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 Dark planet, the inhabited island [Sujet libre]

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Sandy Underwood

Sandy Underwood


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Occupation : détective privé des ombres
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MessageSujet: Dark planet, the inhabited island [Sujet libre]   Dark planet, the inhabited island [Sujet libre] EmptyVen 3 Avr - 14:19

RECURRING DREAMS * Sujet libre

HOPE IS NO MORE.
And O, long since the golden groves are dead,
The faery cities vanished from the land!


Dark planet, the inhabited island [Sujet libre] Sans-titre-6



Chaque nuit, il était ramené à cet endroit. Il fermait les yeux dans son lit à La Nouvelle-Orléans, et il les rouvrait dans un hamac de cette petite ville portuaire sur la Méditerranée. Une ville envahie par la piraterie, qui sentait la forge, la pierre à fusil, les chevaux et l'effort. Le sel et le sable imprégnaient tout. L'air mordait la peau d'une bouche chaude aux dents piquantes, joueuse plutôt qu'agressive. Les poteries de terre et les gobelets de métal s'entrechoquaient dans la taverne voisine, jour et nuit.

Sans doute une âme errante qui tentait de lui raconter son histoire. Mais ce n'était pas un mode de vie confortable ; Edmoon en venait à ne plus savoir où était le rêve, et où était la réalité. Si on venait le secouer dans son hamac, il s'évanouissait à La Nouvelle-Orléans, et impossible de le réveiller tant qu'on ne le laissait pas se rendormir sur l'île pirate. Il était pris dans une double dépendance, et dans le doute, veillait à manger de façon substantielle dans chacun des deux univers. C'était plus facile dans celui dont il partait ; il avait là-bas un emploi régulier, un compte en banque relativement stable, des plats préférés, des stands de fast food où il se rendait volontiers...

Sur l'île, tout était flou. L'époque, la culture, les droits... il ne savait pas ce qu'il pouvait se permettre ou non. Une impression désagréable, chaque fois qu'il se risquait à regarder une autre personne en face, lui soufflait que tout était permis, aussi bien pour lui que pour les occupants les plus mal intentionnés des lieux. Alors il chapardait, et il évitait les tueurs. C'était ce qui lui avait paru le plus sage pour rester en vie. Explorer ? Monter à bord d'un navire ? Il n'était pas dans un jeu vidéo. Quelque chose lui soufflait qu'il jouait sa vie.

C'était peut-être le dix-huitième siècle qui le rappelait à lui, qu'il le veuille ou non. Il s'était déjà posé la question : non, il ne le voulait pas. Revenir entre les pages d'un roman, ce serait se mettre en cage, jouet d'un destin écrit par un autre. Revenir à une époque révolue, c'était pire encore : se soumettre aux méandres d'une Histoire dont il connaissait désormais la suite, et la lenteur. Mieux valait encore se laisser flotter sur les eaux boueuses du Mississippi.

Ce matin-là, ce furent des cris qui le réveillèrent, dans son hamac sur l'île. Volontairement, il s'était coupé le doigt pour faire une expérience ; ce doigt était intact lorsqu'il se releva, sur le toit en terrasse où il avait trouvé refuge. L'étage au-dessous était inoccupé, le propriétaire étant mort dans de mystérieuses circonstances. Les autres se moquaient de sa présence. Il regarda d'où venaient les hurlements, et aperçut un autre toit, à une dizaine de mètres : celui du bordel, grosse bâtisse laide en torchis mal égalisé. Un combat y avait lieu. Les adversaires étaient si acharnés qu'ils avaient ramené leurs chevaux. Intrigué, il mit la main en visière pour tenter de distinguer ce qui se passait.

Au loin, on distinguait le continent, les rangs de végétation vert sombre qui barraient les rivages de la mer, et le désert au-delà, les dunes chantantes, qui tremblaient sous la lumière impitoyable. Un tremblement qui se communiqua soudain à la scène de bagarre. Une porte de lumière, sorte de vortex flamboyant dessiné par une magie inconnue, s'était ouverte dans les airs, au bord de la terrasse du bordel. Trois cavaliers blessés, montés sur un colosse de cheval à la robe d'écume, se jetèrent dans le vide et franchirent la porte, qui disparut comme un mirage.

Comme les autres occupants de l'île, Sandy restait foudroyé. La surprise passée, il s'aperçut qu'on le montrait du doigt. Il entendit crier le mot de "sorcellerie" et comprit à ce moment qu'il allait avoir de graves ennuis. Son physique atypique lui avait souvent attiré des regards en coin, des murmures méfiants et même quelques insultes corsées, que ce soit à La Nouvelle-Orléans ou ici. Mais ça n'avait jamais été plus loin. Cette fois, c'était sérieux. Il avait quelques minutes pour disparaître. Il le savait, aucune porte de lumière ne s'ouvrirait pour le sauver.
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Arkhas Vasilios

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Pravus




Occupation : Il débuta ses premiers pas hors d'Elpida et de sa fatidique chute en tant que VOLEUR, mystérieux justicier volant aux narcos colombiens afin de donner à la fange ce qu'ils méritent, repérer par les dévoreurs d'aubes, il exerce en tant qu'ASSASSIN, bien qu'il aime à s'aventurer en des contrées reculées en tant que chasseurs de chimères, pilleurs de tombeaux, de vestiges sacrés, TOMB RAIDER AU MASCULIN
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MessageSujet: Re: Dark planet, the inhabited island [Sujet libre]   Dark planet, the inhabited island [Sujet libre] EmptyMar 21 Avr - 14:04



I was just a kid
I needed answers
I found a screen
Promised adventure
Just as I thought
I had it all
I pulled the trigger
And nothing happened


I was in a dream
I was in heaven
I saw a god
I had a question
Opened my eyes
Fell out the sky
Tried to remember
But there was nothing




Ils étaient là. Leurs corps baignés dans la chaleur de leur astre natif, leurs crinières brunes embaumé d'iode et leurs corps musculeux luisant des écumes récentes. Bondissant et rugissant tel des fauves solaires, ils avaient finis par s'écraser dans le sable, deux comètes brûlantes et insatiables.

« Si c'est ça, ce que tu veux leur offrir, je comprend pourquoi ça te tiens autant à cœur. Moi, d'où je viens, les étoiles sont encrassées de fumées et le ciel n'est qu'un amas de couleur superficielles, pixelisées. »

« Rappel toi d'jamais m'inviter là bas. »

« Ahaha ! Jamais. Je préfère rester ici. Puis... après tout, c'est devenu mon chez-moi aussi. Tous mes souvenirs, c'est à cet endroit qu'ils appartiennent... Dit moi, en parlant de souvenirs. J'ai encore rêvé d'eux, l'autre soir. C'est étrange. Depuis que je suis ici, avec toi. J'ai l'impression que tout mes sens sont comme... accrus. »

« C'normal. À chaque porteur son propre fardeau. D'chez nous, on appelle ça la mémoire génétique. »



Ce soir là, il avait fait les cents pas dans cet appartement d’emprunt, l'esprit lourd de fatigue, mais ce besoin anxieux, angoissant, que de se dégourdir les pattes pour faire face aux images qui hantait les limbes de sa psyché. Il s'était alors fait chauffer un café, perché à la fenêtre avec cette cigarette au bec, il avait souligné de ses orbes brunes, l'arête des montagnes qui précédait le canyon du Chicamocha. Les rues du village, désertes, à cette heure si tardive, où lui peinait à trouver le réconfort du sommeil.

