celles qui avait hanter sa longue nuit échaudée se posèrent de nouveau sur le centre de toutes ses dernières attentions. Ce fut avec une gêne nouvelle, qu'il se découvrit, honteux de l'avoir abandonné au beau milieu du néant, qu'il vint à lui accorder quelques mots.

« La nuit a été longue... J'ose espérer que ça n'as pas été ton cas. »

Il posa son regard sur le feu, les braises éteintes que la pluie avait sûrement dû faire s'étouffer. L'idée de le savoir seul, abattu avec ses propres pensées sous un torrent de gouttes azuréennes fit naître un sentiment de culpabilité plus grand, encore, en lui. Tout ne semblait être qu'une multitude de signes que le Mundis semblait lui envoyer.

« Enfin ! »

Qu'il s'exclama, frappant dans ses mains, d'un air enjoué, cachant ses propres tourments intérieurs d'un sourire amusé.

« Peut-être aurons nous des nouvelles de notre ami aujourd'hui afin de nous mettre en route ! Un vaste tombeau remplis de secrets, ça ne t'excite pas, Namaël ? Personnellement, j'en suis tout émoustillé. »

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MessageSujet: Re: cosmic nighttale ft. Namaël   cosmic nighttale ft. Namaël - Page 2 EmptyDim 26 Avr - 15:43

Comme souvent, l'ange déchu avait oublié à quel point il pouvait être vulnérable. Sa santé d'autrefois, qui aurait balayé cette humidité d'un battement d'ailes, vacillait maintenant dans de désagréables frissons. La pluie lui collait aux cheveux ; elle semblait courir en autres averses et en autres orages juste sous sa peau. Mais Namaël se sentit mieux dès que le sorcier reparut. Son regard s'éclaira et il sortit de sa méditation, d'un bond, avide de contacts, à peine capable de modérer ses gestes. Il songea qu'il s'était simplement un peu trop inquiété, et qu'il n'y avait pas à craindre de retombées maladives.

"Ne t'en fais pas pour moi."

J'ai l'habitude, faillit-il dire, mais il avait conscience que c'était un peu mélancolique et il ne voulait pas gâcher ce moment. Il se contenta de s'approcher de son ami et poser son front sur le sien un instant. Puis il songea que Kaël avait repoussé bien des démons cette nuit, étant donné les paroles équivoques sur lesquelles il l'avait quitté, et reprit une légère distance. Il devait l'y aider, pas lui rendre la tâche plus difficile.

"J'espère que tu as pu te dégourdir les jambes. Je comprends parfaitement que tu en avais besoin."

Cette tentative de générosité sonnait un peu artificielle. Dans toute son attitude, entièrement tournée vers le sorcier, on pouvait lire qu'il avait souffert de la solitude imposée. Mais il pouvait toujours accuser le désagrément de ses vêtements froids, séchés au vent de la plaine. Il y avait de quoi être légèrement tendu. Au bout de quelques minutes, les frissons reprirent. Il était fiévreux. C'était un état qu'il avait toujours du mal à reconnaître ; il lui semblait absurde. Il ne lui correspondait pas. L'ange se réfugia dans le bonheur des retrouvailles pour oublier tout le reste. Il y avait là de quoi s'étourdir.

"L'orage ne t'a sans doute pas gêné. On aurait dit que le paysage saluait ton retour."

Il éprouvait une étrange fierté à cette pensée, même si c'était une façon assez maléfique d'influer sur le territoire ; mais au fond, tout valait mieux que ce terrain dévasté. Une petite tempête pouvait remettre les choses en train, et faire démarrer la photosynthèse pour cacher toute cette pierre nue. Une feuille de vigne sur cette dévastation indécente. A cette pensée, Namaël se passa la main dans les cheveux avec un léger embarras, puis remonta sur sa moto.

"Si la rencontre de ton ami est du même style, nous n'allons pas nous ennuyer."

Une petite lueur de jalousie lui monta aux yeux pendant quelques secondes, puis il la balaya d'un signe de la main. Il était tout à fait disposé à patienter sur le bord de la scène, tandis que le prisonnier reprendrait possession de son ancien territoire et découvrirait les changements qui s'y étaient opérés. Il se contenterait de garder l'oeil ouvert, et de réagir si quelqu'un s'approchait avec de mauvaises intentions. Tant que Kaël ne retrouvait que des alliés et des courtisans, ça ne le regardait pas, après tout.

"Accroche toi derrière moi, et indique moi la route. Je vais te conduire. C'est un bon cheval, apte dans tous les terrains."

Il avait même franchi des gouffres assez impressionnants, avec cette moto ; il suffisait de la lancer assez vite et de ne pas hésiter une seule seconde. Pour être honnête, il avait aussi fait de très vilaines chutes. Mais il préférait ne pas y penser. La présence d'une autre personne le rendait plus prudent et plus responsable ; il avait quelque chose à perdre.
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