AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment :
Cartes Pokémon 151 : où trouver le ...
Voir le deal

Partagez
 

 Sandy Underwood - Children of the Revolution

Aller en bas 
Aller à la page : 1, 2  Suivant
Sandy Underwood

Sandy Underwood


Neutre




Occupation : détective privé des ombres
Adresse : Treme
Messages : 18
Date d'inscription : 27/03/2020

Sandy Underwood - Children of the Revolution Empty
MessageSujet: Sandy Underwood - Children of the Revolution   Sandy Underwood - Children of the Revolution EmptyVen 27 Mar - 19:58

cradle to the grave

Prénoms, Noms : Timothee Pascalean Underwood. Les gens de son quartier l'ont surnommé "Sandy". Il utilise ce nom couramment et s'est fait enregistrer ainsi auprès des autorités administratives, mais il n'oublie pas son véritable nom, qu'il confie à ses amis.
Âge, Date de naissance : Conçu le 8 septembre 1766.
Nationalité, Origines : héros de roman aux hérédités contrariées.
Après sa renaissance au monde réel dans les îles Samoa, il a vécu de ci de là jusqu'à s'établir à La Nouvelle-Orléans, tombé amoureux de la culture unique de la ville. Son métier au contact permanent du spiritisme lui paraissait parfaitement intégré dans ce paysage, et last but not least, le climat lui plaisait.
Il s'amuse d'ailleurs beaucoup à voir travailler les mediums humains et autres charlatans, sorciers à la petite semaine et autres fans de musique gothique qui prennent des selfies dans les cimetières.

Statut Civil : shippez toujours, marié ou non, mais ce n'est pas encore fait !
Orientation sexuelle : prudent sobre, déjanté ivre. Il a recontré assez d'âmes pour dépasser la conception homme/femme, et s'intéresser à chaque individu comme à une combinaison unique de masculin, de féminin et de neutre. Il croit totalement au mythe des âmes soeurs. Quant aux âmes liées, il partage ce groupe avec les autres personnages des romans dont il est issu qui se sont incarnés dans le monde réel. Ils sont au nombre de sept à être encore en vie dans ce monde.
Occupation : détective privé du monde fantomatique.
Allégeance : vertas, mais ça peut se négocier.
Clan, Association : en bon privé, indépendant et à vendre au plus offrant.
Caractère : Une obsession pour ses origines, et la découverte du manuscrit qui lui a donné vie, même s'il sait d'avance qu'il est inachevé.
Des accès de profonde mélancolie par moments, qu'il n'hésite pas à noyer dans l'alcool violent le plus accessible.
Une nature émotive qui l'aide à rapidement interpréter les motivations de ses adversaires, mais qui lui donne parfois envie de laisser fuir ceux qu'il était censé pourchasser.
Un grand amour des uniformes et autres tenues traditionnelles, qu'il porte chez lui – quartier Treme, un appartement sous les combles – mais n'oserait pas assumer en public, légèrement complexé.
Une tendance tactile et un peu brutale ; s'il vous apprécie, vous le remarquerez probablement à une taloche derrière la tête lorsque vous direz une connerie, mais ça ne sera pas méchant.

Theme song : Save my soul, Big Bad Voodoo Daddy.

anywhere but here
Pseudo : Jagwire.
Âge : une bonne trentaine, give or take.
Comment avez-vous connu le forum ? : Par son titre.

ft. Ralph Souffrant (home made)

a decade of destruction
Humain Génétiquement Modifié : Non.
Libre Arbitre : Après avoir été, durant sa vie de roman, un jeune homme parfaitement classique qui vivait des aventures sans grande originalité dans l'Europe du 19ème siècle, il est devenu une sorte de chasseur de fantômes, un policier des ombres. Passeur un peu plus musclé dans son action que le bon vieux Charon des familles, il n'a plus grand-chose en commun avec sa vie d'origine.
Dons :
- percevoir l'aura des morts, et selon sa couleur, quelle force les a ramenés à la vie et à quel point ils sont malveillants.
- Les saisir et les affronter, les présenter à un pouvoir supérieur qui jugera de leur légitimité. Les créatures immatérielles ne le sont pas pour lui.
- Il utilise l'encre pour se déplacer ; les photos qui le représentent sont autant de portes par lesquelles il peut quitter cette dimension. Il y entre en se dématérialisant pour traverser toute surface encrée : tissu teinté, vitrail, photo imprimée...

Faiblesses  :
- superstitieux, il croit facilement ce qu'on lui raconte dès lors que c'est mythologique ; il préfère une bonne histoire à une vérité ennuyeuse.
- La couleur est importante pour lui, et lorsqu'il en est privé trop longtemps, il commence à s'affaiblir ; les environnements en noir et blanc sont nocifs pour sa santé et le font lentement entrer en hibernation.
- L'encre peut aussi bien lui servir de moyen de transport que le piéger. S'il y entre trop faible pour marcher, ou s'il est capturé dans un stylo, une plume ou un encrier, il ne peut en sortir que si quelqu'un écrit son nom. Il apparaîtra alors auprès de cette personne, où qu'elle soit.
- Pour le reste, il a les mêmes faiblesses qu'un être humain, mis à part son vieillissement, considérablement ralenti, s'il en croit l'exemple des autres personnages de roman qui ont subi le même sort que lui (divisé par dix environ).




first chapter - birth
C'était il y a cinq ans, dans les Iles Samoa. Au sommet d'une montagne, à quelques kilomètres de la capitale, une stèle funéraire donnait sur la mer, gravée d'un poème de quatre lignes. C'était le tombeau d'un écrivain du dix-neuvième siècle, venu mourir prématurément sous ces climats ensoleillés, atteint d'une maladie pulmonaire qui fragilisait sa santé depuis toujours. Il avait publié bien des œuvres durant son temps d'existence ; et il avait été très aimé durant son séjour dans la région. Couramment, des admirateurs venaient se recueillir à cet endroit, en évoquant ses romans, qui avaient bercé leur jeunesse.

Ce soir-là, c'étaient un petit homme nerveux et colérique, d'une quarantaine d'années, sec comme un guerrier qui n'a pas toujours mangé à sa faim, et raide comme à la parade ; et un jeune garçon aux grands yeux limpides, réfugié auprès d'une femme noble et fière, aux longs cheveux noirs soulevés par le vent. Ils avaient des accents comparables, rocailleux, du Nord des îles britanniques, et semblaient former une petite famille. L'homme marchait de long en large ; ils semblaient attendre quelqu'un. Silencieuse dans sa robe sombre, trop lourde pour le climat tropical, la femme regardait la mer au loin, et semblait par moments se perdre dans ses souvenirs.

L'enfant dit finalement, de ce ton à la fois timide et déterminé dont tentent de s'affirmer ceux qui basculent de l'enfance dans l'adolescence :
-"J'espère que ce ne sera pas comme avec le docteur..."

"Fais le guet," répliqua l'homme impatient. "Personne ne doit voir. Ça ne tardera plus, on va en avoir le coeur net."

"Nous étions peut-être les derniers," soupira la femme triste, en tordant ses doigts fins dans un geste de deuil.

La nuit de Samhain commençait ; le sang du soleil se répandait sur les flots, noyant l'horizon du Pacifique. A cet instant précis, où les rayons rouges éclaboussaient le poème gravé, les lettres s'illuminèrent brièvement d'un éclat violent. Les trois voyageurs furent forcés de reculer et d'abriter leurs regards. L'instant d'après, tout était fini ; les étoiles scintillaient dans le ciel, la paix était revenue sur la sépulture romantique, et au pied de la stèle, un corps humain, adulte mais luisante de fluides et sanglant comme un nouveau-né, reposait en boule dans la poussière.

"Il reste qui, sur la liste ?" demanda le petit garçon en s'approchant, trop curieux pour rester en place, trop prudent pour le toucher.
"Le juge Hermiston, le prisonnier Saint-Yves, ou un jeune de Cambridge parti créer une société idéale avec sa malle en cuir..."
"On dirait que c'est encore autre chose," décréta la femme immobile.

Ce n'était pas une formule très aimable, et l'enfant lui adressa un regard de reproche. Il avait de la peine pour le nouveau venu. Le soldat s'approcha en fronçant les sourcils, toucha du doigt l'épaule frémissante de l'inconnu, et inclina le visage sur le côté. Il avait lui-même le visage trop dévoré de taches de son pour faire une remarque, mais... c'était tout de même un physique particulier.

"Ce sont les seuls inédits connus, pourtant. Faut croire qu'il restait encore un manuscrit caché quelque part. En tout cas, quelqu'un a mis la main dessus, et le premier article à son sujet vient d'être publié. Sinon, il ne serait pas ici."

L'homme léopard les dévisagea les uns après les autres, hébété comme un ivrogne que l'on réveille sur le bord de la chaussée, réduit au silence par un mélange de crainte quasi religieuse, de confusion et de faiblesse. Finalement, il fit entendre une voix rauque, celle d'un naufragé qui n'a rien bu depuis trop longtemps. En même temps, ses mains se mirent à trembler et il se recroquevilla sur lui-même, saisi de spasmes nerveux.

"Je suis Timothee Underwood, chroniqueur à la Gazette..."

Les autres lui firent signe de se calmer. Se calmer ? Ils en avaient de bonnes ! Ces êtres avaient l'air sortis d'un autre monde, avec leurs habits étranges. Des pantalons de toile aussi moulants ? C'était indécent, qui portait ça ? Et cette femme dépoitraillée, une femme de mauvaise vie, sans nul doute ! Il se tut finalement et se laissa tomber assis au sol, dans la poussière rouge. La nuit tombait déjà, et à la vue des couleurs qui s'éteignaient, il eut le coeur serré, sans savoir pourquoi.

"Je... Je suis... Timothee Underwood..."

"Tu es vivant," déclara la femme à la voix triste, en lui posant la main sur l'épaule. Ce n'était pas un encouragement. C'était le début d'une révélation. Mais avant qu'ils aient pu lui expliquer exactement ce qui lui arrivait, un pas mesuré, scandé par le rythme d'une canne à bout ferré, se fit entendre au long de la pente qui descendait vers la mer : une silhouette mince et élégante s'avançait au long du chemin. La lune accrocha le métal de la canne, bien avant que son visage ne soit visible sous le rebord de son chapeau.