Seul ce bâton de tabac pour satisfaire ce chaos intérieur. À tenter de s'allonger, de fermer les yeux, ne serait-ce que quelques secondes pour trouver les bras de morphée, mais impossible. Peut-être était-ce la chaleur étouffante de ces terres latines, où de ces mémoires, qui sans cesse, venait à le hanter. Ces spectres du passé, échoué sur leur île solitaire, coulant des jours qu'ils n'avaient jamais aperçu.

Et puis, il avait fini par rebrousser chemin jusque sous la douche, à température glaciale. Les muscles tendus, foudroyés de nervosité, dans l'attente d'une fougue endormie, latente. Le calme fauve, jamais sûr, jamais certain. Ce crâne brun bercé sous les vapeurs froides, les paupières closes, à n'entendre que ces perles, comme une myriade de gouttes, s'échapper jusque sous ses pieds.

Mais, il y avait autre chose. Embruns de sels, le doux remous des vagues, montant en lui comme une réminiscence égarée. En sortant, tout en nouant une serviette autour de sa taille, il pouvait l'entendre. Les ressacs, le bruit de l'écume se balançant sur des grèves immaculées. Attrapant un jean à la volée, il fini par ouvrir la porte de la salle de bain... sur la vue d'un océan. Gouffre de saphirs luisants dont il sentis bientôt l'épais manteau marin s'abattre sur sa peau. Et puis au loin. La vague. Torrent de fureur, qui finis par l'engloutir dans les entrailles de sa peur viscérale. Les abysses.


~~


« Et toi, mon petit Arkhas, qu'est-ce que tu veux faire, plus tard ? »

Un ricanement. Un brin moqueur. Une caresse, sur son crâne jonché de mèches brunes. Et le portrait d'un homme, au sommet d'escaliers de marbres.

« Je veux être un héros ! »

Un héros.

Dans un sursaut, ses prunelles s'ouvrirent sur une marée de grains, pris d'un haut le cœur, il cracha une gerbe d'eau salée. À ses oreilles, un bourdonnement, familier. Et à ses pieds, sous ses mèches d'encres - qui par habitude bouclées, collait désormais à ses tempes comme des anguilles d'encres - de l'eau. Non. Une vaste infinité bleutée.

Il eut de nouveau un haut le cœur, cette fois-ci, non par faute d'avoir bus la tasse, mais recrachant tout ce café qu'il avait bu quelques minutes (heures ?) plus tôt. Son palpitant cognait dans sa cage thoracique et durant un instant, il se demanda s'il n'était pas retourné - par la force d'un quelconque paradoxe - sur les rives de son enfance. Le cadre idyllique. Elpida. Avec ses entrailles faites d'écumes, ses jungles jonchées de bêtes légendaires et sa haute falaise où un manoir de marbre surplombait un tranquille petit village méditerranéen.

Mais en levant son regard au loin, nulle falaise. Le désespoir étreignit sa peau d'un léger spasme. Gorge douloureuse, de nouveau obstruée par un nouveau crachat de caféine. Son poids lourd, sous ses bras soutenant son corps en suspend au dessus du sable. Ses doigts tatoués creusant dans le sable, presque comme pour y déterrer une vérité occultée.

Un souffle et puis, il fini par retomber dans le sable, sur ses genoux. Le décors autour de lui, avait beau être familier, il savais, pourtant, que ce n'était pas les mêmes échos qui habitait ceux de ses mémoires. Il n'y avait qu'à voir ces bâtisses de bois, ce port, ces larges bateaux de coques boisées arborant des drapeaux aux insignes différents.

« Où est-ce que j'suis, putain... ? »

Quelques minutes plus tôt, il était dans sa salle de bain et à peine avait-il eut le temps d'enfiler un jean déchiré sur ses hanches, qu'il avait chuté dans les eaux. Balayé. Le corps secoué vers l'avant, projeté dans un chaos d'écumes et de coraux. Et tout juste après avoir échappé à la noyade de justesse. Ici. Comme un naufragé sur ses rives solaires.

Pris au piège, dans un rêve. Et le fauve, tournait déjà en rond dans sa cage. Prêt à faire s'abattre ses griffes sur le carcan de sa psyché.

Ici. Ça pouvait être nul part et partout à la fois. Il fallait qu'il en sache plus, qu'il dénoue la réalité du rêve.

Les muscles lestes de son dos s'étirèrent avec souplesse lorsqu'il se leva pour dominer la plage de sa hauteur. Au loin, s'étendait ce qui ressemblait à de grands hangars boisés. Ce n'était pas par là qu'il devait aller, non, vers la ville, à même vers cette agitation bruyante, elle seule, capable de lui apporter des réponses.

La peau nue de ses pieds sentait à peine la piqûre brûlante du sable échaudé, il en fut rassuré. Signe qu'ici, il était encore maître de ses pouvoirs. Bientôt, le sable fut remplacé par des terres chemins de terre, cette ville ressemblait à un décors de vieux western spaghetti. Si la ville ne manquait pas de canasson, peut-être qu'il en volerait un afin de s'en échapper. Trouver une issue. Par n'importe quel moyen.

Et puis, il y eut des cris. Non loin. En hauteur, là bas, sur ce qui s'apparentais à un bordel. Des catins en bas jarretelle en sortais, mamelles à l'air, en hurlant au diable. Et en hauteur, des silhouettes, paraissait si minuscules d'ici, qu'il n'en percevait que les contours, un cheval... Et des flammes ?

Des flammes, dans la main d'un homme au crâne rasé.

Son cœur fit un bond. Et aussitôt il s'élança à l'assaut des rues, ses longues jambes musculeuses battait la terre sous ses pieds et son souffle se comprimait douloureusement jusque dans ses poumons. Mais lorsqu'il arriva, n'en restait plus qu'un brasier, qui peu à peu venait à lécher la bâtisse mal en point.

On hurlait à l'infamie, pointant du doigt un homme, non loin, sur une terrasse. Foule compacte qui foudroyait du regard un jeune homme couvert de tâches de rousseurs. Était-ils aveugles, sourds ou bornés ? Peut-être un mélange des trois. Le dit homme n'avait point bougé d'un iota, resté perché près de sa terrasse, comment aurait-il pu être le responsable de cette lumière éclatante et de ces flammes ardentes ?

