Anger filling the void | Aaliyah

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Le vent a hurlé, l'orage a tonné, les terres ont craqué : planète sur le chemin d'un vaste tourment. Condamnée par le complot d'entités. Ruines causées par une perte. Si profonde, déchirante. Et maintenant, ébène est l'aube qui surplombe le reg désolé. Le Dévoreur de mondes a dévoré. Mais cette fois, il a laissé germer la vie derrière lui. Paradoxe, théorie de la destruction d'où le renouveau émerge. Ta cage thoracique se soulève pour la première fois. Tes lèvres goûtent à l'accalmie amère, ta peau ressent les dernières étreintes désespérées. Le silence exsangue t'effleure comme un vieil ami chuchote ses secrets. Tu ouvres les yeux sur la colère d'un père trahi. En toi agonise son amour, griffe sa fureur. Brûlent les braises de ses extrêmes émotions. Un regard vers celle qui se lève à tes côté, liées par le cataclysme qui vous a fait naître. La connexion est immédiate et muette. Et sous l'ébène de l'aube, tu t'abreuves du spectacle apocalyptique.



Entrée fracassante sur cette Terre insignifiante. Ces bêtes humanoïdes n'ont de fascinant que leur propension à s'entre-déchirer. Parfaite réserve d'âmes en ces temps de guerre où votre puissance a besoin de rester à son apogée. Vous instillez le doute dans ces esprits étroits, éveillez les dissensions, motivez les représailles. Une âme après l'autre, la corruption de la raison s'étend tandis que vous vous amusez de leurs signes de vénération. Bientôt, des offrandes font appel à votre grâce pour résoudre des problèmes minables. Vous feignez l'intérêt, en profitez pour cracher votre venin. Kaesh et Ekhesh, divinités honorées comme redoutées. Vous vous nourrissez de leur foi aveugle et, quand les avez saigné suffisamment, déployez vos pouvoirs unifiés pour les achever en un banquet final. Laissez filer quelques vermines répandre la peur et qui, plus tard, influenceront les mythes sumériens et babyloniens.



Âge destructeur par excellence, entre batailles rangées et meurtres pour un mot de travers. La folie sanguinaire déployée à son paroxysme. Un terrain épanouissant, si savoureux à ton esprit instable, tant délectable à ton âme animé par la complicité de ta moitié. Vous formez une arme précieuse, gloutonne, s'optimisant toujours plus grâce aux morts en série. Mais aussi un duo indissociable d'où vous tirez votre puissance. Le lien qui a provoqué votre apparition, sacrifié pour une sordide stratégie, a scellé le vôtre. Âmes-sœurs à l'instar de votre créateur et Svetlaël. Union intense à l'image de vos modèles, allant jusqu'à partager votre énergie. Fusion calquée sur les émotions ressentis en cet instant fatidique, impliquant que l'une n'aura jamais à vivre sans l'autre. Désirs carnassiers et volontés implacables vous consument pareillement. Miroir vicié par l'horreur de cette perte que vous n'avez jamais effleurée.

Ennemis dérangés par cette relève qui porte en son existence même la promesse de frapper éternellement. De ne jamais abandonner. Alors on vous a séparées. On vous a dépossédées de votre mémoire, de vous-mêmes. On vous a jetées dans ce coin de l'univers que vous aviez par le passé pillé de vos appétits prédateurs. Vouées à errer au milieu des résidus causés par la disparition originelle. Maudites sur cette Terre exécrée. Le pire châtiment que l'on pouvait vous réserver.



Cycle immuable où vie et trépas ne sont que des phases répétitives. Répétitions dans lesquelles l'oubli en est le rythme, la solitude la mélodie. En mortelle, à chaque fois, tu crois naître. Et à chaque fois, un décalage tu ressens. Cette réalité ne fait pas exception. Ta chair a grandi dans une riche famille de la production musicale, en Angleterre. Ton essence réside toujours en toi, aspirant les moindres miettes de douceur que ce monde t'offre pour les retourner avec fiel. Tes privilèges ne servent qu'à envoûter autrui pour le broyer.

Les crises de colère t'ont noyé durant l'enfance, poursuivant ton adolescence à renfort de tabassages et, enfin, de meurtre. La cuillère en argent avec laquelle tu es née a permis d'étouffer les affaires, de camoufler tes penchants et te sauvegarder de l'accusation. Les années t'ont appris à éructer ta frustration dans un environnement contrôlé. A élaborer une couverture mielleuse.

Impliquée dans des ONG humanitaires à travers le monde, tu te veux une humble alliée contre l'adversité. Tu finis par créer ta propre association pour venir en aide aux plus démunis. Tu uses de ce don inexpliqué te permettant d'aggraver la situation de certains afin de te porter à leurs secours. Progressivement, tu deviens grande prêtresse. Ouvrant un centre d'accueil pour les personnes désireux d'une vie alternative pour tourner le dos à cette société nocive, tu les aliènes, ces paumés suspendus à tes lèvres, ces marginaux rêvant à travers tes yeux. Pour rejoindre ton jardin d'Eden, il n'y a qu'une seule condition : renoncer à ses liens avec le système. Et, implicitement, te prêter allégeance. C'est un aller sans retour. Vous vivez sur un terrain que tu as acheté à l'écart de tout, où se construit une communauté aussi solidaire que conflictuelle. Les émotions n'y sont pas refoulées, jamais : on aime comme on hait. Pas de hiérarchie des sentiments. Laisser libre court à ce qui nous imprègne, accepter ce qui fait du bien, ce qui fait mal. Cependant, l'anarchie n'a pas de place dans ton royaume. Des cérémonies ont lieu pour chaque versant de l'âme. Battez-vous, clames-tu à ceux dont les poings les démangent. Aimez-vous, susurres-tu à ceux dont le bas-ventre s'enflamme.

Secte dont les secrets sont bien gardés par sa réputation bienveillante. Secte que tu décides de déplacer de continent à la recherche de chair fraîche lorsque tes disciples te lassent, lorsque tu juges que des regards insistants se posent sur ton fief. Inconsciemment, c'est ta nature qui te tire vers la Nouvelle-Orléans, une attirance incomprise depuis que tu l'as foulée après ses catastrophes. Officiellement, tu as ouvert deux restaurants : le premier, huppé, reverse ses bénéfices au second qui sert des repas gratuitement aux défavorisés. Derrière les regards indiscrets, tu as acheté un bâtiment afin d'accueillir encore cette cour addict aux libertés que tu offres. C'est dans ce dernier que tu te régales des instincts humains, te posant en émancipatrice pour assouvir tes propres vices. Impératrice de la catharsis.