"C'est le docteur," souffla l'enfant blond en reculant d'un pas, une légère tension dans sa voix.

"Bon, je vais faire vite," trancha la femme aux cheveux noirs. "Nous sommes les enfants de Tusitala. Mais certains frères sont plus fratricides que d'autres, disons-le. Et le docteur... sa personnalité a deux facettes. L'une d'elle veut notre mort. C'est pourquoi seuls nous trois sommes venus en cette nuit de Samhain, comme nous venons tous les ans, voir si quelqu'un sortirait des pages une fois encore."

"Quelles pages ?"

"Tusitala signifie le créateur de légendes. Nous sommes tous des légendes, et toi aussi. Et les deux qui sont absents ce soir, à moins qu'il ne les ait déjà tués... James et Olalla."

"James et Olalla vont bien," jeta une voix claire depuis le chemin. Le chapeau se releva, pour s'éloigner de la tête dans un salut d'une courtoisie dépassée ; le dénommé Docteur se mêlait à la conversation.

Il n'avait pas l'air armé, et encore moins dangereux. Mais à voir les trois autres, selon leur caractère, se porter au-devant de l'impact, se tendre dans un dédain marmoréen, ou reculer en cherchant des yeux une cachette, il sentit que cet homme aimable traînait derrière lui une ombre bien moins plaisante.

"Ils vont bien à ce que je sache. Disons que je ne les ai pas croisés depuis l'an dernier. Et vous trois ? Voyons pour quelle nouvelle loque vous avez pris le risque de nos retrouvailles."

Le soldat fit signe aux deux autres de s'éloigner. Il se plaça sur le trajet qui séparait encore le promeneur à la canne du jeune homme léopard prostré au pied de la stèle. Il semblait décidé à se battre. Timothee se tendit soudain étrange. Il n'avait pas eu de frères, dans la vie dont il se rappelait. Personne ne se serait ainsi battu pour lui, sans même le connaître. Quand il vit la robe sombre s'éloigner de lui, à nouveau il éprouva cette impression de déchirement.

"Attendez ! Ne partez pas ! Comment vous appelez-vous ?"

"Je suis sans nom, comme les fées," sourit douloureusement la femme aux cheveux noirs. Timothee la vit ouvrir une petite bouteille qu'elle portait à son cou, et qu'il avait d'abord prise pour un pendentif de verre en forme de larme. Elle versa une pincée de centre dans le creux de sa main, et lui jeta un regard empreint de mélancolie.

"Tu es journaliste ? ...Trouve un journal. Tu devrais pouvoir t'y cacher."

"Hein ?"

L'enfant recula encore d'un pas, s'excusa auprès des autres de les abandonner, et s'élança en courant en direction de la falaise. En le voyant sauter, Timothee tendit le bras, vainement, juste un réflexe et un cri pour l'empêcher de plonger dans le vide. Mais à mi-course, le corps de l'enfant s'effaça, disparu dans le vent de la chute, et celui qui arrivait de la mer.

La femme aux cheveux noirs jeta autour d'elle un cercle de cendres pâles, et disparut à son tour comme un spectre.

Un combat féroce s'engagea entre les deux hommes ; le médecin avait tiré une lame d'épée de sa canne, et dès cet instant, sa silhouette avait changé, en se déformant sous la clarté métallique de la lune. Son chapeau tombé au sol, ses cheveux en bataille, le visage luisant de sueur et déformé par la rage, il avait l'air d'un fou meurtrier. Une toute autre personne que celle qui avait monté la pente.

"Sauve-toi !" cria le soldat en arrêtant la lame entre ses mains nues. "Trouve un journal ! Catriona a raison !"

Terrifié, Timothee prit la fuite à toutes jambes. Il fallait surtout qu'il trouve où il était. Ce monde plein de magie n'était pas le sien, il fallait qu'il s'embarque à bord d'un navire et qu'il retrouve le chemin de son propre univers.

Au matin, il était persuadé d'avoir rêvé. Il émergea en pleine mer, secoué par les vagues, réveillé par un matelot furieux qui le secouait par l'épaule. Il avoua sans honte être un passager clandestin, et déclara, ce qui n'était pas totalement un mensonge, qu'il avait été dépouillé de ses vêtements et sans doute frappé aussi, car il ne se rappelait plus clairement comment il était arrivé ici. Il avait échappé à son agresseur en sautant à bord de la première embarcation venue, et maintenant il se retrouvait dans une cale étrange, près d'une salle des machines – ce qui le fascina après l'avoir d'abord horrifié.

Enveloppé dans une couverture de survie, il regarda le chef de l'embarcation utiliser une radio – nouveau choc culturel – pour alerter les autorités de cette soudaine apparition. Une navette de la police vint le chercher, tandis que les touristes sur le bateau attendaient son départ en le prenant en photo discrètement, et se préparaient à plonger avec les requins.

Timothee fut rapatrié au commissariat central de la capitale, où son visage et ses empreintes furent comparés avec la base de données locale, puis nationale, puis internationale... sans succès. Aucun disparu correspondant à son signalement n'avait été recherché dans la région, ni ailleurs. Son ADN n'était à rapprocher d'aucune signature existante parmi les registres criminels. Il donna son nom et son origine, et on le conduisit à l'hôpital où il fut pris en charge, le temps d'établir qu'il était en bonne santé, mais étrangement négligé sur certains points, comme s'il avait vécu vingt ans dans la jungle.

Il était tombé dans une apathie mêlée de curiosité passive. Il emmagasinait les informations sur ce monde absurde où il semblait piégé. Et surtout, il restait prêt à réagir, par la fuite faute de mieux, si cet homme appelé le Docteur réapparaissait. Dans un hôpital, autant dire qu'il sursautait souvent.





second chapter - gift

Ce n'est que bien plus tard qu'il comprit ce que les apparitions avaient voulu dire.

Il avait eu le temps de s'habituer à ses nouveaux vêtements, aux plats et aux manières de se saluer, de faire sa toilette et de s'adresser aux dames ; il était presque stable, et l'ambassadeur écossais allait lui rendre visite pour tenter d'établir d'où il était exactement originaire, à présent que son délire était calmé. Timothee, en effet, avait bien compris une chose : il devait se garder absolument d'évoquer sa naissance au dix-huitième siècle.

Lorsque l'infirmière ouvrit la porte, et fit entrer une silhouette en costume cravate en déclarant que le monsieur venait lui rendre visite, il était occupé à se raser devant la glace, dans le coin de sa chambre. Il était persuadé que c'était l'ambassadeur annoncé, et le pria d'entrer et de l'excuser un instant. Alors qu'il se tournait vers son visiteur en s'essuyant le visage, il resta pétrifié.

C'était le Docteur, ou plutôt, sa facette sombre. "Docteur Jekyll, enchanté," déclara l'homme en tendant vers lui sa main gantée ; mais il y avait un mensonge dans sa voix, et sa main tenait un scalpel. Timothee était acculé. Il ne pouvait pas plonger par la fenêtre, qui se trouvait au cinquième étage. Il réfléchit à toute vitesse, et ce fut son instinct qui prit le dessus, dans un sursaut digne de ce léopard auquel l'avaient comparé les enfants de Tusitala, sur la montagne.

Le jounal du jour avait été déposé sur une chaise par l'infirmière, comme tous les matins. Un vague espoir que leur gentil mais confus pensionnaire y lirait quelque chose qui lui ferait retrouver la mémoire. Les paroles de la femme à la robe noire lui montèrent au cerveau : s'y cacher. Si le docteur n'était pas un rêve, alors cette prédiction non plus.

Il se laissa basculer en fermant les yeux. Un tourbillon l'emporta. S'était-il simplement évanoui, livrant sa chair aux caprices sadiques de celui qui le pourchassait ? Il avait été stupide, il aurait dû se douter que ce dernier retrouverait aisément sa trace... Tout à coup, il perçut que l'air autour de lui était froid. Il était dehors. Il faisait sombre. En rouvrant les yeux, il fut partagé entre la terreur d'être jeté de nouveau dans un monde absurde, lui qui commençait à peine à trouver ses repères, et le soulagement d'avoir réussi son coup... d'être sauvé, il fallait l'espérer.

Une sorte de vaste galerie, si sombre qu'il n'en distinguait ni le sol ni les parois, mais illuminée ça et là de grands portraits qui le représentaient, s'ouvrait à ses regards. Elle se divisait en mille labyrinthes, aussi loin que son oeil puisse porter. Il y avait quelque chose de vertigineux dans ce spectacle, mais il alla de l'avant, déterminé à profiter de ce succès avant que son adversaire ne trouve un moyen de le suivre. Il reconnaissait ces portraits : c'étaient ces images prises par les touristes sur le bateau – une faune dont il peinait encore à comprendre les motivations, bien qu'on les lui ait expliquées à plusieurs reprises – et d'autres envoyées par la police pour tenter d'alerter l'opinion publique à son sujet.

Il s'avança vers une image où il se voyait, recroquevillé sur le pont du navire, entouré de policiers qui guidaient ses déplacements en direction d'une petite navette d'un bleu sombre, et enroulé dans une couverture brillante qui lui donnait l'air d'un lépreux. Il tendit la main vers cette image. A nouveau le tourbillon l'emporta. Il se laissa aller, mobilisant sa confiance envers ce phénomène qui l'avait déjà soustrait à son ennemi.

En rouvrant les yeux, il se trouva soudain dans une petite demeure coquette. Il ne s'en doutait pas, mais il était à presque sept mille kilomètres de son point de départ. En sortant prudemment, il découvrit qu'il se trouvait dans la ville de Morgantown, West Virginia. C'est là que le touriste qui avait pris cette photo était revenu, son séjour terminé, et qu'il avait imprimé les photos de son voyage, ouvrant ainsi une porte d'encre par laquelle Timothee pouvait s'introduire dans son domicile.