Et puis, il y avait cette intuition au fond de lui, qui après avoir vu les flammes surgir de la main de l'inconnu, lui chuchotant qu'il n'était pas arrivé ici par le plus grand des hasards.

Serrant les poings le long de ses hanches, jointures blanchies, couvertes d'encres, l'arc noir de ses sourcils se froncèrent.

« Hé ! Bandes de péquenauds ! Fermez vos gueules ! »

Qu'il cria, de sa voix grave, vociférante, teintée d'un accent lointain, étranger. La colère pulsait dans ses veines, comme un feu grandiose, inaltérable, explosif.

Il se doutait déjà de la raison de leurs affirmations, mais le Vasilios, comme pour prendre un malin plaisir à retourner le couteau dans la plaie et retourner leurs propres arguments contre eux, faisait preuve de sa fureur constante.

« On s'en bas les couilles de qui ou qui est l'responsable. »

Crocs en avant comme pour feuler sa haine à leurs visages, prunelles sombres, couvertes d'un voile menaçant, les muscles couverts de contes noirs, tendus, le corps arqué, comme prêt à bondir en avant, sur ses opposants.

« Mêlez vous d'votre putain d'feu avant qu'il finisse par cramer vos sales gueules d'raclures d'chiottes qu'vous êtes ! »

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Sandy Underwood

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MessageSujet: Re: Dark planet, the inhabited island [Sujet libre]   Dark planet, the inhabited island [Sujet libre] EmptyMer 22 Avr - 1:26

RECURRING DREAMS * A. Vasilios

Do you fight for pride or glory ?

You were taught to leave no man behind
I don't know where you have gone
You used to be the heart of this town

Where is your backbone, brother ?






"Merci mais... ne vous faites pas tuer. Ils sont bien cinquante," objecta Sandy faiblement en tentant de repérer une voie de fuite.

Il ne savait pas comment expliquer qu'il n'était peut-être pas en danger, qu'il rêvait peut-être... bah, à quoi bon ? Si c'était un rêve, à quoi bon dissuader quelqu'un de prendre des risques pour lui, puisque personne ici n'était réel... Il n'avait jamais réalisé à quel point un rêve était proche d'un film de zombies.

Mais ils étaient loin, les zombies de La Nouvelle-Orléans, aussi loin que les fantômes d'Ecosse, et le médium égaré avait l'impression que cette scène devant lui était plus réelle que tout ce qu'il avait vécu autrefois. Ces muscles tendus sous le parchemin mystique des tatouages, cette voix grondante qui secouait la foule marbrée de toutes les origines pirates. L'homme qui s'était interposé semblait à la fois l'un d'entre eux et autre chose. Il était plus net. C'était étrange à dire mais quelque chose dans sa silhouette semblait tracé d'un trait élégant d'encre de Chine, quand tout le monde dans cette scène était dessiné au bout grossier d'un charbon tiré du feu.

A propos de feu, le bordel était dans un sale état, et les filles se précipitaient en tous sens dans les rues. Difficile de dire si elles pleuraient la destruction de leur lieu de travail, ou si elles riaient de reprendre leur liberté. Seins nus secoués par la course, boucles échevelées aux teintures criardes, c'était ce qu'on appelle communément un beau chaos.

Les rugissements du lion noir avaient attiré le chef de meute local, un loup de mer au pourpoint de cuir râpé par le sel. Sur son passage, les fous dangereux s'égaillaient comme de petits poissons d'argent, balayés par les ondes invisibles de son charisme d'acier. A sa main au poignet épais se balançait un marteau de guerre orné de deux crocs symétriques, prêts à s'enfoncer dans les crânes de ceux qui lui tiendraient tête. La tête en question ne ferait pas long feu.

"C'est moi le chef, ici. C'est moi qui rends la justice." Le timbre de sa voix était lourd et assertif, de ceux qui n'attendent pas de réponse. Mais tout chef qu'il soit, il ne faisait pas l'unanimité. Cette terre n'avait pas de régime politique stable, c'était la loi du plus fort. Et en ce moment, le nom du plus fort était remis en jeu.

Un des hurleurs de l'assistance, resté coi tout à coup, fixait le nouveau venu avec une attention absolue. On aurait pu croire qu'il avait vu un spectre. Nul ne savait d'où il venait, nul ne lui avait posé la question, mais il reconnaissait quelque chose en Arkhas. Lui-même ne semblait pas être totalement certain de son jugement, mais cela lui suffisait pour voler l'attention dûe au chef autoproclamé. Cette incarnation de la colère emportait son assentiment.

Le jeune homme, d'ailleurs, était parfaitement insignifiant. C'était l'un de ces pêcheurs de perles qui travaillent au fond des eaux cristallines, un simple couteau à la main pour repousser les requins, les murènes et les pieuvres. A terre, il était moins nu qu'au travail mais il ne lâchait pas son couteau.

"Emmène-moi là d'où tu viens. Je veux quitter cet endroit."

"Quitte le donc ! Et voilà ma justice," ajouta le vieux pirate en se tournant vers le traître. Du moins, c'était clairement ainsi qu'il le percevait.

Un grand coup de marteau vint sonner contre le crâne du plongeur qui s'ouvrit dans une gerbe de sang. Les autres sautèrent en arrière et Sandy ne fut pas le dernier. Il sentit aussitôt que la mort était sur ce jeune homme. Il la sentait planer. Une perception différente de sa présence. Une ombre qui devenait soudain plus solide que le corps, agité de tremblements animaux, les cuisses grotesquement écartées dans une tentative pour repousser la terre, la plaie déjà souillée de sable.

"C'est bon, c'est bon !" cria Sandy en levant les bras. "Ne vous battez pas pour moi, je suis loin d'être le plus joli minois en ville. Et j'avoue, je suis un sorcier. Je viens pour délivrer votre ville de ses morts errants."

Autant jouer le rôle à fond... quel qu'il soit. Il comprendrait quand tout serait fini. D'ici là, mieux valait se résoudre à l'improvisation.

La foule était partagée. La perspective d'écarter les malédictions des morts plaisait à ces âmes tourmentées, plus souvent coupables qu'innocentes. D'un autre côté, le chef venait de prouver que ceux qui affronteraient son autorité le regretteraient amèrement. Un nom courait sur les lèvres, le sien sans doute : Golgotha. Sandy cherchait désespérément dans ses souvenirs ce qu'il pouvait avoir à faire avec cet univers, mais vraiment, rien ne lui venait à l'esprit.

