la der des ders (aurora)

L'odeur du sang. Enfin. Vasily poussa un hurlement de contentement et se mit à courir vers les tranchées. Enfin.

Le loup ne se préoccupait que très peu des conflits humains, des conflits tout courts. Tant que cela ne touchait pas sa famille, rien ne lui importait. Il faisait la sourde oreille lorsqu'on lui demandait son aide. Il n'avait pas à s'immiscer dans les différends d'êtres qui ne restaient qu'un battement de cils sur la Terre. Même s'il feignait une indifférence pour ne pas avoir à choisir de camps dans les querelles idiotes des humains, il ne pouvait pas décemment détourner les yeux des champs de bataille. Cette odeur du sang et de la chair déchirée, des cris, de la peur, du courage inespéré. Il adorait ça.

Vasily s'était glissé en Europe, il avait suivit l'odeur de la guerre, cette trainée qui laissait les femmes en pleurs et les fosses communes débordantes. Vasily n'aimait pas cette partie de la guerre, il préférait le front, la violence était plus simple à maîtriser. Il détestait voir les faibles et la tristesse. Mais il était intrigué, ses enfant lui avaient parlé de nouvelles armes humaines destructrices. De gaz chimiques brûlants, de chars en acier blindé. Vasily soupira, Tyr ne serait pas fier de voir les humains se battre d'une manière si lâche. Où était l'honneur, le Valhalla n'ouvrirait pas ses portes pour des soldats retranchés derrière de la technologie. Où étaient les sacrifices ? Où étaient les incantations, les boissons revigorantes avant l'attaque ? Tout avait disparu au même moment où les chefs de guerre avaient décidé de s'assoir derrière des bureaux le plus loin possible des zones de conflits.

Vasily pestait contre la petitesse de la race humain. En s'ébouriffant, il se remit à courir sous sa forme de loup. Il voyageait de nuit, lorsqu'elle était assez noire pour le cacher aux yeux des mortels. Vasily parcourait des centaines de kilomètres assez facilement lancé à la pleine vitesse. Il était arrivé jusqu'en Belgique sans soucis.

Les tranchées étaient là, silencieuses, sous la lumière laiteuse de la Lune. Vasily connaissait ce calme avant la tempête et il avait hâte que les éclairs et les bourrasques arrivent jusque lui. Cela faisait beaucoup trop longtemps qu'il n'avait pas combattu et son sang de guerrier bouillonnait dans ses veines. En pensant aux affrontements à venir il ne put se retenir d'hurler à la lune. Un cri qui annonçait sa venue dans la bataille et qui avait fait frémir plus d'un de ses adversaires.

Ce cri était pour elle aussi. Celle qui avait peur, celle qui souffrait. Celle dont il ne connaissait rien mais qui l'avait poussé à traverser la moitié de l'Europe pour la retrouver.

Ce cri était surtout pour elle. Pour la rassurer.