Vêtu de sa tenue d'hôpital, le menton à moitié rasé, perdu à l'orée d'une colline couverte de forêts rougeoyantes d'où il apercevait des immeubles couleur brique à l'infini, il erra quelques temps avant de rencontrer un campement. Un van était garé à côté d'un feu de camp, sur une aire minimaliste qui longeait la route. Un groupe de jeunes gens à l'ébriété rieuse échangeait des blagues et des références culturelles auxquelles il n'entendait rien. Un camion passa tout près de lui, et faillit le heurter ; une jeune fille aux cheveux teints en vert se précipita pour l'entraîner par le bras.

"Tu as l'air bien à l'ouest, toi. Prends une bière. Qu'est-ce qui t'est arrivé ?"

Il avoua honnêtement qu'il ne savait pas. Les jeunes gens partagèrent leur repas avec lui, puis l'un d'eux entonna une chanson à la guitare. Pour ne pas être en reste, Timothee l'accompagna en assurant la deuxième voix, comme il le faisait en Corse autour des feux de camp. Quelques minutes plus tard, c'était officiel : il descendait avec eux vers le Sud, vers la mer, pour jouer de la musique devant les restaurants. Sa façon étrange de parler leur paraissait poétique, ils lui réclamèrent des textes ; il interpréta des chants folkloriques oubliés qui les ravirent profondément.

Seule l'une des jeunes femmes ne participait pas à l'enthousiasme général. Elle semblait épuisée. Les autres, étrangement, n'y comprenaient rien et se contentaient de la laisser tranquille. Timothee finit par déclarer :

"C'est ce bébé dans ses bras qui la fatigue. Elle le porte comme ça toute la journée ? Pourquoi ne le pose-t-elle pas ?"

Les autres se regardèrent, interdits. Aucun d'entre eux ne voyait le bébé. Elle-même n'avait pas conscience de ce poids invisible autour de son cou, une écharpe soutenant un petit corps qu'elle avait enterré huit mois plus tôt, sous une forme spectrale qui la drainait de toute son énergie. Timothee s'approcha et tendit les bras.

"Je peux le prendre ?"
"Bien sûr," dit-elle après une hésitation. Elle le laissa se rapprocher et s'emparer de quelque chose qu'elle ne voyait pas, mais elle sentit le poids s'envoler de sa poitrine. Ses yeux se fermèrent et sa taille se redressa ; elle prit une profonde inspiration, comme si elle sortait d'une plongée au fond de l'océan. Les autres regardaient, médusés.

Timothee avait l'air de tenir un enfant dans ses bras. Il ne savait pas quoi en faire, à présent qu'il l'avait retiré à celle qu'il hantait. Il ne savait absolument pas ce qu'il faisait. Son regard parcourut les environs. L'un des jeunes, un adepte du vintage enroulé dans une veste criarde des années 80, prit une photo avec son polaroïd, et tous se rassemblèrent autour de lui en quête d'une orbe ou d'une forme lumineuse.

"Gardez bien cette photo," dit Timothee. Il avait pris sa décision. Au fond, la réponse était simple. Et il pourrait revenir à la clairière sans difficulté, en retrouvant cette photo dans les galeries noires du labyrinthe d'encre. La seule où il avait l'air de tenir un bébé invisible dans ses bras.

Les autres poussèrent un cri : il venait de disparaître.





chapter three - souls


"C'est quoi son problème, au docteur ?" demanda Timothee en regardant les visages qui l'entouraient, conscient qu'ils étaient des portes vers la réalisation de sa nouvelle vie.

"Il ne peut plus se diviser," expliqua le dénommé James d'un ton méprisant. "Il a perdu la formule de sa potion."

Les enfants de Tusitala étaient réunis dans un cercle de pierre, sous la lune. Où ? Timothee ne le savait pas. Il avait été appelé ici en rêve. Depuis qu'il accompagnait le petit groupe de musiciens errants, il prenait pied sans trop de difficulté dans ce monde. C'était un univers bohème et flou, où il avait droit à l'erreur. Ses pouvoirs de médium avaient été mis en valeur à chaque étape du voyage ; leur page Facebook était prise d'assaut par des candidats à une "lecture psychique", qui les attendraient à la prochaine escale. C'était lui qui nourrissait ses camarades, ce dont il n'était pas peu fier.

Et enfin, à présent qu'il maîtrisait ses pouvoirs, il recevait quelques explications au sujet des autres enfants de Tusitala, et de ce qu'il pouvait attendre de sa nouvelle existence. La femme aux cheveux noirs, surtout, avait toute son attention. Il appréciait, en les écoutant, de retrouver chez eux tous ce même accent écossais qu'il avait aussi, quoiqu'il le perde davantage chaque semaine qu'il passait aux Etats-Unis.

"Olalla réside dans la pierre. Breck, dans le feu. Jekyll dans le métal, James dans le sang. Nous deux, tu as déjà vu quels étaient nos éléments protecteurs," sourit-elle en passant son bras gracile autour des épaules du jeune garçon. "Jim le vent, et moi la cendre."

"J'ai vu les aventures du docteur Jekyll dans une librairie de jeunesse," remarqua Timothee. Le petit Jim se tortilla, mal à l'aise ; il avait une relation ambiguë avec les caractères ambigus. Il craignait le docteur, mais il lui était difficile de le détester tout à fait. Timothee ne lui prêta pas attention, perdu dans sa réalisation. "Alors c'est vrai, nous sommes des créatures de roman ? Même moi qui n'ai pas été vraiment... édité ?"

"Tu as été retrouvé, et ton nom a été partagé, c'est tout ce qui compte," déclara Breck en serrant sa main, avec cet emportement cordial et sanguin qui le caractérisait.

"Nous ne sommes qu'une version de nous," ajouta Olalla sur un ton rêveur et détaché, comme une folle qui compte les moutons au gré des nuages. "Nous sommes les enfants de Tusitala. Hors de son âme, d'autres peut-être existent qui sont nous, en d'autres dimensions... Tel film qu'on aura réalisé à notre sujet... Tel rêve qu'un lecteur aura fait en nous découvrant. Ou le monde des créatures romanesques, où nous vivions avant qu'il s'inspire de nous ?"

"Film," murmura Timothee. Il n'avait pas encore osé entrer dans un cinéma. Cette perspective le terrifiait autant qu'elle l'attirait, bien qu'il en ait la monnaie en poche, et qu'on l'y invite de temps en temps. Il trouvait toujours un prétexte pour l'éviter. Il se sentait puceau et cherchait à se présager la meilleure première expérience qui soit. Il reprit à voix haute : "Comment puis-je vivre sans savoir de quel récit je viens ? Vous tous, vous pouvez lire vos romans d'origine, quand il vous plaît. Moi, mon ancienne vie... elle s'efface de jour en jour, au fur et à mesure que je m'accoutume à celle-ci."

James s'était déjà désintéressé de la conversation. Catriona fit signe à Breck, et emmena la folle et l'enfant faire quelques pas. Le militaire se rapprocha pour donner à boire à leur nouveau frère, et lui posa quelques questions sur ce qu'il appelait son ancienne vie, sa vie d'encre et de papier. Timothee retrouva quelques bribes... Sa jeunesse en Corse... La venue d'un vieux voyageur qui avait connu sa mère... Un voyage à travers la France en plein tumulte guerrier, la visite d'un château à la fontaine réputée magique... Un tombeau dans une crypte, un nom marqué d'opprobre et de ricanements. En essayant en vain de se le remémorer, il retrouva tout à coup le nom de ce vieux voyageur.

"Je l'appelais Allan. Mais par ailleurs, il se faisait appeler le Chevalier Stewart. C'était un Ecossais en exil, recherché par les services secrets d'Angleterre. Ma mère travaillait pour les services secrets de France et ils s'étaient entraidés à quelques occasions..."

"C'est moi," coupa Breck tout à coup. "Je suis Allan Breck Stewart. Ton roman fait suite au mien, comme celui de Catriona," comprit-il en attirant le jeune homme dans une accolade émue. "Et cette amie... ton prénom... j'ai connu quelqu'un qui portait, en plus de Geneviève et quelques autres, le prénom de Timothée."

Son sourire s'étira en quelque chose de presque diabolique ; il était assez évident que cette personne et lui avaient fait les quatre cents coups, et qu'encore aujourd'hui, il hésitait à prononcer son nom à voix haute dans un endroit public, comme s'il avait pu lui attirer des ennuis.

"Quelqu'un qui, eh bien, a réussi à se fâcher à la fois avec le Roi d'Angleterre et avec le Roi de France, en essayant d'être la meilleure espionne possible. Des ambitions démesurées, des stratégies extravagantes, un cerveau supérieur, une lame redoutable. Et à l'occasion, un amant avec ton profil," conclut-il en attrapant le menton de Timothee pour le tourner sur le côté, l'exposant en clair-obscur devant le soleil, pour ne laisser de lui qu'une silhouette noire.

"C'est vrai que, si tu étais leur fils, ils auraient pu me confier la mission de te cacher quelque part où nul ne viendrait te nuire. Ça n'étonnerait aucun lecteur !"

Ce point éclairci, il s'estima satisfait. Mais Timothee, pour sa part, aurait vraiment voulu remettre la main sur "son" manuscrit. Il ne serait pas tranquille d'ici là. Ses amis lui assurèrent que c'était mission impossible tant que le roman inachevé n'arrivait pas dans les bacs des libraires. Il était possible que seul son heureux découvreur ait écrit son nom dans quelque courrier à un ami, quelque chose comme : j'ai déniché un manuscrit inconnu de R.L. Stevenson ; il pouvait très bien choisir de le garder pour lui-même, ou le perdre à nouveau dans quelque catastrophe... Rien ne garantissait que le roman de Timothee serait accessible un jour.

Il fallait bien vivre, d'ici-là. Puisqu'il avait des talents de medium, qu'il en fasse usage. Les autres, après tout, avaient eux aussi leurs dons, et leurs occupations, chacun de son côté. Jim avait la conscience permanente de l'endroit où se trouvaient les autres, et il était le seule du groupe à pouvoir se téléporter en déplaçant quelqu'un ; il les réunissait lorsqu'il en avait besoin, ou se greffait généralement à l'un ou à l'autre pour ne pas rester seul.

