I imagine death so much it feels more like a memory

history

Avant Afanen il y avait Enya.
Il y a longtemps (pas si longtemps).
Sur une île où il fait trop chaud, mais pas assez pour la faire transpirer. Il faudrait plus que les flammes de Enfers pour cela. Jamais assez. Où bien l'explosion d'une Supernova.
Avant Afanen il y avait Enya. Et avant Enya il y avait qui ?
Des milliers d'existences, encore et encore, enchainées.
Des millions de visages, des milliers de vies, des milliers de morts.
Une existence en combustion permanente, toujours, toujours, jusqu'à ce qu'il n'est plus de matière à cramer.
Un peuple à l'énergie stellaire qui coule dans les veines. Un peuple hors de tout, du temps, dans leur bulle en fusion. Un peuple à des années lumières, qui vivaient en harmonie.
Ou presque.
Avant Afanen il y avait Enya. Avant Enya il y avait Delphine. Avant Delphine il y avait Mael. Avant Mael il y avait, une infinité.

Elle a oublié le jour, où elle s'est écrasée sur Terre. Presque comme un Ange déchu, jeté hors du Paradis. Presque. Mais pas tout à fait.
Des souvenirs de lumières et de flamme. Filer entre les doigts de Sanaël. Garder ce qui lui appartient de droit. Une mort pour une vie. Et quelques souvenirs grappillés, arrachés, gardés précieusement, quand vient l'heure du renouveau.

Avant les Fae il n'y a rien. Que du rouge et du vide, dans ses souvenirs. Avant les Fae, il n'y que du blanc, du silence, et puis des cris.
Parfois elle a cette impression, quelque chose n'est pas à sa place, quand on lace sa robe, serre un peu trop sur les lacets du corsage, (( elle étouffe )). La bague entre ses doigts, l'or froid lui glace le sang. Drustan attend une réponse. Elle n'a pas le choix. (( Elle n'a jamais eu le choix )). C'est une promesse gravée dans leur chaire, l'encre magique qui serpente le long de sa main, assimilable à une laisse, à un collier de chien.
Elle pourrait se persuader d'aimer Drustan. D'aimer ses mots, ses gestes, ses manières. Après tout il est beau. Après tout, elle le connait par coeur. Elle pourrait se persuader d'aimer Drustan, il la traite à peu près bien, pour une humaine. La nostalgie qui fait ça, de frère et soeur d'adoption ils sont devenus mari et femme. Un bon parti, la famille Vanserra, une des plus puissantes du royaume. Quand le roi mourra, Drustan montera surement sur le trône. Et elle à ses côtés.
Afanen la reine des putains.
Afanen la reine des humaines.
Afanen la reine des catins.
Les regards de dégouts des femmes fae sur son passage. Les charmes et enchantements qui glissent sur sa peau, alors qu'elles essayent de la corrompre. Afanen ne se fait plus avoir par tout cela. Plus jamais elle ne mangera de fruit doré. Plus jamais elle n'acceptera le vin. Plus jamais elle ne les laissera l'entrainer danser. (( Ses pieds se souviennent encore de la brûlure de ses semelles élimées )).
Drustan veut un enfant. Il en veut même dix. Peut être même plus. Drustan veut un enfant mais elle n'arrive pas à le lui accorder. Quelque part, au fond d'elle, ça lui semble mauvais, d'accepter de le laisser la prendre comme ça, sans résister. (( Elle ne l'aime pas )). Un enfant, elle n'en veut pas. Pas maintenant, ni jamais. Un enfant, elle n'en a pas besoin.
Le rire d'Arkhas et puis les heures, passées sur la plage à s'entrainer, pour qu'il soit aussi bon qu'elle. Non. Pour qu'il soit meilleur qu'elle.
Enfant volé aux humains. Elle rêve de retrouver sa liberté. Elle rêve de s'évader. Sauter à travers la marre au fond de la forêt, un, deux, trois, une pierre autour du cou pour l'empêcher de remonter. C'est le seul passage à ce qu'il parait. Elle n'hésite pas cette nuit là, Drustan qui dort comme un roi dans leur lit, épuisé par les intrigues de la cour. Pendant un moment elle se sent presque coupable de l'abandonner seul, à son sort.
Il n'a jamais été vraiment méchant Drustan.
Juste la sensation qu'il n'est rien pour elle.
Une âme-sœur qui pleure au loin. (( Elle l'entend un peu plus fort )).
Non, Drustan ne sera jamais cela pour elle. Malgré toutes les promesses, malgré toutes les liaisons, malgré tous les mots qui ondulent sur son corps, serment inviolables gravés à même sa peau.
Elle a enfilé ses chaussures sans un bruit, les Fae ne peuvent pas mentir, mais elles oublient trop souvent que les humains si. Jamais je ne te laisserais, qu'elle a murmuré en l'embrassant, lui contre elle, une dernière fois. Jamais, je te le promet. Et la bague déposé sur un bout d'oreiller alors que bruit de quelqu'un qui plonge dans une marre résonne dans la nuit.

Avant il y avait Afanen. Aujourd'hui il a Liberté.
En fuite dans un monde qui n'a jamais été le sien (( venue des étoiles et a grandit dans les rêves )). Elle essaye. Elle se promet. Elle se jure de ne plus jamais les laisser la capturer.