Il pouvait avoir deux utilités ici : les morts, ou l'encre. Mais il lui semblait périlleux d'utiliser l'encre ici, dans un monde où aucune photo n'existait peut-être pour le sortir de son univers parallèle. Il n'avait aucune idée de retourner s'enfermer dans les ténèbres, même si les tatouages de son allié inattendu lui rappelaient son pouvoir à chaque instant. Pour le reste, il ne savait même pas à quoi il pouvait servir. Quelque chose lui disait qu'on lui avait appris l'escrime dans une autre vie, mais rien ne garantissait que la mémoire musculaire lui permettrait d'y recourir en cas de danger...

En cherchant des yeux les morts autour de lui, il réalisa qu'il ne savait pas les distinguer des vivants, mis à part en étudiant leur comportement. Il fit signe discrètement au jeune homme qui venait d'avoir le crâne ouvert, et qui regardait son cadavre, à présent immobile et affaissé dans la foule indifférente, le regard vitreux. A son appel, l'âme flottante s'écarta des autres brigands et vola dans sa direction, comme emportée par le vent.

"Reste près de moi et montre-moi les morts," demanda-t-il entre ses dents.

"Oui monsieur, mais ne me laissez pas ici... oh, ça va être long. Vous ne trouvez pas que les rues sont encombrées tout à coup ?"

En regardant en bas, Sandy réalisa que la terrasse paisible donnait maintenant sur une marée humaine. Et tous ces visages qui approchaient avaient les yeux tournés vers lui. C'était une bonne manière de faire le tri, s'il fallait trouver un aspect positif. Les vivants, qui ne s'en rendaient pas compte, s'intéressaient davantage au duel qui allait fatalement s'amorcer entre leur chef et l'inconnu. Ce dernier ne semblait pas décidé à prendre la fuite si facilement. Mais cela changerait peut-être, lorsque le marteau de guerre se remettrait à tournoyer.
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Arkhas Vasilios

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MessageSujet: Re: Dark planet, the inhabited island [Sujet libre]   Dark planet, the inhabited island [Sujet libre] EmptyMer 22 Avr - 10:01





"Emmène-moi là d'où tu viens. Je veux quitter cet endroit."

Trop tard. Trop tard, Arkhas. Trop tard pour écarter le carcan de ses crocs, bientôt souillé du sang de l'homme gisant, quelques mètres plus loin. Terre battue par le liquide ferreux, grimpant aux narines de la bombe vivante. Montagne de muscles vifs et nerveux et ces veines, comme gorgée de cette encre empoisonnée, nocive, coulant sur sa peau mordorée comme des dragons de suie.

La vie, à nouveau, venait de lui être arrachée. Sous ses orbes sombres, abyssale, mais si l'on savais bien observer, dans les vestiges profond de ce néant, une flammèche y brûlait. Irritée par ses vents intérieurs, comme l'on titille une flamme du bout d'un tisonnier. Vorace et vivante. Dévorant une conscience aliénée, ravagée. Des landes désertiques, hantée par des tombeaux habitées par des spectres hurleurs. Ce même cri, cette même essence qui s'insurgeait dans ses veines. Cette haine. Ce puissant élixir de fureur et de fougue.

Cette étincelle dans le creux de ses poings fermés, bientôt, léchant ses phalanges tatouées, les couvrant tel des gants de flammes ardentes, enragées. Le regard de ce félin fou posé sur les restes d'un cadavre frais, montant bientôt jusqu'au porteur de ce marteau dégoulinant d'hémoglobine.

C'était si facile. Si facile. Il suffisait d'un rien. D'une friction. De cette haine, stockée dans le fleuve de ses veines, cette essence noirâtre. Une étincelle pour répandre les flammes comme une traînée de poudre. Un éclat, dans ses prunelles. Une torche. En hauteur. Ces silhouettes, intangibles, aux armures solaires, leurs postures olympiennes et lui, aux pieds des marches, dans leurs ombres immortelles.

Ils attendent.

Mais quoi ?

Trop tard.

« Tu vas payer, hijo de puta ! »

Un faisceau. Non. Une langue de feu. Immense et rougeoyante. Crépitante. Jaillis tel le crachat d'un dragon, venimeuse et haineuse, allant s'abattre sur le porteur du marteau. Les conséquences, les regards, le monde, qui tanguait autour de lui, tout s'était éteint. D'un coup. Comme ça. Leurs cris horrifiés, leurs jambes faisant demi-tour, s'écartant du brasier soudain. Comme si le centre de ce nouvel univers se concentrait en un unique et même point. Celui de cette silhouette broyée sous les flammes.

L'autre, avait beau être couvert de cette colère brûlante, que le feu continuait de jaillir dans le creux de ses paumes. Peut-être était-ce un autre visage, qui se dessinait, là, sous le monticule de ce bûcher belliqueux, des traits appartenant à un autre.

La nuit noire. Un cri sous les flammes léchant la nuit. L'abysse arrachant son souffle. La vague, énorme et gigantesque, couvrant l'île dans les flots. Le noir.

Et puis, soudainement, le feu dans ses mains s'éteignit. Plus loin, l'odeur de la chair carbonisée se berçait à ses narines en des effluves grisantes, familières. Son regard hagard, perdu, se posait sur la foule paniquée, effrayée. Comme s'il était porteur d'une maladie mortelle. Celle de la folie, sûrement. Tare de ce sang frelaté glissant dans le fleuve de ses veines.

Prunelles éteintes, presque soulagée, comme rassasiée, quoi que désorientée. À la recherche d'une ancre, d'une accroche. Vide. Si vide. Et ce tourbillon, emportant sa psyché. Où est-ce que je suis ? Qui sont ces gens ? Putain ! Sortez moi d'ici ! Sortez moi de là !

Une fièvre étreignait ses entrailles, brûlante, incandescente. Et ses membres, tel un automate, se détournèrent, ses prunelles de bistre se posant en hauteur. Là. Lui. Il était un sorcier, non ? Il pourrait l'aider. Il fallait qu'il l'aide.

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Sandy Underwood

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MessageSujet: Re: Dark planet, the inhabited island [Sujet libre]   Dark planet, the inhabited island [Sujet libre] EmptyMer 22 Avr - 13:55

RECURRING DREAMS * A. Vasilios




La bataille avait été brève. Le fantôme auprès de Sandy eut une exclamation de joie, presque d'émotion, en voyant jaillir les flammes. Il n'était même pas content d'être vengé ; il avait l'air d'un enfant émerveillé par un cracheur de feu sur la place du marché. Sandy le considérait avec perplexité, mais ce n'était pas le moment de poser des questions. En bas, un second homme venait de mourir, et le silence s'était fait sur la rue. On entendait crier les oiseaux de mer. Pourtant, pour une fois, il ne leur resterait rien à se mettre sous le bec.

Tout à coup, une clameur barbare monta de la foule des vivants. C'était une ovation. Ils acclamaient Arkhas, leur nouveau chef.

Des bras se tendirent de partout pour le porter en triomphe ; les filles échappées revenaient, furtives, une main maigre ramenant pudiquement un coin de voile déchiré devant leurs poitrines fatiguées, pour voir le visage du maître. Elles formaient de petits sourires entendus : il n'était pas mal du tout.

"Descends parler aux autres, faut que je prouve mon utilité si je ne veux pas faire partie d'entre eux," jeta Sandy au fantôme, pour le sortir de sa transe contemplative. "Je te rejoins."

Il s'engagea dans les escaliers aux marches inégales. Il n'était pas prêt pour ce qui allait suivre. Il n'avait jamais utilisé son pouvoir ainsi. C'était contraire à son éthique de travail. Mais il n'avait pas le choix. Ses jambes tremblaient, il trébuchait et se retenait au mur, et il se parlait à voix basse pour se donner du courage. Par les ouvertures sans portes battantes, il apercevait au passage les occupants des étages qui s'accoudaient à leurs fenêtres pour regarder en bas.

Arrivé sur le palier, il sentit peser sur lui le poids de cent regards, et sentit une vague de chaleur lui monter au visage. Il aurait pu s'évanouir. Le fantôme revint à ses côtés et annonça : "C'est bon. Mais tu sais ce qu'ils demandent en échange."

Sandy remarquait une étrange nuance, entre la manière dont ce fantôme s'adressait à lui, et celle dont il considérait le nouveau chef. D'un côté, une admiration sans mélange et tous les espoirs de la terre ; de l'autre... il ne savait pas vraiment, mais il arrivait parfois que les spectres prennent ce ton avec lui, comme s'ils étaient déçus de ne pas le voir en grande tenue de sorcier médiéval. Sans doute qu'il ne l'aurait pas casté dans le rôle du médium, à voir sa bouille. Bah, tant pis pour lui.

Il s'avança vers la foule compacte des morts ; des mains se tendaient pour recevoir ses pieds, s'appuyer à ses jambes, à ses hanches, à sa taille, et le sécuriser tandis qu'il s'élevait peu à peu, montant des marches invisibles. A son tour, il se retrouva porté en triomphe, par une foule invisible quant à lui. On le souleva face à Arkhas et il le regarda comme pour implorer son indulgence. Il avait simplement l'air de voler. Mais à la similitude de leurs postures, les brigands semblaient deviner ce qui se tramait.

"Maître des Vivants, le Maître des Morts te salue."

Nouvelle ovation. Cette fois, des fenêtres aussi. Il se demandait combien de ces visages pressés à toutes les ouvertures n'étaient visibles que pour lui seul.

Pour secouer un peu la foule, il se tourna vers les vivants en agitant le bras dans un geste royal :

"Vous avez entendu votre chef ? Allez éteindre l'incendie !"

Ce fut un profond soulagement, lorsque tous se dispersèrent et ils furent reposés à terre, dans le sable taché de sang et imprégné de cendres. Le fantôme de l'homme au crâne brisé tournait toujours autour d'eux, tel un guide prêt à leur faire visiter la ville. Il était encore un peu attaché à son cadavre. Lorsque celui-ci fut emmené, il parut hésiter à le suivre, puis se tourna vers Sandy :

"Je vais vous guider à la maison du chef. C'est comme un logement de fonction," traduisit-il.

Sandy se demanda un instant si lui aussi avait été capturé ici à la suite d'un rêve. Mais il se souvint que le Maître des Vivants n'entendait ni ne voyait rien ; il le prit par le bras et l'entraîna à la suite du fantôme, comme on guide un aveugle.

"Allez, viens voir ton nouveau palais. C'est mieux qu'un cachot. On pourra discuter tranquilles, là-bas."
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Arkhas Vasilios

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MessageSujet: Re: Dark planet, the inhabited island [Sujet libre]   Dark planet, the inhabited island [Sujet libre] EmptyJeu 23 Avr - 20:17



De monstre à héros, il n'y avait qu'un pas. Il s'était attendu au pire. À ce qu'on le chasse avec des fourches, des fusils, des pierres, de leurs prunelles sombres braquées sur lui et peut-être, en un sens, cela aurait été une bénédiction qu'ils l'expédient hors de ses terres, ainsi, il aurait pu trouver une issue pour s'en échapper. Retourner à la réalité, dans cet appartement au beau milieu de la campagne Colombienne.

Au lieu de quoi la foule scanda de joie. Hurlante d'acclamations, les catins qui jusqu'ici s'était dérobée revenait à grands pas, de leurs poitrines brinquebalante, leurs sourires de charmeuses et leurs grands yeux de biches. Savaient-elles que même le plus beau de leurs atouts le laissait de glace ? Bien qu'il n'appréciait pas la compagnie des femmes, loin de là, mais il trouvait chez les hommes un désir bien plus grand.

Il leva un instant les yeux au ciel, sans comprendre, agacé, décontenancé. C'en était risible. Voilà qu'on l'acclamait chef d'une île inconnue ! La foule l'attrapa pour le soulever au dessus d'eux tel un trophée gagné. Mais son regard, lui, s'accrochait désespérément au balcon plus haut, désormais vide. Déserté de la présence du dit sorcier. Où était-t-il ? Lui avait des réponses, il connaissait la magie, certainement le Mundis et comment s'échapper des entrailles de cet endroit de malheur.

Où bien n'avait-il était qu'un mirage de plus que cette île de malheur s'amusait à faire danser sous ses prunelles de bistre ? Les Dieux s'étaient-ils donc décidé à faire de ce naufrage une épreuve ? Non, ils l'avaient quittés. Depuis longtemps. Bien longtemps. À l'aurore d'une jeunesse arrachée. Les Dieux étaient morts et leurs trônes vides. Dans ce cas, quelqu'un l'avait amené ici, mais qui ?

Lorsqu'une silhouette familière émergea dans son champ de vision se balançant dans le vide à ses côtés, le Vasilios eut un temps d'arrêt. Tout esprit rationnel aurait paniqué, provoquant le pire pour prendre ses jambes à son cou, mais il n'en était rien. Il avait affronté des hydres cracheuses de flammes, des mages illusionnistes ou encore, de ces femmes bêtes capable de se métamorphoser en créatures géantes et carnassières.

Maître des morts. L'information se glissa dans sa psyché comme un venin mortel. Il était avec eux ? Depuis le début, tout n'était qu'une mascarade ? C'était lui, qui l'avait amené ici ! Lui, qui l'avait forcé à affronter cet homme auto-proclamé chef afin de gagner les faveurs de la foule, qui plutôt, ne lui avait fait que preuve d'aversion.

Impassible, Arkhas s'échappa de la foule, l'observant de son regard ombrageux lorsque celui-ci se décida à lui attraper le poignet pour l'entraîner à l'écart. Il devait en avoir le cœur net, se défaire de cet horrible sensation de s'être fait trompé comme un bleu depuis le début.

Nouveau palais ou non, il comptait avant tout s'échapper d'ici.