Breck était forgeron d'armes anciennes, et faisait les fêtes médiévales avec un groupe de joyeux forains ; Catriona enseignait la chimie, et ainsi de suite. Le métier de médium itinérant n'avait rien de bien folichon aux yeux de Timothee, jusque là rationaliste convaincu, mais il s'en accommoda en songeant que ses perspectives sur le monde venaient de s'élargir considérablement, et qu'il n'aurait pas été scientifique d'y rester aveugle par pure obstination.

Et puis, il avait sous les yeux la jeune femme qu'il avait délivrée du poids de son bébé ; il la voyait s'épanouir et se révéler chaque jour davantage, et lorsqu'elle tomba enceinte, il fut décoré aussitôt du titre de parrain. S'il lui fallait un encouragement à pratiquer cet étrange métier, celui-là était amplement suffisant.

Revenir en haut Aller en bas
Sandy Underwood

Sandy Underwood


Neutre




Occupation : détective privé des ombres
Adresse : Treme
Messages : 18
Date d'inscription : 27/03/2020

Sandy Underwood - Children of the Revolution Empty
MessageSujet: Re: Sandy Underwood - Children of the Revolution   Sandy Underwood - Children of the Revolution EmptyVen 27 Mar - 19:59

chapter four - blade
La SpiritCon de La Nouvelle Orléans était, aux yeux de Timothee, la plus vaste réunion de charlatans qui puisse se concevoir sous le soleil. Il était un peu mal à l'aise de s'impliquer dans cette société où il estimait ne pouvoir se faire aucun ami digne de ce nom.

Le seul qui lui semblait intéressant, c'était ce militant sceptique qui testait les stands et, devant sa caméra, mettait en valeur les échecs des uns après les autres. Emerald, la violoniste du groupe, qui accompagnait Timothee et lui servait d'assistante, le vit arriver et chuchota à "son médium" que c'était le moment de la vengeance.

"Je ne veux pas ridiculiser ce monsieur publiquement," protesta Timothee. "Je suis d'accord avec lui. Jouer sur les deuils et les peurs des pauvres gens pour leur soutirer leurs économies, c'est criminel."
"Pense au bébé," insista Emerald.

C'était trop facile. Cette phrase était devenue sa laisse. Il aurait fait n'importe quoi pour ce petit être qui n'était pas encore né, et qui n'était même pas de lui. Il fit toutes ses excuses au reporter en le voyant s'installer à sa table, et lui conseilla de ne pas conduire de test sur sa pratique ; mais cela ne fit que renforcer la curiosité narquoise de son interlocuteur. Ce dernier avait les yeux sombres et profonds d'un requin, et la même détermination paisible. Il ne lui ferait pas lâcher prise.

"Bien," soupira Timothee. "Votre cameraman est hanté par un couple de paysans aux mains rouges. Je peux les emporter au royaume des morts afin qu'ils ne le réveillent plus la nuit. Mais à mon avis, il faudra aussi voir un docteur et prendre un traitement pour retrouver une santé normale."
Sur ces mots, il se leva de son siège.
En le regardant approcher, le cameraman se raidit et murmura : "Il l'a lu dans la presse. Il a fait une enquête sur moi en sachant qu'on venait, le salaud."

Le reporter lui-même n'avait pas l'air de savoir de quoi son ami parlait ; il fronça les sourcils en voyant Timothee s'engager dans une lutte avec un être invisible ; pendant un instant, il n'eut pas le dessus et se fit même rouer de coups par deux forces contraires. Les occupants des stands voisins s'étaient précipités pour regarder. Emerald se tordait les mains, sans savoir quoi faire.

"C'est la première fois qu'il n'y arrive pas ! C'est la première fois qu'il y en a deux," expliqua-t-elle d'une voix tremblante.
Sa panique n'était pas feinte. Mais le reporter essayait de s'en convaincre.
"Peut-être qu'ils résistent parce qu'on est là," ricana-t-il en reculant d'un mètre.

Son cameraman, en revanche, lâcha son équipement et se précipita pour intervenir, à l'aveugle, en relevant Timothee ; il ne pouvait pas repousser ses assaillants, mais il fit barrage suffisamment longtemps pour que le médium arrive à emporter l'un des spectres. L'autre devait tournoyer d'autant plus agressif, car le cameraman tomba à deux genoux au sol. Le reporter lui apporta à boire :
"Qu'est-ce qui t'arrive ? Où il est passé ? Bon sang, on n'a pas filmé ça !"

"Je ne peux plus respirer," se plaignait le cameraman en montrant sa gorge, où sous sa barbe mal rasée, on distinguait la fine ligne d'une très ancienne cicatrice.

Timothee réapparut et se jeta sur lui, repoussant le reporter qui se mit à crier au fou, et à appeler la sécurité. Mais le médium savait ce qu'il faisait. Il parut décrocher deux mains agrippées à la gorge de l'homme agenouillé, et entraîner à distance une silhouette qui se démenait. Il disparut à nouveau, et le cameraman prit une grande inspiration, en se laissant tomber à quatre pattes, les deux mains plaquées au sol. Il avait envie de vomir. Emerald regardait tout autour d'elle, attendant de voir reparaître Timothee ; mais il lui fallut de longues secondes.

Enfin, il surgit au fond de la tente, ses jambes se dérobèrent sous lui, et il tomba comme une masse. Il avait la paume d'une main profondément tailladée.

Quand il se réveilla, le service de soins de la convention l'avait pris en charge, et lui pansait la main. Assis sur une chaise à côté de sa couchette, le reporter était assis, étrangement silencieux. En voyant qu'il reprenait conscience, il lui sourit :

"On dirait que tu t'es taillé une nouvelle ligne de vie, Corto Maltese."
"Hein ?"
"Rien... Chacun sa religion. Mon pote va mieux, au fait. Beaucoup mieux. Cette histoire avec ses parents, j'étais même pas au courant, et on est copains depuis le foyer d'accueil. Je sais pas comment tu as fait, mais... On s'en fout, l'important c'est qu'il va mieux."

Timothee lui adressa un sourire pâle.
"C'est exactement ce que je me dis. Mais si tu veux me rendre un service, monte et produis ton reportage comme si tu ne m'avais jamais rencontré, d'accord ?"
"Tu veux dire..."
"C'est important, ce que tu fais. Tu es un défenseur des Lumières. Prouve au monde que ces gens sont des menteurs et des vampires. Moi... Je ne devrais même pas exister."

Le reporter resta silencieux un long moment, puis se leva en hochant la tête. "De toute façon, on n'a pas le choix. On n'a rien filmé. On passerait pour des losers si on faisait notre profession de foi sans preuves. Mais toi... Enfin, toi aussi, continue ce que tu fais. C'est important aussi."

Ils se serrèrent la main gauche ; c'était un pacte qui venait droit du coeur.

Mais les autres participants de la convention, eux, avaient filmé. Ils avaient pris des photos. Et la presse, dans ce qu'elle a de plus spectaculaire et criard, diffusa partout les "images incroyables" – aussitôt déclarées truquées, mais dévorées comme des petits pains – de ce médium qui emportait littéralement des spectres agressifs dans une autre dimension. Les pasteurs voulaient l'inviter pour leurs exorcismes publics ; la télévision l'invita pour un talk show... Confusément, Timothee sentait que ce n'était pas une bonne chose que cette soudaine célébrité, dont il ne contrôlait pas la narration. Ses amis, en revanche, étaient aux anges et s'improvisaient ses agents sur les réseaux sociaux.

"Le bébé" naquit, et prit une nouvelle forme, celle d'une petite fille prématurée que le groupe baptisa Karisma ; le succès financier de Timothee était d'autant plus nécessaire désormais, puisqu'il était reversé dans son intégralité dans deux puits sans fond : un compte épargne pour sa vie future, et ses soins actuels pour la maintenir en vie dans les meilleures conditions.

Le jeune homme était seul à craindre une conséquence inquiétante de cette célébrité : le docteur allait retrouver sa trace. C'était inévitable, ce n'était qu'une question de temps avant qu'il parvienne à la remonter. Il était immobile en une ville bien connue du public, et sa présence était maintenant documentée par des photos, dès qu'il mettait le nez dehors...

Il faudrait peut-être un jour expliquer à ses amis d'où il venait, et quel risque il leur faisait courir. En attendant, pour se renseigner au mieux, il lisait avec un mélange d'affection et d'amertume les aventures de ses six camarades ; il aurait tant voulu trouver le roman de sa propre vie... mais plus le temps passait, et moins il y croyait. Ce roman ne serait pas publié de son vivant. Son humeur chutait en flèche, entre le scalpel de Damoclès qui pesait au-dessus de sa tête, prêt à s'abattre comme un couperet, et le désespoir grandissant d'avoir perdu ses racines.

Enfin, par une nuit de pleine lune, ses craintes se concrétisèrent, mettant fin à son attente ; ce qu'il ressentit le surprit, un soulagement inattendu et l'impression d'une familiarité perdue, quand il vit approcher le docteur, le pommeau de sa canne luisant dans les ténèbres. Il se promenait au bord du fleuve quand il reconnut son pas caractéristique, et s'immobilisa pour l'attendre. Une idée lui était venue. Après tout, s'il voyait les fantômes, s'il pouvait saisir ces choses immatérielles, n'était-ce pas parce qu'ils étaient eux-mêmes des spectres ? Et ne pouvait-il pas alors renvoyer le docteur d'où il venait, comme il renvoyait les êtres qui hantaient les mortels ?

Il pouvait tenter, mais plus il le voyait approcher, moins il était sûr d'en avoir envie. Il souffrait, dans ce monde. Il se sentait seul. Il n'osait pas parler à ses plus intimes compagnons de ce qu'il était vraiment, de ce qu'il connaissait et de ce qu'il ressentait. Cet adversaire dérangé qui voulait sa mort était ce qu'il avait de plus proche d'un ami. S'il le détruisait, il se condamnerait lui-même à une vie au fond d'un puits obscur, piégé dans son propre caveau qu'il aurait creusé de ses mains. Il passa le pouce sur cette marque au milieu de sa paume, hésita et tendit la main vers celle armée d'un scalpel qui s'avançait déjà hors de la brume.

"Tu ne pourras pas me blesser davantage, mon frère," sourit-il.

"Oh, que tu crois." Le docteur fit un dernier pas, et le jeune homme sentit la lame froide lui traverser le coeur. "Je peux toujours t'infliger la dernière blessure."





chapter five - lust

"Et là, je me suis réveillé en sursaut. C'est en me rendormant que j'ai fait... Hm... Le rêve bizarre."

La voyante en face de Timothee cligne des yeux.  Comme si ce n'était pas déjà bizarre... Se faire poignarder par le docteur Jekyll sur les quais du Mississipi ! Mais elle lui fait signe de continuer. Son collègue ne savait pas à qui s'adresser, un psy aurait été trop scientifique. Il avait besoin de quelqu'un avec une ouverture spirituelle. Et maintenant qu'il se trouve au pied du mur, il hésite à poursuivre. C'est vraiment gênant.

Elle a de la bouteille, et vient d'être couronnée "reine du vaudou" par les médias – pas forcément bien informés sur le sujet, mais ça fait toujours plaisir. Elle en a sûrement entendu d'autres. Mais pour Timothee, c'est une première.

"J'étais sur mon lit, ce scalpel dans le coeur, et James et Catriona me soignaient. Ils sont très froids et aristocratiques, d'habitude, mais là, ils étaient doux et souriants... Catriona est triste d'avoir perdu l'amour de sa vie – le narrateur de leurs romans, à elle et à Breck, et elle lui en veut un peu d'avoir été... réveillé à sa place, mais comme il s'en veut aussi... bref – et surtout, il est inconsolable à l'idée que l'Ecosse n'a jamais secoué ses chaînes. Elle lui pardonne parce qu'il souffre, vous comprenez ?"

La voyante lui tend la main, et la pose doucement sur le poing serré que le jeune homme appuie sur la table, au milieu des cristaux, comme pour prendre appui.

"Dites-moi de quoi vous avez rêvé. Je vous promets que je ne vous jugerai pas."

Timothee ferme les yeux. Une longue expiration quitte sa poitrine. Cette main caressante le ramène au coeur du rêve. Il y avait tellement longtemps qu'il n'avait touché personne... C'est peut-être ça, le problème.

"Ils se sont inclinés vers moi, l'un après l'autre. Nos lèvres se sont touchées." Un frisson le traverse en repensant à cet instant électrique, comme s'il parlait d'un cauchemar traumatisant. Pourtant, ce n'est pas ça du tout... c'est le contraire. Rien que d'y repenser, il sent l'excitation qui se réveille, rampant comme une nichée de serpents rouges au long de ses veines, mordant ses nerfs et inoculant un poison violent, étourdissant, qui le laisse fiévreux.

"J'ai répondu au baiser de Catriona. Puis de... De James. Sur le moment, ça ne me semblait pas absurde. C'était... Même mieux que ça. Parfait. J'en avais besoin, tous les deux ensemble. C'était comme si une voix criait du fond de mon ventre. Ils se sont étendus avec moi. Je ne portais plus aucune blessure. Juste la tache de sang. J'ai enlacé Catriona pour l'embrasser de nouveau, en caressant son corps, et soudain, nous étions nus. Elle avait aussi la tache de sang. Je me suis tourné vers James et... j'ai fait de même."

La voyante s'était reculée dans son fauteuil, confortablement installée dans le rembourrage moelleux, telle une chouette dans son nid au coeur de l'hiver, les yeux mi-clos en l'écoutant. Il s'attendait à ce qu'elle soit gênée, mais pas du tout.

"Soudain ils étaient au-dessus de moi... Comment dire... Ils se sont mêlés en une seule silhouette. Une beauté mâle et femelle à la fois, avec de longs cheveux qui caressaient ma poitrine. Le rêve a cessé d'être visuel. Tous les autres sens ont pris le dessus. La chair, les parfums, la chaleur, le glissement ondulant, la plénitude totale... Nous portions la tache de sang, en miroir, mais sous la caresse des cheveux, elle s'est peu à peu effacée. Le corps se déplaçait au-dessus du mien, en mouvements réguliers, mais je ne savais pas si... enfin... qui pénétrait qui," conclut le jeune homme en rougissant fortement.

Il se sentait mal. Il n'aurait été à l'aise avec personne, pour prononcer de tels mots ; sa voix même en était offensée. Dans l'époque dont il venait, nul n'aurait abordé pareil sujet à voix haute, même au confessionnal. On aurait trouvé des voies détournées, poétiques, pour faire deviner la situation sans l'exposer de manière si crue.

"Tout ce que je sais, c'est que j'étais traversé et brûlé par des vagues de plaisir de plus en plus puissantes. J'étais soulevé sur le matelas, je dansais couché, jusqu'à l'éblouissement. La chambre autour de moi a cessé d'exister pendant quelques minutes. Cet être me comblait comme jamais je ne l'avais été, et plus rien d'autre n'avait d'importance. J'ai senti à nouveau la lame du scalpel atteindre mon coeur, et ce fut comme s'il se déchirait en deux. J'avais les yeux fermés et je n'osais plus les rouvrir. Dans chacune de mes mains, il me semblait que je tenais la moitié de mon coeur, qui battait farouchement. Et je devais décider quoi en faire."

La voyaante s'avança alors légèrement dans son siège, s'empara de quelques cartes de tarot, et effectua une manipulation avec ces objets ésotériques, auxquels Timothee ne comprenait rien. Il la laissa faire. Cela valait peut-être mieux qu'une réponse directe.

"Et c'est là que... je voudrais vraiment comprendre. Je me suis réveillé pour de bon. Toujours nu, mais sans blessure, et les mains vides, naturellement. Mais j'étais couché dans une autre chambre que la mienne. Entre mes amis Emerald et Craig. Ils ne semblaient pas avoir remarqué ma présence, ils dormaient. Je me suis levé, j'ai trouvé mes vêtements à terre et je suis rentré chez moi. Nous n'en avons pas parlé depuis, je ne sais même pas s'ils savent... je ne sais pas si nous avons... Enfin, ce serait leur genre de trouver ça normal."

Il soupira et se tut. C'était fini. Il était arrivé au bout de ce récit, qui lui semblait, quelques minutes plus tôt, impossible à extraire de sa gorge, comme le récit d'un crime. La vieille dame en face de lui avait terminé son petit manège. Elle hocha longuement la tête, but une gorgée de thé, et soudain le regarda en face, de ses yeux verts d'eau, perçants et bienveillants à la fois.

"C'est un rêve des origines, et une solution de salut," affirma-t-elle. "Si d'autres visions semblables vous viennent, notez-les. Gardez un carnet pour cela et pour rien d'autre. Ecrivez à l'encre, et à la plume si vous savez le faire."

Cette instruction le laissa rêveur. Timothee n'avait expliqué à personne son pouvoir concernant l'encre ; seuls les enfants de Tusitala étaient au courant, et encore n'avaient-ils pas tous les détais, comme il n'avait pas ceux de leurs pouvoirs respectifs. C'était une chose personnelle. Et mieux valait que le docteur n'en sache jamais rien.

Et d'autres visions se succédèrent.
Une fontaine au pied d'un château, des colonnades, une source sans origine connue, de mystérieux tonneaux qui arrivaient de loin et qu'on entreposait dans la crypte, une châtelaine esseulée en grande conversation avec un aumônier souriant... Un enfant blond qui courait dans un couloir de pierre... Ce n'était pas Jim. Peut-être une petite fille. Une lourde porte noire cloutée de fer, un regard à l'intérieur, un sentiment de terreur sourde, instinctive. L'impression de se mouvoir tout à coup au ralenti.

Il n'en trouvait pas que dans ses rêves ; elles lui étaient révélées de la bouche des morts, elles se reflétaient sur la surface du fleuve... Le docteur n'arrivait pas, il devait préparer quelque chose de particulièrement vicieux. Mais les amis de Timothee, qui ignoraient tout cela, connaissaient un succès grandissant. La chanson "Cendredi" avait été enregistrée, un clip d'une esthétique gothic punk assumée avait été tourné en ville... Grand bien leur fasse, Timothee n'y entendait rien. Il espérait juste que le plan du docteur n'aurait rien à voir avec eux. Il n'aurait pas pu supporter qu'il fasse du mal à la petite Karisma.

Enfin, un soir, le rapport entre rêve et réalité s'inversa. Ce fut la réalité qui surgit pour l'arracher au rêve. Une main se plaqua sur sa bouche alors qu'il dormait : il ouvrit les yeux, cherchant à savoir s'il devait ou non se débattre, et il reconnut Breck. Son regard était dur, brillant comme une aigue-marine traversée par les rayons lunaires, et une lueur de folie joyeuse y dansait. Son autre main brandissait une épée.

"C'est pour ce soir, messire Underwood."





chapter six - ink

En se redressant, Timothee réalisa que les enfants de Tusitala l'entouraient tous de leurs regards attentifs, à l'exception du docteur, bien sûr. Ils s'étaient vêtus de noir pour l'occasion, et leurs visages reflétaient la lune dans l'ombre, pareils à des têtes de spectres flottants dans le vide.
Jim les avait tous ramenés dans son appartement.

Leurs silhouettes calmes et immobiles restaient présentes, il avait beau cligner des yeux. Il ne rêvait pas. Et de quoi pouvaient-ils parler, sinon de mettre un terme à la poursuite qui les menaçait dans toutes leurs vies dispersées ? Il se redressa en tendant la main vers le pyjama qui traînait à terre, incapable de se rappeler quand il l'avait retiré. Mais c'était une nuit chaude et poisseuse, comme il y en avait trop souvent durant ces étés impitoyables. Après avoir bu un verre d'eau, il parvint à formuler la pensée qui le tourmentait :

"Vous avez remarqué que ma photo était partout, c'est ça ? Vous vous êtes dit que j'allais faire appât ?"

"Il est efficace au réveil," remarqua James avec son habituelle dose de sarcasme.