Se laissant entraîner dans le sillage de ce sorcier funèbre, il attendit le moment opportun, celui où enfin ils se retrouvaient seuls au beau milieu d'une ruelle déserte. Félin bondissant, il attrapa à son tour son poignet, l'envoyant valser contre un mur pour attraper son visage en coupe de ses griffes fauves.

« Tu vas m'expliquer c'quoi c'putain d'bordel ! C'toi qui m'a fait v'nir ici ?! »

Prunelles folles, démentes, alimentées d'un feu intérieur ravageur, l'arc ombrageux de ses sourcils froncés, menaçant.

« M'mens pas, parce que j'le jure, sur tous les p'tains de Dieux du Mundis...  »

Crachant ses mots avec haine, presque avec défi.

« ...Que j'te réduis toi et c'foutu village en cendres. »

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MessageSujet: Re: Dark planet, the inhabited island [Sujet libre]   Dark planet, the inhabited island [Sujet libre] EmptyVen 24 Avr - 14:18

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Le cracheur de feu était de sale humeur. Pourvu que l'adrénaline ne le fasse pas exploser à nouveau. Sandy cherchait comment lui parler d'une voix rassurante, et surtout quoi lui dire, alors qu'il était lui-même une boule de nerfs. Mais il n'eut pas le temps de rassembler ses pensées ; ni le fantôme, le temps de lui faire un topo sur la façon dont lui-même et les autres avaient atterri sur cette île.

En milieu de phrase, le cracheur de feu fit un mélange de prise de judo et de figure de tango à Sandy. L'arrière de son crâne alla heurter la muraille et il resta un peu étourdi, paralysé sous le regard furieux qui lui vrillait les prunelles. Il avait presque l'impression que le type allait le mordre.

"Tu veux que je le possède ?" demanda le fantôme à son oreille. Hein ? C'était possible, ça ?

"Non ! Non non !"

Sandy se rappela que le cracheur de feu n'entendait pas le fantôme ni ne le voyait. Ni ceux qui les suivaient depuis tout à l'heure, comme un troupeau silencieux aux regards pesants. En fermant les yeux de toutes ses forces, il se concentra pour essayer de les ignorer, et se recentrer sur son interlocuteur humain. Les premiers mots qui lui arrivèrent en tête étaient une imploration quasi enfantine. Il faut dire qu'à ce stade de la journée, il était mort de peur.

"J'ai rien fait !"

Il se força à respirer profondément, rouvrit les yeux et fixa le cracheur de feu, en priant pour avoir l'air crédible. Tout irait bien si il arrivait à le convaincre. Sinon, c'était vraiment la merde. Ce type était dangereux, un peu déséquilibré ou juste très, très en colère. Il pouvait le réduire en cendres d'une seconde à l'autre. C'était lui, le plus grand danger à l'horizon, et c'était pour ça que tous les autres dangers s'étaient ralliés derrière lui, prêts à nuire sur son ordre.

"Je ne suis pas la force qui attire les gens ici. Je suis victime de cette force. Toi tu t'en sors en cramant des types, moi je m'en sors en jouant les charlatans. Je veux m'échapper, comme toi, comme... ce gars qui s'est fait casser la tête."

Qu'est-ce qu'on fait quand on veut calmer un psychopathe ? Qu'est-ce qui est conseillé par la police ? Il les connaissait un peu, ces gars, il les avait aidés et avait discuté avec eux. Il n'avait pas la télé - ça, il n'avait vraiment pas pu s'y habituer - mais il voyait l'idée. Essayer de tisser un lien. Etre considéré comme une personne, si possible une personne sympa, surtout pas comme une menace ou une proie. Ou un objet. Il força un sourire et passa la main entre eux pour la lui présenter, comme il pouvait :

"Je viens de La Nouvelle-Orléans, aux Etats-Unis. Sur Terre. Je m'appelle Sandy, je suis médium. Les morts, je les contrôle pas, je cause avec eux, c'est tout, c'est un petit don naturel."

A ses côtés, le fantôme faisait de son mieux pour rester calme et ronger son frein, mais il attendait avec impatience. Il aurait voulu qu'on le présente. Il était cinglé, celui-là. Le cracheur de feu avait déjà du mal à le croire, c'était dur de rajouter des informations incroyables par-dessus le marché.

Quoique, ça pouvait être une solution pour le calmer peut-être ? Il avait paru choqué que le chef précédent ait abattu cet homme devant lui. Donner de ses nouvelles pourrait peut-être l'intéresser. Le chef précédent, d'ailleurs, les suivait aussi à présent, encore incrédule de ce qui venait de lui arriver. Les morts voisins le chahutaient. Pauvre gars. Il lui faudrait quelques jours pour réaliser.
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MessageSujet: Re: Dark planet, the inhabited island [Sujet libre]   Dark planet, the inhabited island [Sujet libre] EmptyMar 28 Avr - 0:46




Si tout ceci avait un but, alors qu'il se présente. Qu'il se manifeste. Maintenant. Il l'exigeait. De sa nature guerrière, fougueuse. Si on lui avait fait don de ces pouvoirs maudits, de ce lignage étouffé dans les abysses, de cette morgue solaire instillée à même son ADN, il y avait forcément, une raison, non ? Ce quelque chose, qui l'avait poussé de nouveau à tomber dans les abysses et faire naufrage sur cette île de malheur.

Dans le fond, il essayait de se convaincre que la clef à son retour sur terre se trouvait face à ses prunelles gorgées de flammes, qu'il possédait ce quelque chose capable de pouvoir de nouveau le faire revenir sur ses pas. Peut-être était ça, qu'il l'avait poussé à l'acculer contre le mur de cette ruelle aux allures de coupe-gorge, ce sentiment de savoir, que bientôt, il serait à nouveau là bas, dans ce petit village tranquille d'Amérique-Latine.

Comme un réflexe, sa main tatouée jusqu'ici prête refermer sa prise autour de son cou se fit plus légère, moins pesante. Et bien que l’atmosphère semblait chargée d'une électricité sur le point d'imploser, le Vasilios, perdu dans le flot de ses pensées noirâtres tenta d'y semer quelques nuances plus claires. Lui aussi, était de la Terre ?

Son intuition, lui hurlait, comme à son habitude, de ne point se fier aux paroles d’autrui, pourtant, une partie de lui espérait - dans sa naïveté couverte d’agressivité - qu'il dise la vérité. Duel que le mage enflammé entama avec sa propre psyché, bataille haineuse et belliqueuse. La pression de ses muscles engourdis par l'adrénaline récente, les orbes de bistres basculant sur le côté et ce lourd soupir finissant par franchir la lisière de ses lippes.

« Ta pas intérêt à t'foutre d'moi, entiendes ? »

Qu'il s'assura de sa voix vociférante, pour finalement l'ôter à sa prise, reculer d'un pas, la défensive habituelle. Ce mur infranchissable où il ne tolérait seulement quelques rares présences, la plupart du temps nocturne et aux traits occultés.

Le Jaguar s'autorisait à abattre quelques obstacles de sa garde solaire pour se sortir des entrailles de cette île inconnue et si ce mage était bien celui qu'il disait être, il espérait que celui-ci puisse le lui prouver, non pas des mots, mais par des actes. Seule preuves ayant réellement d'intérêt aux yeux du guerrier solaire, tenace. Ce n'était pas avec des mots, que le porteur de feu avait bâtis un espoir aux siens. Cette idée fut bien vite chassée dans un battement de cils et une once d'amertume aigre.

Les mains croisées sur son torse puissant, en une garde constante, il souffla ces quelques lettres arrachées aux terres de son enfance.

« Arkhas. »

Donnant un coup de tête en sa direction, presque avec défi, ses orbes brunes, hagardes, se posèrent sur la silhouette du dit Sandy.

« Si toi aussi, t'viens d'la terre, faut qu'on trouve un moyen d'y r'tourner. »


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MessageSujet: Re: Dark planet, the inhabited island [Sujet libre]   Dark planet, the inhabited island [Sujet libre] EmptyMar 28 Avr - 13:25


RECURRING DREAMS * A. Vasilios




Les fantômes s'étaient rassemblés autour d'eux comme un courant d'air, et tous posaient la même question : Sandy voulait-il que l'importun soit possédé ? Quelques-uns murmuraient à son sujet ; comme celui qui leur servait de guide dans la ville, ils semblaient connaître un monde où ce lancer de flammes leur évoquait une silhouette familière. Les uns disaient que c'était lui, les autres, que ce n'était pas exactement son visage, mais qu'il y avait un air de famille. Pour les uns, c'était une bonne chose, pour les autres, une très mauvaise nouvelle.

Le chaos murmurant n'aidait pas Sandy à réfléchir. Il se cramponna des deux mains à celles qui l'immobilisaient, et fixa son regard dans celui du fou furieux, aussi sincère et direct qu'il pouvait le mobiliser. L'autre soufflait comme un fauve, et sa présence imposante lui donnait envie de fuir, mais ce n'était pas le moment de perdre pied. Il en était convaincu lui aussi : il y avait une raison à leur collision. Ils s'en sortiraient ensemble. Enfin, l'homme le lâcha. Arkhas ? Bien reçu. Pas de ville d'origine. Ce n'était peut-être pas quelqu'un de très... fixe.

"Viens, je te dis qu'on sera mieux pour causer dans une pièce fermée avec des gardes du corps à toutes les portes. On souffle, on mange un morceau, on se relaxe, et là on pourra réfléchir. D'accord ?"


Il fallait être gentil avec les fous, c'était le plus prudent. Mais Sandy n'osait pas lui tapoter le bras, si monsieur le prenait mal et l'envoyait voler, il aurait des os brisés. Et rien ne lui disait que ça resterait un mauvais rêve quand il émergerait sur son oreiller... si ça arrivait un jour. Il n'avait aucune envie de se réveiller anémié et déshydraté par une semaine de sommeil, et en plus de ça, les jambes cassées et incapable d'appeler à l'aide.

"En plus," tenta-t-il avec un sourire, "si c'est la maison du chef... y aura peut-être un truc là-bas, un grimoire... quelque chose qui nous renseignera sur ce piège."

C'était dommage de considérer cet univers comme un piège, tout de même. Ils auraient pu s'amuser, si c'était un monde en VR où ils passaient une heure sur un festival de jeu vidéo, par exemple. L'univers pirate était bien présent parmi les rôlistes de La Nouvelle-Orléans, le climat s'y prêtait. Sandy avait déjà été invité par un copain sur un "grandeur nature" en pleine île paumée, où il n'était jamais allé finalement. Il regrettait. En fait, à l'idée de rester prisonnier ici pour de bon, il regrettait beaucoup de choses.

En suivant les rues, il arriva devant une bâtisse ; c'était un bloc de pierre comme tous les autres, grossièrement taillé dans la falaise. Vue sur la mer, songea-t-il avec ironie, quel luxe. Quelques étages, une terrasse où une demoiselle peu vêtue entretenait des plantes grimpantes, et une fois à l'intérieur, il constata que l'ancien chef disposait d'une sorte de piscine intérieure à l'orientale, au fond de laquelle une mosaïque représentait quelque divinité marine approximative.

Son spectre n'était plus en vue ; apparemment, quelques autres avaient deux mots à lui dire sur son mode de gouvernance. Sandy ne risquait pas d'intervenir pour les séparer. La politique locale les regardait.

Il demanda à Arkhas de regarder ailleurs un instant, se déshabilla et descendit dans l'eau : ce gros oeil bleu au milieu du salon, encombré par le butin des vols de toute une vie, l'intriguait et lui évoquait un portail. Mais il soupira : rien. Ce n'était qu'une piscine. Il revint au bord en barbotant, se servit dans une soucoupe de raisins et essaya de réfléchir.

"Moi, je suis arrivé ici en rêvant. Et toi ?"

Il pouvait enfin prendre le temps d'examiner l'autre homme, et mesurait à quel point sa vie avait été en danger. Il n'y avait pas que le feu. Enfin, pas que le feu physique. Ce type errait de long en large comme une panthère en cage. Il avait l'air prêt à lui hurler dessus à la moindre connerie, voire à lui arracher la tête, et il semblait en avoir la force. C'était une compagnie terrifiante. Mais ça lui faisait du bien de se concentrer sur autre chose que sur des spectres. Le fantôme du type à la tête cassée avait pris place dans un coin de la pièce et commentait leur attitude ; il jugeait Sandy "irrespectueux". Oui, plus le temps passait et plus ce petit con lui semblait franchement raciste ; il ne le disait pas mais il le sous-entendait avec assez d'insistance pour que ce soit relativement clair.

Sandy croyait vaguement comprendre qu'il venait d'une grande ville aux bordels bien achalandés, et que s'ils y étaient retournés tous les trois, le spectre se serait fait une sacrée somme en le vendant à l'un de ces lieux de réception. Charmant.

"Ta gueule," gronda Sandy en jetant un grain de raisin sur le fantôme, avant de se tourner à nouveau vers son interlocuteur de chair et de sang. "Désolé, un mort qui m'agace. Apparemment les morts sont piégés ici à jamais, et ils comptent sur moi pour briser leur malédiction, eux aussi ...Oh, et il dit qu'il connaît quelqu'un de ta famille, qui crache aussi du feu. Il t'a pris pour lui. Arès Vasilios ?"

Il espérait sérieusement qu'il touchait juste. Manquerait plus qu'il passe pour un fou. Enfin, ce serait réciproque. Et si c'était réciproque, c'était mérité. Tant que ça ne les empêchait pas de faire équipe...
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MessageSujet: Re: Dark planet, the inhabited island [Sujet libre]   Dark planet, the inhabited island [Sujet libre] EmptyMar 28 Avr - 14:47



Si se rendre dans l'antre de l'ancien chef - qu'il avait carbonisé quelques minutes plus tôt - leurs permettraient d'obtenir plus de réponse sur le comment du pourquoi, il ne s'y refuserait pas. Il leur fallait en savoir un minimum sur cet endroit dans lequel ils avaient fait naufrage, ou du moins, en connaître ses entrailles afin peut-être, d'y trouver un quelconque portail donnant sur leur monde d'origine. Cette idée était presque devenue comme une obsession depuis qu'il avait franchis l'île de ses pas. Penser à la Colombie lui donnait de tristes idées noires, nostalgiques.

Hochant la tête d'un air fauve, Arkhas s’exécuta sans broncher, à la suite de son camarade inopiné. Sandy n'était pas du coin, mais il avait cette capacité d'adaptation surprenante, comme s'il avait fait de cette partie de terre son coin de jeu favori. Depuis combien de temps était-il enfermé ici ? Il ne préféra rien dire, connaître la réponse aurait pu lui évoquer des vertiges colériques.

Lorsqu'ils pénétrèrent dans la demeure, vaste et luxueuse, perchée au bout d'une falaise, il sentais l'iode emplir ses poumons, par-delà les fenêtres ouvertes, d'une manière familière lui faisant grincer les dents. Il régnait dans cet étrange endroit, une sensation de familiarité le mettant à mal, grimpant, de façon pernicieuse jusqu'à embraser sa psyché de mémoires passées.

Sandy était pudique. Il eut envie de rire, dans un coin de sa tête, lorsque celui-ci lui demanda de se retourner afin de faire trempette dans ce bassin intérieur. Fouinant de son côté des étagères jonchées de vieux grimoires poussiéreux aux couvertures de cuirs. Il n'y avait rien là dedans, seulement quelques énonciations d'une divinité marine locale et de ses quelques ravages qu'elle avait pu causer à des navires boisés, tantôt monstre, tantôt glorifiée. La peur avait de quoi rendre les personnes dingues.

Finalement, il alla s'asseoir sur la table allongée à côté d'une pile de livres qu'il avait ramené, un pied pendant dans le vide, l'autre en appuie sur le bois. Félin s'appropriant l'espace à sa façon territoriale. Jetant de temps à autres des coups d’œils au mage funèbre, qui lui, semblait s'être fait à l'idée d'être chef de cette île.

Arkhas avait du mal à se faire à l'idée, incapable de mentir, d'étouffer le flot hurlant de ses émotions. Bien qu'il pouvait paraître froid et impassible, il était comme ses livres ouvertes, quelques lignes suffisait pour être transparent, totalement en accord avec la vibration de ces sentiments fougueux.

« J'sais pas vraiment, si j'rêvais. J'sortais de ma salle d'bain, pis j'suis tombé dans la mer. »

C'était vague. Impossible d'y voir clair ou de trouver une quelconque explication à ce phénomène, une force, quel qu'elle sois, l'avait arraché au néant de cette nuit latine pour l'emporter dans un tourbillons de flots exaltés. Peut-être l'avait-il rêvé, mais les sensations lui avait parues si réelles que c'en était troublant.

Lorsqu'une insulte franchis les lèvres du mage des morts, son regard pivota jusqu'au sien d'un bond belliqueux. Comme aux aguets, s'il avait été doté d'oreilles et qu'une queue féline, elles auraient sûrement balayé l'air de façon menaçante. Puis il se ravisa, lorsque celui-ci expliqua qu'en réalité, il était capable de parler aux morts. Il se souvint, quelques minutes plus tôt, de l'avoir vu flotter dans le vide, là bas, dans cette rue empestant la chair bouillie.

Alors c'était vrai. Il pouvait leur parler, les toucher. S'ils étaient maudits et en quelques sortes, capable de communiquer avec lui, il y avait là sûrement un lien avec leur arrivée impromptue. Mais dans ce cas, lequel ? Baissant son regard sur le livre entre ses mains, il caressa distraitement l'épaisse couverture, perdu dans sa propre torpeur.

« Quoi ? »

Avait-il bien entendu ? Son corps fit un sursaut. Ses orbes de bistres habitées par une lueur nouvelle, fixant Sandy dans le vague, comme si l'un de ses spectres venait tout juste de prendre possession de son enveloppe charnelle.

Ça lui paraissait tout bonnement impossible. Impossible. Impossible. Impossible. Ce mot s'instilla dans sa psyché comme une malédiction propre. Les portraits trônant fièrement le long de ses corridors vastes, emplis de l'écart de voix tardives, la noblesse d'un homme aux prunelles enfantines, aux sourires ravageurs mais aux traits espiègles, de loubard.

« Qu'est-ce qu'tu viens de dire ? Tu... Il connaît mon grand-père ?! »

Il parut désemparé, la voix tremblante, ses membres musculeux sous tension, tendu. Comme si son âme venait de lui être arrachée dans un cri muet, il aurait voulu hurler, mais les mots ne parvenait à sortir, là, coincé dans sa propre gorge. Le livre jusqu'ici entre ses doigts, tomba au sol dans un lourd bruit qui aurait pu le faire sursauter de rage.

Une main lourde, puissante, venait à balayer ses mèches de jais afin d'y semer du désordre. Tandis que ses grands yeux bruns se portaient dans ceux de son grand-père, Hermès. « Tu sais. Tu lui ressemble énormément. »

Une gifle. L'effet brûlant de la marque piquant encore sa joue de sensations ténues, irréelles. Hermès avait été là, lorsque le Porteur de Feu avait bravé les dangers afin de récupérer, ce qui depuis toujours, leurs appartenaient. Le corps étendu de son amant au sol, dans une vaste horizon de lave et d'humus cendreux. Le rêve récurrent. Celui qui revenait, toujours. Ces hautes silhouettes aux sommets d'escaliers de lumière, leurs sourires bienveillants et la torche, dans la main de cet homme engloutis par les flammes.

Nous t'attendons.

Son palpitant était au bord de sa gorge, sur le point d'exploser d'un cocktail belliqueux d'haine, de remords et d'une tristesse criante. Comme paniqué, incapable de faire le tri, de contrôler cette vague nocive, toxique envahissant son être. Plus si sur de lui, dans cette confiance colérique qu'il érigeait comme un rempart infaillible.

Il s'avança de quelques pas en direction du bassin, son regard n'était plus celui d'un homme, mais d'un enfant alarmé.

« J'sais pas si c'est une foutue blague, mais Arès est mort y'a des années d'ça ! »

Il avait crié ces mots. Vide et confus. Et ce regard. Lui hurlant, le suppliant presque. Tu n'as pas le droit. Tu n'as pas le droit de prononcer ce nom.

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