Il allait ajouter quelque chose, sans doute tout aussi aimable, quand il leva la main tout à coup ; les autres se répartirent dos aux murs de la pièce. Dans le couloir, un pas approchait, accompagné du rythme métallique qui frappait avec une régularité quasi musicale contre le bois du sol.

Tous les invités surprises de Timothee rabattirent leurs capuchons, et disparurent dans l'ombre. En chantonnant, l'homme derrière la porte crocheta aisément la serrure ; le métal pliait sous sa volonté. La porte tourna d'elle-même sur ses gonds. Il entra et sourit au jeune médium, la tête inclinée sur le côté, l'air charmé, semblable à un naturaliste qui découvre une nouvelle variété de papillon.

"Tu es réveillé, mon frère ?"

Son scalpel scintilla dans l'obscurité, et Timothee se mordit la lèvre en serrant le verre d'eau dans sa main. Pourrait-il se défendre avec ça ? Les idées fusaient dans son esprit affolé, en un tourbillon sans but. Les autres arriveraient-ils à le sauver ? Ou allaient-ils le sacrifier pour la victoire finale, la vie d'un seul offerte pour le bien commun ? Il lui semblait encore éprouver dans son coeur la morsure froide du croc d'acier, ressentie dans son rêve...

Une profonde inspiration retentit tout à coup, et le docteur vacilla en hurlant ; son sang quittait son corps, entraîné par un souffle puissant qui entraînait les fines gouttelettes noires et étincelantes en direction de James. La présence des autres était découverte, mais l'agresseur était affaibli. Sans attendre cette fois, sans fioritures, sans plus jouer avec sa proie, il se jeta en avant, son arme de prédilection prête à poignarder Timothee. Olalla se jeta devant lui ; pas une seconde il n'hésita à la frapper.

Timothee voyait la scène, mais il n'arrivait pas à l'analyser. Il avait l'impression que tout se déroulait sans le concerner, tant le choc le clouait sur place.

La lame du scalpel disparut dans la poitrine de la jeune femme, qui recula d'un pas et s'immobilisa ; ses cheveux, qui s'étaient envolés en arrière, ne retombèrent pas. Elle s'était changée en pierre. Muet face à ce spectacle terrible, le docteur resta incertain, quelques secondes de trop. Breck s'était embrasé des pieds à la tête, tel un démon, et sa main s'était refermée sur le manche de l'arme, qui fondit sous la fournaise et coula au long de la poitrine de pierre, en un sang argenté.

Désarmé, le docteur se tourna vers Timothee. Son regard injecté de sang en disait long sur sa haine de la défaite. Il fit un pas en avant, et fut environné aussitôt par un nuage de cendres qui envahit ses yeux et ses poumons. Catriona s'était placée devant Timothee et avait soufflé sur sa paume.

Ce dernier ne bougeait plus. Pétrifié par cette démonstration des pouvoirs de ses camarades, il s'était réduit au rôle d'appât. Il avait oublié qu'il pouvait agir. Il avait oublié qu'il était présent.

"Maintenant," murmura la petite voix de Jim à son oreille.

Ce fut son instinct qui agit, plutôt que lui. Comme dans son rêve, Timothee se porta en avant et tendit la main. Il la referma sur celle du docteur aveuglé, et exerça une traction, comme pour la lui arracher. Une silhouette translucide, entraînée en avant, se détacha du corps de l'homme qui resta perdu et terrorisé, pris dans une quinte de toux qui l'empêchait de prononcer des paroles claires.

"Non..." forma sa bouche paralysée par le manque de sang, les lèvres grises de cendre.

"Je peux t'offrir l'ultime guérison," sourit Timothee, sa main serrée sur celle du spectre hagard, incrédule de se retrouver de nouveau séparé du corps qu'il hantait. Il chercha des yeux où disparaître ; l'encrier posé sur sa table de nuit, dont il usait pour écrire ses rêves dans son carnet secret, attira son regard. Il n'avait pas le temps de chercher mieux. Alors qu'il disparaissait de la pièce, l'homme au visage cendreux se jeta en avant dans un dernier effort, pour refermer sa main sur la sienne. Il refusait d'être séparé de son spectre, au point qu'il était prêt à le suivre dans l'au-delà.

Mais Timothee ne pouvait pas emmener les humains à sa suite, là où il allait. S'il conservait ses vêtements, c'est que de son environnement matériel, seul ce qui était en contact avec sa peau directement le suivait Et l'homme resta vacillant, ses yeux rougis fixés sur la paume de sa main arrachée. Il tomba à genoux, dans un hurlement rauque, croassant, qui n'avait plus rien d'humain. A quelques pas, la folle pétrifiée, examinée par un James faussement impassible, attendait dans son silence de pierre que les secours soient proches pour reprendre forme humaine. Ce dernier tour de passe-passe bloquait l'hémorragie jusqu'à la dernière seconde. Mais rien ne garantissait qu'elle pourrait être sauvée.

Jim reposa le téléphone et s'approcha de la forme recroquevillée : "Docteur ? Une ambulance arrive, on va aussi s'occuper de vous. Tout ira bien, maintenant."

"Ne m'appelle pas docteur, gamin," murmura la voix sourde. "Hyde. Juste Hyde. Et oui... Tout ira bien."

Une chose n'alla pas bien.

Timothee ne reparaissait plus.

Les jours passèrent... L'enquête suivit son cours. On le déclara disparu, peut-être assassiné. Ses amis étaient suspects, mais rien ne permettait d'impliquer l'un plutôt que l'autre. L'âme avait rejoint sa destination définitive, mais son passeur était resté piégé... l'encrier n'était pas un labyrinthe ; c'était une abysse. Aucune photo à l'horizon, pour regagner le monde matériel. Juste l'ombre opaque et totale. Aucune couleur.

En découvrant cet environnement, au début Timothee marchait droit devant lui dans ce vide, les bras tendus en avant, mais rapidement, le désespoir l'avait terrassé et il s'était effondré. Il restait étendu au sol, les yeux grands ouverts sur le vide dévorant, l'âme pleine d'horreur et le visage trempé de larmes, attendant la mort comme une délivrance. Il sentait bien que la faim et la soif étaient en train de le tuer. C'était le seul objectif qui lui restait, et il se sentait incapable de penser à autre chose.

Jusqu'au jour où une tache de lumière apparut au ciel. Une simple étoile au début, qui s'étendit comme une comète, suivant un cours contrarié. Elle écrivait. A l'envers, en miroir, il réalisa tout à coup qu'elle écrivait son nom.


Sandy Underwood - Children of the Revolution G1


Etait-ce son tour ? La Mort venue le cueillir prenait-elle cette forme, celle d'une de ces couleurs vives qui lui avaient tant manqué ? Il s'éleva vers cette brèche dans les ténèbres et se retrouva projeté dans un salon, inondé de la lumière rasante du soleil couchant. Tout autour de lui, les teintes vives et contrastées mordaient sa rétine.

Un bouquet de lavande au mur. Un crucifix doré au-dessus de la cheminée. Un chat aux taches spectaculaires qui s'étirait sur un petit divan vert amande, entre deux coussins chocolat et vanille. La tête lui tourna et il s'effondra sur le tapis. La vision des fibres qui semblaient s'étendre jusqu'à perte de vue le fascinait. Tressées de mauve, de coquille d'oeuf, de rose, de perle, d'argent... Il perdit connaissance. L'air avait un parfum de bruyère et de pin.

Quelques heures plus tard, il s'éveilla partiellement ; un colosse au sourire gêné attendait au bout d'un lit de drap rugueux, comme s'il se demandait comment se rendre utile. Sa grande forme floue s'écarta sur le passage d'une petite vieille porteuse d'un bol de soupe, qu'il appelait "maman" à travers sa barbe noire. Timothee parvint à manger un peu, ou plutôt à boire, et replongea dans un sommeil plus paisible. A côté du lit, il entendait une main patiente tourner des pages, très lentement. Le chat, roulé en boule contre ses pieds, ronronnait paisiblement.

Sa convalescence dura de longs jours, mais ses hôtes étaient d'une prévenance charmante. Le bûcheron qui l'avait accueilli à son réveil s'éclipsait en journée pour aller au travail, mais revenait religieusement tous les soirs dîner avec sa vieille mère, et s'assurer que "le vagabond" ne lui causait pas de tort.

Mais elle assurait que c'était un miracle : il était exactement semblable au héros de ce manuscrit dont elle avait hérité, trois ans plus tôt, au milieu d'une vieille malle d'affaires de famille sans intérêt. A la seconde où elle avait écrit son nom – elle en parlait avec une cousine sur le Continent, qui réfléchissait à le faire éditer – il était soudain tombé dans son salon, en mauvais état certes, mais elle se ferait un plaisir de le ramener à la vie.




chapter seven - sand


"C'est drôle, mon pote Craig..."
Elenda écoutait son invité parler, en préparant le repas du soir. Elle était charmée par tout ce qu'il disait. Sa présence était le dernier miracle qu'elle verrait dans son temps de vie, elle en était convaincue. Il était la petite lueur d'espoir qui éclairait ses jours faiblissants.
"Il est fan de Claude François. Il dit toujours : faut que l'un de nous meure, et on sera des légendes."
Elle hocha la tête et abandonna son travail pour le rejoindre, posant la main sur son épaule. Il venait d'une époque où les hommes n'aidaient pas à la cuisine, et pourtant il écossait les petits pois ; c'étaient un bon garçon. Et il était en train de penser à ses amis, qui célébraient sans doute son enterrement, avec un cercueil vide.
Il n'avait pas osé consulter les actualités, encore ; elle n'avait aucun accès à internet, et une petite télévision qu'elle n'allumait jamais ; et elle sentait qu'il avait peur de savoir. A quel point il avait été effacé rapidement, à quel point il était loin de chez lui. Combien de temps avait passé.
"Faut reconnaître, il fait sa part. Il roule sans casque."

Ce soir-là, elle lui parlerait d'un autre enterrement. Le moment était venu. Elle le remercia en prenant le saladier.
Depuis son arrivée, il se passionnait pour le manuscrit. Mais il n'était pas ici ; il était chez sa cousine, qui le transcrivait à la machine à écrire. Impossible d'y aller maintenant. La santé de Timothee lui permettait à peine de marcher à travers la maison sans s'appuyer aux murs. Elle le couvait comme la prunelle de ses yeux.

Mais ce soir-là, son chat sur les genoux, au coin de la cheminée, elle commença à lui transmettre ce dont elle se souvenait. Il en avait besoin.
Elle aurait voulu qu'il reste. En lui donnant ce dont il avait besoin, elle courait le risque qu'il parte ; qu'il disparaisse d'une seconde à l'autre, comme il était venu. Mais elle ne l'avait pas invoquée comme un génie pour qu'il la rende heureuse ; et elle n'avait pas le droit de lui cacher qui il était.
Lorsqu'elle commença son récit, elle vit le regard du jeune homme s'éclairer, et elle sut qu'elle avait pris la bonne décision.

"Je me rappelle très bien des premières lignes, pour les avoir lues cent fois. Vous étiez décrit comme un jeune homme de vingt-cinq ans, en deuil, son visage criblé de taches de rousseur dissimulé sous un chapeau à large bord, comme en portent les bergers corses. La lande autour de vous avait l'air irréelle, mais le vent qui venait de la mer vous rappelait que tous les rivages, à travers le monde, sont connectés. Devant vous se dressait le petit village de Port Appin, en Ecosse, et à vos pieds, la fosse creusée dans le sable, sans nom gravé, d'un rebelle proscrit dans le pays. Son corps, embaumé à Paris et ramené par vos soins, descendait dans la terre qu'il n'avait pas pu revoir depuis presque quarante ans."

Timothee s'était immobilisé. Il était silencieux comme la mort. Son coeur battait la chamade.

"Autour de vous se tenaient les autres ; vous étiez sept autour de la fosse de misère. Vous-même étiez entouré d'une dame de soixante ans et d'un homme de quarante-cinq ans, étrange couple mal assorti : l'âge et la vigueur, l'aristocratie et l'aventure, les courbes et la finesse, et deux complexions aussi opposées qu'on peut le concevoir sur l'éventail des possibilités humaines. A les considérer tous les deux, on s'imaginait mieux de quel moule miraculeux, utilisé une fois puis brisé aussitôt, vous étiez sorti. Chose étrange : tous deux portaient l'épée au côté, et en saluèrent le mort qui descendait en terre."

Sept. Toujours sept. Et ces deux-là étaient ses parents. Timothee avait les larmes aux yeux. Ses doigts s'agrippaient aux bras du fauteuil, mais il n'aurait pas pu se lever. L'émotion le rendait aussi faible qu'un petit enfant ; il buvait les paroles de cette inconnue, se cramponnait à sa voix ténue, et remontait vers un semblant de lumière qui lui avait manqué jusque-là, depuis son réveil aux îles Samoa, trois ans plus tôt.

"Les quatre autres tenaient les cordes. Vous connaissiez bien le vieux Corse au visage fermé : c'est lui qui avait veillé à votre éducation. Deux hommes d'âges comparables, de trente-cinq à trente-neuf, se regardaient pour chercher réconfort. Le premier était au faîte de la gloire, et se faisait simplement appeler Gilbert pour ne pas être reconnu ; il était de toutes les révolutions, de toutes les sociétés secrètes, et également de celle-ci. Le second, obscur fils de rien, censé être mort six ans plus tôt et disparu des registres officiels, déserteur des troupes coloniales, était pourtant celui qui semblait le soutenir. Enfin, un enfant de quinze ans, athlétique et haut pour son âge, mais dépassé par la situation, sanglotait tout en travaillant."

"Leurs noms. Elenda, vous devez me dire leurs noms."

"Ils s'appelaient Geneviève de Beaumont, Saint-Georges, Paoli, Lafayette, Villaret et Delamasque. Et celui qui descendait en terre s'appelait Allan Breck Stewart. Ces sept personnes seraient les héros du roman. Le silence fut brisé par Geneviève qui déclara qu'elle avait vendu sa bibliothèque pour pouvoir faire le voyage. Donc, autant descendre à l'auberge et tout dépenser en libations. Elle vous invitait."

En hochant la tête, Timothee se leva et vint s'agenouiller aux pieds de sa protectrice, dans un remerciement éperdu et silencieux. Il posa la tête sur ses genoux, et elle caressa lentement les cheveux crépus, tandis que son chat lui abandonnait la place.

"Dès ce moment, vous êtes devenu le narrateur. Et tout le reste a raconté comment vous en étiez arrivé là. Votre jeunesse en Corse, votre départ à la découverte du monde d'Ancien Régime, votre rencontre des Sept, et les grands bouleversements de la Révolution Française. Jusqu'à ce jour de 1791 où vous avez porté en terre le brave homme qui avait fondé cette société secrète. Le roman commençait et finissait là. Je suis désolée de ne pas pouvoir vous offrir davantage."


"Vous m'avez offert bien davantage que tous ceux que j'ai rencontrés depuis... depuis que je suis dans ce monde," sourit Timothee en relevant le visage. "Et très bientôt, je pourrai consulter ces lignes moi-même. Je sens que la force me revient."

Elenda eut un sourire d'une tristesse profonde : il allait partir. Il allait la rendre à sa solitude. Et si cet intrus ne dormait plus chez elle, son fils ne se sentirait plus obligé de passer la voir tous les jours... Elle aurait pu se plaindre, mais c'était une chose qu'elle ne savait pas faire. Alors, elle se contenta de détourner les yeux, en pinçant ses lèvres minces. Mais Timothee avait fréquenté suffisamment d'âmes pour savoir les lire, même à travers un visage de chair ; celle-ci était si fine... Il se redressa et donna un baiser à la vieille dame, qui, pour la première fois depuis de longues décennies, sentit une rougeur chaude ramper sous la peau de ses joues.

Il n'allait pas la laisser sans un cadeau d'adieu. Il ferait tout ce qu'elle voudrait. Tout ce dont elle avait besoin. Sa main se perdit dans les cheveux blancs.

A l'aube, il se réveilla avec l'impression d'avoir retrouvé la raison. Il savait qui il était. Même sans avoir vu les preuves écrites, il possédait maintenant un témoignage oral qui ne s'effacerait plus de son esprit. Et cette tête blanche qui reposait à ses côtés en était l'auteur. Dans une effusion d'amour, il se tourna sur le côté pour enlacer Elenda et la couvrir de baisers encore une fois.

Il était né en 1766. Sa mère, elle-même escrimeuse émérite, avait assisté à un combat flamboyant entre un bretteur italien de renom, et Saint-Georges, jeune prodige dont la mère avait fui les plantations des colonies, et l'avait confié à un maître d'armes qui l'avait élevé dans un bain de culture parisienne. Il était irrésistible. Il rêvait de devenir chef d'orchestre, composait des pièces classiques et gagnait sa vie, se faisait des amis et défendait son honneur, en se battant publiquement en duel. Elle l'avait enlevé, littéralement, pour lui faire intégrer une société secrète où ses mérites seraient reconnus. Et, alors qu'elle croyait avoir atteint l'âge où l'on n'enfante plus, elle avait pu constater qu'un dernier éclat de printemps subsistait dans son corps d'amazone.

Elenda cligna des paupières, ses cils fins révélant un regard pétillant. Elle lui sourit, réclama un dernier baiser, et ce matin-là, au terme de la plus belle nuit de sa vie, s'éteignit doucement, le front posé contre l'épaule tachetée de son miraculeux léopard.

Elle savait confusément qu'il guiderait son âme là où elle avait besoin d'aller.

Au soir, lorsque son fils arriva, elle était toujours dans le lit de Timothee, nue et couverte d'un simple drap bordé de dentelles, comme les poupées dont les enfants ne savent pas encore s'occuper. Leur invité s'occupait du chat, le regard morne et vide, incapable de dire autre chose lorsqu'il ouvrit la porte que : "Je vous présente mes sincères condoléances."

Comment demander, à présent, l'adresse de la fameuse cousine ? Comment simplement réclamer d'assister à l'enterrement ? Lui qui avait tant craint de se retrouver face à sa propre tombe, c'était une autre qu'il redoutait maintenant : celle dont on le tiendrait écarté, à coups de poing s'il le fallait. Mais la réaction du fils fut pire qu'il ne l'avait imaginée.

"Qu'est-ce que t'as fait à ma mère, saloperie de bougnoule ?"

Timothee lut le meurtre dans ses yeux et sentit qu'il n'avait qu'une seconde pour lui échapper. Adieu, cette demeure dont il ignorait l'emplacement, et qu'il ne retrouverait jamais. Cette demeure où il n'avait pas songé à cacher une photo de lui, pour s'y ménager un retour plus tard. Adieu les ruses, l'opportunisme, les faux-semblants. Et adieu Elenda, qui lui avait donné un mince aperçu de ce manuscrit tant désiré, mais le laissait avec un manque toujours aussi profond dans le coeur.

Il n'avait plus utilisé son pouvoir depuis qu'il s'était fait piéger la dernière fois ; mais il n'avait pas le choix, c'était une question de survie. Il plongea dans le premier tableau à l'aquarelle qu'il aperçut au mur. Les couleurs l'engloutirent, et il disparut de cette maison où il ne reviendrait jamais.

Tout était normal, cette fois. Le labyrinthe émaillé de ses portraits, lumineux dans l'ombre et vivement colorés, s'ouvrait devant ses pas. Il choisit cependant une photo étrange, en noir et blanc, d'une qualité excellente, imprimée sur un papier glacé. Qui avait cela chez lui ? Ses amis éplorés ? Des fans en deuil ? En tout cas, quelque chose lui disait qu'il serait bien reçu. Il reprit pied dans la réalité, et se trouva au beau milieu du cimetière de La Nouvelle Orléans. Face à lui, à côté de cette photo mise sous médaillon au milieu de la stèle, étaient gravées en lettres dorées les paroles de la chanson Cendredi :

"Life is like a box of crayons.
If they had no ends,
you could grasp nothing
and you could write nothing."

Il fut brièvement tenté de repartir dans le labyrinthe, de chercher une photo qui le ferait déboucher loin de là, et de reprendre sa vie à zéro. Mais quelque chose l'en empêcha.

A ses côtés, Armandyn et Emerald, ses amies du groupe, étaient en train de déposer une couronne de fleurs. En le voyant, elles hurlèrent de peur, mais la petite Karisma qui les accompagnait se jeta dans ses bras avec des pleurs de joie. Craig, qui avait préféré attendre dans la voiture, devint pâle comme un linge en le voyant approcher. Ils eurent du mal à comprendre son histoire, mais cette fois, il leur raconta tout.

Et non, il n'utiliserait pas son pouvoir pour braquer des banques. Ils n'en avaient pas besoin ! Comme Craig l'avait prévu, les ventes avaient décollé. Il décida de rendre sa résurrection publique, et de laisser les théories de conspiration booster le buzz de leurs apparitions sur les ondes. Mais il ne souhaita pas rejoindre le groupe en concert. Il restait à La Nouvelle-Orléans, gardait Karisma quand le besoin s'en présentait, et reprenait son métier de médium. Il se fit aussi tatouer une fausse tache de rousseur sur le dos de la main droite, pour avoir toujours un petit point d'encre où disparaître en cas de besoin.

Dans son quartier, on l'appelait Sandy. Il vivait dans un certain anonymat, cultivé mais toujours imparfait ; trop reconnaissable, il tombait régulièrement sur quelqu'un qui voulait savoir quand il reviendrait chanter avec les autres, ou s'il avait été enlevé par les extraterrestres. Il prenait ces rencontres avec patience, mais proposait généralement de faire un tour de magie, faisait mine de regarder l'heure, et disparaissait.





epilogue

Aujourd'hui, Sandy Underwood occupe un petit appartement du quartier Treme, aussi modeste que le premier. Quand il est venu le visiter, la porte s'est ouverte devant lui, le faisant sursauter ; il était en avance, mais l'ancien occupant était encore là. Un étudiant androgyne et timide, du nom de Finley, qui lui avoua être fan de son groupe, et avoir pris la plus grande décision de sa vie en écoutant la chanson Cendredi. Il ne quittait pas l'appartement de son plein gré, il n'avait pas eu le choix. Mais il était heureux de l'avoir rencontré.

Le propriétaire arriva un peu plus tard, et par attachement pour Finley, Sandy signa immédiatement.

A la nuit, il sentit tout à coup une main se promener sur son corps. Il se retourna stupéfait et vit Finley couché dans son lit à ses côtés, un air de remords timide sur son visage encombré de cheveux longs. Il lui avoua qu'il ne savait pas où aller, et puis, maintenant que Sandy vivait là, il espérait pouvoir rester avec lui. Il ferait tout ce qu'il faudrait pour être accepté.

Sandy comprit que c'était un fantôme. Comme presque tous les pendus, il portait au cou les marques sanglantes de ses ongles ; il avait essayé d'arracher la corde, en vain, saisi de remords à l'instant de quitter l'existence. Mais il était trop tard.

Le médium lui proposa de le guider vers un autre monde, mais Finley le supplia de le garder. Alors, Sandy lui avoua quelque chose. Il ne renvoyait pas tous les fantômes. Il lui arrivait même d'accepter des contrats pour eux. Il avait écrit des déclarations anonymes à la police au nom de victimes d'assassinats ; il avait envoyé des lettres d'amour au nom d'amants trop tôt séparés. Il était sensible à ce que lui disaient les morts, comme à ce que lui disaient les vivants.

Le tout premier spectre dont il avait délivré Armandyn, il l'avait conservé, et en prenait soin. C'était un bébé qui ne grandirait jamais, qui n'avait jamais reçu de nom, mais il le reprenait dans ses bras dès qu'il était seul chez lui et n'avait rien à faire. Autant en parler à Finley, il le verrait de toute façon.

Ce dernier devint son colocataire invisible, et ses attentions semblèrent déclencher quelque chose chez le petit spectre muet. Son développement reprit. C'était un étrange spectacle. Petit à petit, Sandy les laissait évoluer à leur rythme et se détacher de lui, conscient qu'un jour, ils disparaîtraient de cette demeure et de ses regards.

L'ultime guérison.

Revenir en haut Aller en bas
Kaël

Kaël


Neutre




Occupation : master of puppets.
Adresse : Tenebris
Messages : 97
Date d'inscription : 05/02/2019

Sandy Underwood - Children of the Revolution Empty
MessageSujet: Re: Sandy Underwood - Children of the Revolution   Sandy Underwood - Children of the Revolution EmptyVen 27 Mar - 20:05

Je crois reconnaître cette plume. evillaugh evillaugh evillaugh Quelque chose me dit que quelqu'un a craqué !! angel

Ravie de revoir ta bouille par ici et ce personnage qui se dessine !! Si tu as des questions tu n'hésite pas, on est là. luv
Revenir en haut Aller en bas
Calypso Rivera

Calypso Rivera





Occupation : Caméléon, Hacker informatique & Trafiquante d'information
Messages : 56
Date d'inscription : 30/01/2020

Sandy Underwood - Children of the Revolution Empty
MessageSujet: Re: Sandy Underwood - Children of the Revolution   Sandy Underwood - Children of the Revolution EmptyVen 27 Mar - 20:11

Hello !! Bienvenue à toi sur le fofo et ptin, quel perso'!

J'ai hâte de terminer son histoire pour en apprendre encore davantage yas1

Have fun et gd luck pour terminer la fichette Wink
Revenir en haut Aller en bas
avatar

Invité


Invité





Sandy Underwood - Children of the Revolution Empty
MessageSujet: Re: Sandy Underwood - Children of the Revolution   Sandy Underwood - Children of the Revolution EmptyVen 27 Mar - 20:14

Olala ! sad 

Ce personnage à l'air si intéressant ! 

Bienvenue par ici ! luv3
Revenir en haut Aller en bas
Sandy Underwood

Sandy Underwood


Neutre




Occupation : détective privé des ombres
Adresse : Treme
Messages : 18
Date d'inscription : 27/03/2020

Sandy Underwood - Children of the Revolution Empty
MessageSujet: Re: Sandy Underwood - Children of the Revolution   Sandy Underwood - Children of the Revolution EmptySam 28 Mar - 13:01

Je m'inspire partiellement des romans gothiques et d'aventure de R.L. Stevenson. Il est possible que l'écriture de cette fiche soit assez longue. C'est pourquoi je l'organise en plusieurs chapitres, j'espère que ça ne vous dérange pas. Ce sera comme un feuilleton pendant quelques jours. Il y aura peut-être sept chapitres, je vais essayer de réduire au maximum.
Revenir en haut Aller en bas
Zakharov Karassov

Zakharov Karassov


Pravus




Occupation : Traqueur d'Abominations, mercenaire solitaire qui arpente les mondes, les dimensions, en quête de contrat et de monstres à découper au fil de sa lame.
Adresse : a été aperçu pour la dernière fois en Alaska.
Messages : 32
Date d'inscription : 29/12/2019

Sandy Underwood - Children of the Revolution Empty
MessageSujet: Re: Sandy Underwood - Children of the Revolution   Sandy Underwood - Children of the Revolution EmptySam 28 Mar - 17:31

Pas de soucis, prend ton temps pour l'histoire, ta plume est un régal, j'ai lu tout ce qu'il y avait jusqu'à maintenant et j'ai qu'une envie, c'est de voir la suite. Sandy Underwood - Children of the Revolution 4098886407
Revenir en haut Aller en bas
Aaliyah Palmer

Aaliyah Palmer





Occupation : Héritière fortunée, propriétaire du Glasshouse. Reine d'une secte sous un voile altruiste.
Messages : 76
Date d'inscription : 03/02/2020

Sandy Underwood - Children of the Revolution Empty
MessageSujet: Re: Sandy Underwood - Children of the Revolution   Sandy Underwood - Children of the Revolution EmptySam 28 Mar - 18:36

Bienvenue ! Ce personnage, tellement original fire Bonne rédaction !
Revenir en haut Aller en bas
Sandy Underwood

Sandy Underwood


Neutre




Occupation : détective privé des ombres
Adresse : Treme
Messages : 18
Date d'inscription : 27/03/2020

Sandy Underwood - Children of the Revolution Empty
MessageSujet: Re: Sandy Underwood - Children of the Revolution   Sandy Underwood - Children of the Revolution EmptyDim 29 Mar - 14:43

Plus que trois chapitres : Lust, Ink, et Sand.
Si le message ne peut pas contenir une telle longueur, je les répartirai entre mon premier et mon second message. Désolé à l'avance pour la mise en page, mais je crains que ce soit nécessaire.
Revenir en haut Aller en bas
Arkhas Vasilios

Arkhas Vasilios


Pravus




Occupation : Il débuta ses premiers pas hors d'Elpida et de sa fatidique chute en tant que VOLEUR, mystérieux justicier volant aux narcos colombiens afin de donner à la fange ce qu'ils méritent, repérer par les dévoreurs d'aubes, il exerce en tant qu'ASSASSIN, bien qu'il aime à s'aventurer en des contrées reculées en tant que chasseurs de chimères, pilleurs de tombeaux, de vestiges sacrés, TOMB RAIDER AU MASCULIN
Messages : 92
Date d'inscription : 02/01/2020

Sandy Underwood - Children of the Revolution Empty
MessageSujet: Re: Sandy Underwood - Children of the Revolution   Sandy Underwood - Children of the Revolution EmptyLun 30 Mar - 19:47

Je dévore au fur et à mesure que les chapitres se font, on dirait un roman. I love you
Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé






Sandy Underwood - Children of the Revolution Empty
MessageSujet: Re: Sandy Underwood - Children of the Revolution   Sandy Underwood - Children of the Revolution Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
Sandy Underwood - Children of the Revolution
Revenir en haut 
Page 1 sur 2Aller à la page : 1, 2  Suivant
 Sujets similaires
-
» Site web de Sandy Underwood, médium indépendant

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
 :: night creatures call. :: fiches de présentations :: welcome to the black party-
Sauter vers: